Guinée : l’année 2023 s’en va avec ses revendications syndicales  et menaces de grève 

il y a 10 mois 141
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Une année finie, une autre commence. Durant l’année 2023, le Mouvement Syndical Guinéen, à l’image des autres secteurs de la vie socio-économique, a connu beaucoup d’événements qui ont marqué la vie nationale.

Dès le début de l’année, le 27 février, exactement, les enseignants contractuels de Kankan sont descendus massivement dans les rues de la ville. Objectif : exiger le paiement de cinq mois de salaire et leur intégration à la fonction publique. Cette marche pacifique s’est déroulée sans jets de pierre ni aucune forme de violence. Cependant, ils ont brandi des pancartes et scandé des slogans très hostiles à l’encontre du ministre de l’Administration du Territoire, et de la Décentralisation, Mory Condé ainsi que de son collègue de l’Enseignement Pré-universitaire et l’Alphabétisation, Guillaume Hawing.

Les cours ont été fortement perturbés dans de nombreux établissements scolaires publics où les contractuels constituaient l’ossature du corps enseignant.

Contrairement aux années précédentes, les cérémonies de la journée internationale du travail le 1er mai 2023, se sont déroulées au stade du 28 septembre.

S’exprimant au nom des travailleurs de Guinée, le coordinateur du mouvement syndical et également secrétaire général de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG), Amadou Diallo a rappelé que la fête est intervenue dans un contexte socio-économique caractérisé par de nombreux défis, parmi lesquels, le non-respect par le gouvernement et les employeurs, des accords tripartites signés avec le mouvement syndical guinéen

Devant les autorités de la transition, c’est un des secrétaires généraux de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG) unifiée, en la personne d’Abdoulaye Sow qui a procédé à la lecture du cahier de doléances dont le contenu s’articule autour des points suivants :

« 1- Compte tenu des économies déjà réalisées suite à l’assainissement du Fichier de Gestion Administrative (FGA), la révision de la Valeur Monétaire du Point d’indice salarial à hauteur de 100% pour toutes les catégories de fonctionnaires, des contractuels permanents et des pensionnés ;

  1. L’engagement de tous les Enseignants Contractuels et les Agents de Santé à la fonction Publique, en vue de résorber définitivement le déficit criard de personnel, dans le secteur Éducatif et de la Santé;
  1. La majoration des indemnités de transport et de logement à hauteur de 500.000 GNF chacune ;
  1. L’application intégrale du nouveau Point d’indice (977) à tous les pensionnés de la Fonction publique ;
  1. La valorisation de la pension de retraite des anciens travailleurs régis par la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (C.N.S.S), à hauteur de 80 % du dernier salaire;
  1. Le rallongement de la prime de départ à la retraite de deux à douze mois ;
  1. Le paiement mensuel et à temps des pensions de retraite;
  1. La facilitation de l’obtention des documents administratifs biométriques (Extrait de naissance, Carte d’identité, Passeport) ;
  1. La révision à la baisse du coût de la Carte grise des engins roulants de toute catégorie et du Permis de conduire) ;
  1. L’opérationnalisation des cotisations à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (soit 18% pour l’État, 5% pour les fonctionnaires et 2% pour les retraités de la Fonction publique) et la mise en place obligatoire du Conseil d’Administration (CA) afin de permettre à l’institution d’assumer pleinement sa mission de protection sociale ;
  1. L’ouverture de négociations internes dans les secteurs privé et mixte en vue de permettre la valorisation du Salaire ;
  1. Le respect des Droits des travailleurs dans les Établissements Publics à Caractère Administratif (E.P.A);
  1. L’établissement de Conventions Collectives de Branche dans toutes les entreprises qui n’en disposent pas et la révision de celles qui sont obsolètes ;
  1. L’arrêt des mesures disproportionnées relatives à l’application des contraventions à l’encontre des conducteurs;
  1. La formalisation de l’activité de « Taxi moto » pour:

– solutionner le chômage endémique des jeunes diplômés sans emploi ;

– faciliter la mobilité à Kaloum et réduire les tensions entre les agents de Police et les conducteurs.

  1. Le jumelage de la visite technique des véhicules à leur réparation avant livraison;
  1. L’arrêt des tracasseries routières sur les axes urbains et interurbains;
  1. Le renforcement des mesures de sécurité des citoyens et de leurs biens, sur toute l’étendue du territoire national;
  1. Le rétablissement du Conseil Économique, Social, Culturel et Environnemental (C.E.S.C.E), à l’instar des trois autres pays en Transition (Mali, Burkina Faso, Tchad) et la régularisation de la situation administrative de tous les travailleurs des Institutions Républicaines et étatiques.
  1. La poursuite des concertations, de façon inclusive entre tous les Acteurs de la vie politique, économique et sociale, en vue de préserver la justice et la paix, dans notre pays ;
  2. La ratification, par la République de Guinée, de la Convention C.190 de l’Organisation Internationale du Travail (0.I.T) sur la violence et le harcèlement, dans le Monde du Travail».

Pour terminer,  Abdoulaye Sow a laissé entendre que la satisfaction intégrale de ce cahier de doléances est un gage de la paix sociale.

Le 18 juillet 2023, le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique (SNAESURS) a entamé une grève générale illimitée dans toutes les Institutions d’Enseignement Supérieur et de Recherche. Même si, au même moment, le secrétaire général du SNAESURS, Lansana Yansané disait être ouvert au dialogue, alors que, accusait-t-il, la ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Dr Diaka Sidibé, a fermé toutes les portes aux négociations.

Le jeudi 31 août 2023, la fixation de la date du concours de recrutement des enseignants contractuels à la fonction publique avait divisé l’État et le syndicat. Les parties n’avaient pas pu s’entendre sur la question, malgré la médiation de l’Inspection Générale de l’Administration Publique (IGAP) et l’Inspection Générale du Travail(IGT), qui ont proposé les dates ci-après : les 24, 25 et 26 novembre 2023.

Le 29 septembre 2023, les négociations tripartites entre le mouvement syndical, le gouvernement et le patronat ont enregistré une légère avancée, au ministère du Travail et de la Fonction Publique.

En effet, le gouvernement qui avait initialement proposé une augmentation salariale de 15% pour les fonctionnaires et les retraités, a revu son offre à la hausse, la portant désormais à 20%. De leur côté, les syndicats ont également accepté de réduire leurs demandes d’augmentation à 90%. Le point de blocage relatif à la proposition de la date de concours pour le recrutement des enseignants contractuels de l’Etat, a été définitivement tourné.

Le mardi 10 octobre 2023, le mouvement syndical guinéen, par le biais de sa commission des négociations tripartites (Syndicat-État-Patronat), a tenu une assemblée générale extraordinaire à l’intention des travailleurs des secteurs public, privé et mixte. L’objectif principal était de revisiter les négociations tripartites en cours au ministère du Travail et de la Fonction Publique, qui ont duré plus de trois mois.

Le mercredi 1er novembre 2023, dans une déclaration rendue publique, des membres du bureau exécutif du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), ont appelé à l’organisation d’un congrès. Ce n’est pas tout, ils ont réclamé le départ du secrétaire général Aboubacar Soumah et l’unification des deux factions du SLECG.

Le 7 novembre 2023, le mouvement syndical guinéen a déposé un préavis de grève générale illimitée, sur toute l’étendue du territoire national.

Le lendemain 8 novembre 2023, suite à ce préavis de grève générale illimitée, les secrétaires généraux des centrales syndicales ainsi que les membres de la commission syndicale des négociations ont été conviés à une réunion par le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé.

Le 15 novembre 2023, le Gouvernement, le syndicat et le patronat sont parvenus à un accord qu’ils ont signé tard dans la nuit, au ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.

En effet, pour ce qui concerne l’augmentation des salaires des fonctionnaires à 100% comme l’exigeait le mouvement syndical, les parties ont convenu de revaloriser la Valeur Monétaire du Point d’indice  (VMPI) à hauteur de 35% et de sa  mise en vigueur au 31 décembre 2023, pour toutes les catégories de fonctionnaires et pensionnés de l’Etat.

Cette majoration sera payée comme suit : 20% à partir de fin janvier 2024, 5% à partir de fin juillet 2024, 5% à partir de fin décembre 2024 et 5% à partir de fin Juillet 2025.

En ce qui concerne les indemnités de logement et de transport, les parties ont convenu de revaloriser et d’uniformiser ces indemnités à hauteur de 450  000 GNF. Chacune payable à partir de fin janvier 2024.

Cette année 2023 laisse le Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), totalement divisé.

Le vendredi 15 décembre 2023, après Kadiatou Bah, Aboubacar Soumah aussi s’est fait réélire pour un nouveau mandat lors du septième congrès électif du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) qui s’est tenu, à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC).

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