Grande Mamaya de Kankan : un événement culturel qui rime avec développement (immersion dans l’édition 2025)

Organisée au lendemain de la fête de Tabaski pour une durée de 3 jours, la grande Mamaya de Kankan attire chaque année une foule impressionnante. Des milliers de personnes (ressortissants, touristes et curieux) s’y rendent pour participer à cet événement culturel majeur.

Depuis 2023, c’est le Sèdè Dandiya N°4 qui est en charge de son organisation, pour un mandat de cinq ans. À moins d’un mois de l’édition 2025, les répétitions s’enchaînent à Conakry, au Chapiteau by Issa, où les organisateurs travaillent à perfectionner les mouvements des anciens danseurs et initient les nouveaux venus.

Mais la Mamaya se limite-t-elle uniquement à son aspect festif ? Que représente-t-elle réellement pour le développement de la région de Kankan ? Pour répondre à ces interrogations, nous avons rencontré le Sèdè Kounti de Dandiya N°4.

Selon Mamadou Diana Kaba : « La Mamaya est au service du développement communautaire. Avant nous Sèdè Dandiya N°4, ceux qui nous ont précédé, ont pu donner à Kankan une morgue, beaucoup de salles de classe, beaucoup de forages, même les deux portiques de « Bienvenue » qui étaient à l’entrée de Kankan, vers Kouroussa et vers Siguiri, c’est les Sèdè qui ont donné ça à la ville de Kankan. Quand la notabilité de Kankan nous a accordé la place publique pour un mandat de 5 ans non renouvelable, nous nous sommes assignés 13 objectifs, parmi lesquels nous avons réalisé le grand cimetière de Madina un quartier populaire de Kankan, nous avons fait la clôture du cimetière à peu près à un kilomètre carré et nous avons renouvelé totalement la deuxième grande mosquée de Kankan, la mosquée de Farako. Nous avons donné 24 forages à la préfecture de Kankan, dont deux ont été offerts à Siguiri et un forage à Dogomet dans Dabola. Nous avons 13 projets que nous allons atteindre. Le jour où nous devrons quitter la place publique, ce jour-là, nous voulons que ces 13 projets soient réalisés ».

Au-delà des actions sociales et communautaires, la Mamaya constitue également une véritable opportunité économique pour les jeunes et les entrepreneurs locaux. Elle génère de nombreuses activités génératrices de revenus, notamment à travers l’organisation d’une foire artisanale :

« Quand on a eu la place publique lors de la première édition de la grande Mamaya en 2023, pour la première fois à Kankan, nous avons organisé la foire de la Mamaya et l’année passée nous avons organisé la même foire, cette année ça se fera. Les artisans locaux sont invités à venir assister et à vendre leurs produits. Et cette année, nous avons les Maliens qui ont sollicité avoir des stands pour vendre leurs produits et nous faisons la promotion des produits locaux. Si vous voyez même le Sèdè Dandiya N⁰4, notre habillement, on le fait avec l’association des femmes teinturières pour que chacune d’elles puisse avoir des profits ou des produits après la Mamaya. Tout ce qui est travaux d’aménagement du stade, nous prenons les jeunes de Kankan. Et l’année passée, quand nous avons organisé l’assainissement, il y a une association à Kankan des jeunes femmes qui font ce travail, on a signé un contrat avec eux et voilà ils ont profité pendant les trois jours. »

Du côté vestimentaire, trois tenues sont prévues pour les danseurs : le bazin bleu d’azur communément appelé Baha, le bazin blanc, et le Kendéli. Mamadou Diana Kaba explique le choix du Kendéli comme troisième tenue :

« Lorsque nous avons eu la place publique en 2023, on s’est inspiré de notre classe d’âge. Le président de la République qui est aujourd’hui le père de la nation, quand il avait pris ses responsabilités, il avait dit parmi les priorités de la transition, la refondation, la réconciliation. Alors, notre première année, en 2023, on est allé avec la Forêt. La région d’honneur, c’était la Forêt. L’année passée, la région d’honneur c’était la Moyenne Guinée et cette année, c’est la Basse Côte. »

À Kankan, berceau de la Mamaya, les soutiens au président Mamadi Doumbouya, originaire de la région, se multiplient. Comme chaque année, il est attendu pour célébrer l’événement. Récemment, une rumeur évoquait un possible allongement de la Mamaya à cinq jours, dont deux en l’honneur du chef de l’État. Une hypothèse que le sèdè kounti balaie d’un revers de main :

« La grande Mamaya de Kankan, ce n’est pas nous qui décidons, c’est la notabilité. C’est trois jours, c’est-à-dire le lendemain, le surlendemain et le jour suivant de la fête de Tabaski. C’est ce que nous nous connaissons. Mais dire cinq jours de Mamaya, non. C’est trois jours. Les trois jours sont très clairs », a martelé Mamadou Diana Kaba.

Rendez-vous donc le lendemain et les deux jours suivants la fête de Tabaski, au stade M’Ballou Mady Diakité de Kankan, pour vivre cet événement culturel exceptionnel qui va bien au-delà de la danse.

Ahmed Sékou Nabé

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