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A un arrêt bus, à Kaloum, nous tombons, de façon impromptue, sur un débat animé, que tiennent des citoyens. Le sujet porte sur l’actualité du moment : l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie. Parmi les tribuns, un ‘’ancien’’, qui a vécu l’histoire de notre pays, de l’indépendance à nos jours. Les arguments qu’il avance, retiennent notre attention, au point que nous saisissons l’occasion pour obtenir qu’il nous accorde un bref entretien, à partager avec vous. C’est tout d’abord, de son dépit qu’il nous parle : « Laissez moi vous dire que depuis cette tragédie, je souffre d’insomnie soutenue. Ce mal ne me quitte pas. Il est enfoui dans tout mon corps. Ce qui n’est pas bien pour moi, à mon âge. La nuit entière, des séries de questionnements repassent en boucle, dans ma tête. Ces bourdonnements sans arrêt, meublent mes nuits blanches. Je suis très troublé, depuis cette explosion. Sans doute, parce que je n’ai pas trouvé de réponses toutes faites aux multiples interrogations qui m’assaillent. »
De quelles interrogations voulez-vous parler ?
« Vous savez, quand vous tentez d’expliquer certaines choses, même les plus simples, qui ont trait à la vie courante, vous en arrivez, souvent, à faire des comparaisons. C’est comme ça qu’on peut mieux vous comprendre.
Ainsi, moi qui vous parle, grâce à dieu, j’ai vécu tous les évènements majeurs qui ont fortement impacté la vie de notre pays : l’agression du 22 novembre 1970, la révolte des femmes, le 27 août 1977, le tremblement de terre de Koumbia (Gaoual), en décembre 1983, les attaques rebelles en 2000, la mutinerie des 2 et3 février 2006, les évènements de mars 2007 et du 28 septembre 2009, les nombreuses manifestations, d’ordre politique ou social qui ont troublé l’ordre public, à des degrés divers.
Aussi graves, soient ils, tous ces évènements qui ont marqué notre histoire n’ ont chacun, duré que quelques heures ou quelques jours, hormis les attaques rebelles. Quant à ce dernier en date, il n’a duré que le temps que la déflagration se produise (moins d’une seconde). Cela a suffi pour que, sur un large rayon, se produise autant d’effets graves, directs et collatéraux que ceux , humains et matériels, qui ont été enregistrés. »
Si, on vous suit bien, vous voulez dire qu’aucun des ‘’tourments’’ majeurs que notre pays a connu, ne se compare avec cette explosion du dépôt d’hydrocarbures. Sur quoi, fondez-vous votre affirmation ?
« D’abord, du point de vue des conséquences à court, moyen et long terme. Mais aussi, en termes de retentissements, sur le plan économique et social. Les deux, pouvant irradier d’autres secteurs porteurs de risques ou à tout le moins, de conséquences dommageables pour le pays.
En comparaison avec l’explosion du dépôt d’hydrocarbures, aucun des évènements antérieurs que le pays a connu, n’a eu, exactement, le même retentissement. Celui actuel, va sûrement se disséminer dans toutes les composantes de la vie quotidienne. Son retentissement est plus grand. Il se propage dans tous les secteurs de la vie nationale. »
Et notre interlocuteur de poursuivre: « Pour moi, sans aucune exagération, cette explosion est un fait dommageable, des plus graves, sinon même le plus grave, que notre pays ait jamais connu. Ses conséquences sont illimitées et vous verrez qu’elles vont s’échelonner, sur le long terme. Ainsi, il n’est pas exclu qu’on continue, longtemps encore, d’en ressentir les effets. Au plan social, économique et autre. Notre époque est largement tributaire du carburant, sans lequel tout s’arrête dans chacun des pays, à travers le monde. C’est à une réelle asphyxie qu’on s’expose. Voilà pourquoi, aucun pays ne va délibérément s’exposer à un tel risque.»
Avec une pointe de nostalgie dans la voix, il conclue son speech : « l’illustration de mon propos est observable à chaque lever du jour. Depuis l’explosion du dépôt et le manque de carburant qui a suivi, regardez autour de vous les matins et ouvrez bien les oreilles. Vous ne voyez que peu de véhicules et conséquemment, vous n’entendez plus, ou presque, de bruit dans la rue. On en arrive à regretter le vacarme de la circulation, les coups de klaxon, les vrombissements des véhicules, les pétarades des motos… Tout ce qui donne vie à la cité, lui confère du charme et agrémente son quotidien.»
Gageons que cette situation va être circonscrite au plus vite, pour n’être bientôt qu’un lointain souvenir. D’ici là, ce que nous vivons en ce moment, est déjà bien triste et surtout, très difficile. Et ça donne à réfléchir !