Guinée : ce que préconisent des journalistes pour contrecarrer les rumeurs 

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Depuis quelque temps, la Guinée est en proie à une recrudescence de rumeurs qui se propagent à une vitesse fulgurante. A l’ère des médias sociaux, ces rumeurs ont pris une ampleur inégalée. Les médias traditionnels constituent les derniers remparts contre ces rumeurs. Des journalistes expérimentés, interrogés par Guineematin.com à travers un de ses reporters, ont exprimé leurs préoccupations face à ces rumeurs qui n’épargnent plus les médias, censés les vérifier.

Le doyen Alpha Kabinet Doumbouya, ancien directeur général de l’Agence guinéenne de presse (AGP) et Aboubacar Alghassim Diallo, dit Abou Bakr, expriment des avis divergents sur les principales causes de cette situation. Si le premier accuse certains communicants et internautes d’être à la base des rumeurs, le second met en cause la fermeture de certains médias par les autorités militaires.

Selon Alpha Kabinet Doumbouya, les réseaux sociaux représentent le principal vecteur de diffusion des rumeurs ce, grâce à la prolifération des smatphones.

Alpha Kabinet Doumbouya, journaliste

« Cela relève de l’historique et de l’évolution des médias dans le monde. Aujourd’hui, les gens ont la possibilité d’utiliser leurs appareils pour diffuser l’information, des mains non expertes, des voies non autorisées qui distillent des informations selon leur tempérament ou selon leur ressenti par rapport au quotidien. Mais, il est à préciser que, parlant de l’évolution des médias, l’information n’appartient qu’aux professionnels. Le journaliste va à la recherche de l’information. Il recueille, il traite puis diffuse. Il est amené à répondre à un certain nombre de questions qui sont : qui a fait quoi, où, quand, comment et pourquoi. Malheureusement, l’outil informatique nous crée assez de difficultés au point qu’à un moment on s’interrogeait quel serait l’avenir de la presse écrite dans notre pays. Au-delà des questions que le journaliste se pose, il y a ce qu’on appelle la responsabilité du journaliste. Cette responsabilité repose sur deux paliers à savoir : l’éthique et la déontologie », a-t-il expliqué.

Pour lui, c’est par simple imitation que les non journalistes s’adonnent à ce travail pour créer du buzz pour atteindre leur objectif. Mais à l’en croire, cette recrudescence n’a rien à voir avec la fermeture de certains médias du pays. « C’est le mimétisme. Vous savez, les gens ont beaucoup de considération pour le journaliste. Le public nous voit comme des hommes particuliers. Par simple imitation, comme la technologie permet aujourd’hui à monsieur tout le monde d’utiliser son appareil pour imiter les journalistes, ils peuvent mettre ce qu’ils veulent. Mais, le vrai journaliste qui est à la recherche de l’information, même s’il tombe sur ça, il ne prend même pas avec les pincettes, il va vers les sources. Car une information sans source fiable n’est pas une information. Peut-être que les décideurs ont leur raison. Nous souhaitons que cela trouve un dénouement heureux et rapide. Mais dire que c’est lié à la fermeture des médias… Je vous dit que nous sommes à l’ère de la révolution numérique. À chacun son centre d’intérêt », a souligné Alpha Kabinet Doumbouya.

Pour sa part, Aboubacar Alghassim Diallo, dit Aboubacr, ancien du groupe de presse Lynx/Lance/Lynx FM, pointe du doigt la fermeture des médias traditionnels comme facteur clé de la propagation des rumeurs. Depuis plusieurs mois, la Guinée a vu disparaître plusieurs stations de radio et chaînes de télévision pour des raisons politiques. Or, selon lui, la nature a horreur du vide.

« À mon avis, il y a deux raisons fondamentales qui favorisent cette situation. La première raison, c’est que nous sommes à l’ère de la nouvelle technologie de l’information et de la communication. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on a point besoin d’être journaliste pour faire vivre l’actualité. La preuve en est que les plus grands drames et événements mondiaux de ces 10 dernières années ont été d’abord relayés par les caméras amateurs. Ils sont devenus les concurrents sérieux des journalistes traditionnels. Ils sont plus prompts à donner des informations, vu la proximité. Ça, c’est une évidence. On ne peut pas lutter contre. La deuxième raison pour coller au cas guinéen, Il faut noter que depuis un certain moment, les médias traditionnels : les radios et les télés qui relaient les informations, qui ont des journalistes qui se déplacent d’un point A à un point B ne sont plus audibles dans le pays. Pourtant, ce sont ces médias qui donnaient les informations en live, qui recoupaient et qui appelaient les personnes proches de l’événement. Ils ne sont plus là. Et la nature a horreur du vide », estime le confrère.

Face à cette situation, Aboubacr invite les journalistes à toujours recouper l’information prise sur les réseaux sociaux avant diffusion. « Et aujourd’hui, on ne peut pas contrôler le contenu des réseaux sociaux. Tout le monde se fait plaisir. Il suffit d’être témoin d’un événement pour le relayer. Aujourd’hui, force est de reconnaître que la presse traditionnelle est confrontée à cela : les rumeurs, les fake news. Le journalisme a évolué, c’est vrai. Il y a les outils mis à disposition qui ont évolué, mais les fondamentaux de la profession restent les mêmes. On nous enseigne dans les écoles de journalisme et dans les rédactions qu’il faut toujours recouper l’information avant de la diffuser. Il ne sert à rien de se précipiter et donner des informations qui après sont démenties. Un média crédible qui est démenti il y perd sa crédibilité », a-t-il laissé entendre.

En ce qui concerne les blogueurs et communicants reconnus sur les réseaux sociaux, Abou Bakr propose l’organisation de séances de formation à leur intention pour atténuer leurs impacts négatifs sur la société.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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