Guinée: l’invasion des cosmétiques toxiques et ses dangers cachés (Par Dr Karamo Kaba)

De par leur composition, les produits cosmétiques peuvent nous exposer quotidiennement à des substances chimiques potentiellement dangereuses pour la santé.

Aujourd’hui, l’usage de ces produits est devenu une tendance, un effet de mode, parfois une ambition mal orientée. Ce n’est plus une question de genre : hommes comme femmes y ont recours pour paraître plus clairs et plus « attirants ». Pourtant, les conséquences sur la santé sont graves.

Malheureusement, nous, professionnels de santé, en parlons encore trop peu. Et c’est regrettable, car beaucoup tombent dans le piège de la dépigmentation par ignorance.

Élargir notre champ de sensibilisation pourrait permettre à de nombreuses personnes de faire des choix plus éclairés.

La dépigmentation consiste à utiliser des produits contenant des substances toxiques telles que :
-l’hydroquinone, qui inhibe l’enzyme tyrosinase, responsable de la production de mélanine ;
-les corticoïdes (bétaméthasone, clobétasol),
-les dérivés mercuriels, extrêmement nocifs.

Ces produits, utilisés pour éclaircir la peau à des fins esthétiques, sont détournés de leur rôle thérapeutique et deviennent de véritables poisons.

Au cours d’une discussion, Dr. Saran Camara, pharmacienne, spécialiste en toxicologie à Dakar, a offert un conseil judicieux aux femmes concernant ces produits toxiques en ces termes :
« Chères dames, pour avoir une belle peau, l’hydratation est la base. Il existe de meilleurs laits de corps dont le but est d’hydrater la peau et améliorer sa texture. Par exemple : les gammes Topicrem, la roche posay etc. »

Elle ajoute : « Pour préserver votre peau, veillez à boire assez d’eau, privilégiez une alimentation variée et équilibrée, protégez-vous du soleil et adoptez un mode de vie sain en dormant suffisamment et, si possible, en pratiquant une activité physique régulière. »

Et de conclure avec un message fort : « Mesdames, célébrez la beauté de votre teint noir. Chaque nuance est un reflet de force, d’élégance et de richesse. La lumière ne réside pas seulement dans la clarté, mais aussi dans l’éclat naturel d’une peau noire rayonnante, véritable bénédiction offerte par la nature… »

En Guinée, le service de contrôle qualité est souvent perçu comme obsolète. Il laisse circuler sur le marché des produits cosmétiques dangereux qui ravagent la santé des utilisateurs au quotidien.

Sa mission devrait pourtant être de préserver la santé publique, d’interdire toute substance nocive, et de veiller à ce qu’aucun produit toxique n’inonde nos marchés.

L’inaction de cet organe est une forme de responsabilité : ne pas agir, c’est aussi agir. Les conséquences de la dépigmentation sont nombreuses et souvent irréversibles :

• infections cutanées,
  -vergetures larges et inesthétiques,
  -amincissement de la peau entraînant une mauvaise cicatrisation,
  -odeurs corporelles désagréables surtout par temps humide,
  -irritations chroniques,
  -dépression immunitaire,
  -cancers de la peau,
  -atteintes graves du foie,
  -troubles définitifs de la pigmentation (taches claires ou foncées).

Chez la femme enceinte ou allaitante, ces produits représentent un danger majeur pour le développement du fœtus et la santé de l’enfant.

Face à ce fléau devenu un véritable problème de santé publique, je recommande au ministère de la Santé, de la Sécurité et de l’Environnement de :

1. Renforcer les capacités du personnel du service de contrôle qualité, par des formations linéaires et des outils appropriés.

2. Imposer un étiquetage clair sur les produits cosmétiques prohibés.

3. Contrôler rigoureusement les importations des produits cosmétiques en renforçant systle rôle de la douane et de la gendarmerie maritime pour interdire l’entrée des conteneurs contenant des produits prohibés.

4. Créer une agence mixte composée de policiers, gendarmes, pharmaciens inspecteurs et agents du contrôle qualité, chargée de patrouiller dans les boutiques afin de retirer du marché les produits interdits.

5. Intensifier la sensibilisation auprès de la population ( surtout les femmes ) par des campagnes médiatiques et visuelles illustrant les dangers de la dépigmentation.

Si ces recommandations sont appliquées avec rigueur et professionnalisme, dans quelques mois cette pratique destructrice de la peau ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Les populations prendront conscience des risques et sauront se protéger.

Il suffit juste que cette lutte soit prise comme une priorité absolue du Gouvernement, le problème sera complètement maîtrisé dans un bref délai (la volonté).

Dr. Karamo Kaba
, spécialiste en Santé publique & Prévention

Auteur des ouvrages :
Au prix de la vocation,
Les secrets du couple,
La prévalence des helminthiases intestinales.
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