Guinée : huit mois de pluies anéantissent les récoltes et coûtent 16 milliards aux agriculteurs du Fouta

il y a 9 heures 46
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La région du Fouta Djallon fait face cette année à un épisode climatique inédit. Alors que la saison des pluies s’étend traditionnellement d’avril à octobre, l’année 2025 aura enregistré huit mois consécutifs de précipitations, du 15 mars au 15 novembre.
Cette prolongation exceptionnelle, marquée par des pluies intenses d’inter-saison entre le 1er et le 15 novembre, a fortement perturbé les activités agricoles, causant des pertes estimées à plus de 16 milliards de francs guinéens.

Dans la commune rurale de Timbi-Madina, les dégâts sont particulièrement lourds. Les pluies persistantes ont provoqué l’inondation des bas-fonds, submergeant des hectares de pommes de terre en pleine maturité.

Interrogé, Mamadou Lamine Diallo, président de la délégation spéciale de Timbi-Madina, explique :
« Habituellement, le début du mois de novembre correspond à l’inter-saison pour les producteurs de pommes de terre. Les cultures plantées pendant l’hivernage arrivent à maturité, et certains producteurs relancent une nouvelle culture. Mais cette année, les pluies ont inondé les bas-fonds pendant dix jours. Les pommes de terre prêtes à être récoltées ont pourri sous l’eau. Quant aux nouvelles semences, elles ont été complètement lessivées, tout comme les engrais et les fientes, emportés vers les marigots. »

Il rappelle également que la Fédération des paysans du Fouta avait importé des semences de pommes de terre depuis la France, auxquelles s’ajoutaient plusieurs camions de fientes achetés par les producteurs :
« Tous ces intrants ont été entraînés dans les cours d’eau. Nous n’avons pas encore fini l’évaluation, mais pour l’heure, les pertes sont estimées à plus de 16 milliards de francs guinéens », déplore-t-il.

Dans la localité de Soumbalako, préfecture de Mamou, les dégâts ne se limitent pas à la culture de la pomme de terre. Les pépinières d’aubergines, de tomates et de piments ont également été dévastées par les fortes pluies.
Boubacar, un habitant de Salliya, témoigne : « les eaux ont envahi les bas-fonds où se trouvaient les pépinières. Toutes les pépinières d’aubergines, de piments et de tomates ont été détruites. Les pertes sont énormes. Une boîte de semences d’aubergine coûtait 350 000 GNF, et plus de 100 personnes cultivent l’aubergine dans la zone. »

Entre les semences importées, les intrants agricoles perdus, les cultures pourries et les surfaces à ressemer, les conséquences sont lourdes pour les producteurs du Fouta Djallon. Beaucoup redoutent une hausse des prix des légumes dans les semaines à venir, ainsi qu’une baisse significative de la production maraîchère, pilier économique de plusieurs localités.

Face à ces phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles, une réflexion urgente s’impose sur les effets du changement climatique et la nécessité d’adapter les pratiques agricoles.

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