Guinée : l’ombre d’une dissolution plane sur le RPG et l’UFDG

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Le bras de fer entre le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD) et plusieurs grandes formations politiques du pays, notamment le RPG arc-en-ciel, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et le Parti du renouveau et du progrès (PRP), est loin de connaître son épilogue. Malgré les démarches engagées pour se conformer aux exigences légales, ces partis restent sous le coup d’une suspension prolongée et s’exposent désormais à une possible perte définitive de leur statut juridique.

À l’origine de cette situation, l’évaluation nationale des partis politiques menée par le MATD, qui a mis en évidence de nombreux manquements aux textes régissant le fonctionnement des formations politiques en République de Guinée. Si plusieurs partis ont obtenu leur certificat de conformité après régularisation, d’autres, parmi lesquels figurent les principales forces politiques traditionnelles du pays, n’ont pas encore satisfait aux critères exigés.

Suspendus une première fois le 20 août 2025 pour une durée de 90 jours, le RPG arc-en-ciel, l’UFDG et le PRP ont vu cette mesure reconduite à l’issue de l’examen de leurs dossiers complémentaires. Selon le MATD, le rapport de la commission chargée de l’analyse a révélé « des manquements substantiels aux textes légaux et réglementaires régissant les partis politiques en République de Guinée, lesquels demeurent non corrigés à ce jour».

En conséquence, la tutelle a maintenu la suspension et accordé un délai supplémentaire de six mois, à compter du 25 novembre 2025, pour une mise en conformité totale. À défaut, ces partis s’exposent à la perte de leur statut juridique, conformément aux dispositions en vigueur.

Des difficultés structurelles et politiques persistantes

Au-delà de la seule organisation des congrès, exigée pour le renouvellement des instances dirigeantes dont les mandats sont jugés expirés depuis plusieurs années, des interrogations subsistent sur la capacité réelle de ces partis à satisfaire l’ensemble des obligations légales dans le délai imparti. Si certains observateurs estiment que six mois constituent un délai raisonnable, d’autres soulignent les profondes difficultés internes auxquelles font face ces formations.

La question des finances apparaît notamment comme un obstacle majeur. La législation impose la présentation de comptes bancaires au nom des partis, de flux financiers traçables ainsi que d’états financiers réguliers, des exigences que le RPG et l’UFDG peinent à remplir, selon plusieurs sources internes.

Depuis son éviction du pouvoir en septembre 2021, le RPG arc-en-ciel affirme manquer de moyens financiers pour organiser son congrès. Les responsables du parti évoquent, entre autres, l’incarcération de certains cadres et l’absence prolongée de l’ancien président Alpha Condé, toujours hors du pays. Du côté de l’UFDG, la situation est également marquée par l’exil de son président, Cellou Dalein Diallo, dont l’absence complique la tenue d’un congrès consensuel.

Recomposition du paysage politique

Ces suspensions répétées alimentent un débat plus large sur l’avenir du pluralisme politique en Guinée. Les dirigeants du RPG et de l’UFDG dénoncent ce qu’ils considèrent comme une volonté délibérée des autorités de la transition d’écarter durablement les partis les plus représentatifs du paysage politique national. Une lecture que récuse officiellement le MATD, qui affirme n’agir qu’en application stricte de la loi.

Toutefois, les faits soulèvent des interrogations. La fragilisation simultanée des principales forces d’opposition traditionnelles intervient dans un contexte de transition prolongée, marqué par la perspective d’une élection présidentielle. Pour certains analystes, une éventuelle dissolution définitive du RPG et de l’UFDG pourrait ouvrir la voie à une recomposition politique dominée par des partis jugés moins représentatifs, facilitant ainsi la mise en œuvre du calendrier politique de la transition.

Dans ce scénario, la présidentielle à venir pourrait se dérouler en l’absence des principaux acteurs historiques, laissant au chef de la transition, le général Mamadi Doumbouya, des adversaires politiquement affaiblis ou peu enracinés sur le plan national. Une hypothèse qui, si elle venait à se confirmer, poserait la question de l’équité du jeu politique et de la crédibilité du processus de retour à l’ordre constitutionnel.

À ce stade, le sort du RPG, de l’UFDG et du PRP demeure suspendu à leur capacité à satisfaire, dans les délais, les exigences légales. Mais au-delà du strict cadre juridique, c’est bien l’avenir du pluralisme politique guinéen qui se trouve aujourd’hui au cœur du débat.

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