Enlèvement de Sadou Nimaga: « J’ai toujours douté de l’existence d’enquêtes dans cette affaire » (Me Traoré)

il y a 3 heures 17
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Plus d’un mois 10 jours, on est toujours sans nouvelles de Sadou Nimaga. L’ancien secrétaire général du ministère des mines et de la géologie a été enlevé le 17 octobre 2024 par des ravisseurs à visage découvert au sortir de l’hôtel Kaloum.

Dans une interview qu’il a accordée à Mosaiqueguinee.com, l’avocat de Nimaga confie qu’il a toujours douté de l’existence d’une enquête à propos de cet enlèvement ainsi que celui de Foniké Menguè et de Billo Bah. Me Mohamed Traoré a aussi évoqué dans cet entretien les actions qu’il compte entreprendre. Il répond aux questions de Mohamed Bangoura.

Interview !

Mosaiqueguinee.com : Sadou Nimaga a disparu depuis un mois 10 jours ? Où en sommes-nous dans les enquêtes ?

Me Mohamed Traoré : C’est en effet le 17 octobre qu’il a été enlevé. En ce qui concerne les enquêtes, je me demande si il y en a vraiment. J’ai toujours douté de l’existence d’enquêtes dans cette affaire. Mais il fallait faire semblant d’y croire. Autant, il n’y a pas d’enquêtes dans le double enlèvement et la disparition de Oumar Sylla dit Foniké Menguè et de Mamadou Billo Bah, autant il n’y en a pas au vrai sens du terme dans le cas de Saadou Nimaga. S’il y avait des enquêtes, j’aurais été, en tant qu’avocat, l’un des tous premiers à le savoir. Quant à la question de savoir pourquoi il n’y a pas d’enquêtes, je n’en sais absolument rien. Mais je pense que le ministère de la Sécurité aurait pu faire au moins un communiqué comme il l’a fait par rapport à l’enlèvement de l’opérateur économique Alhassane Diallo. En ce qui concerne Saadou Nimaga, hormis le communiqué du procureur général près la Cour d’appel de Conakry dont on peut douter d’ailleurs qu’il émane vraiment de lui, aucune déclaration officielle n’a été rendue publique. En fait, le communiqué du procureur général n’avait d’autre but que d’exonérer l’État au regard de certains témoignages accablants qui mettaient en cause des agents publics.

L’ancien fonctionnaire reconverti dans le conseil a-t-il été enlevé en raison de ses activités professionnelles ou paie-t-il les frais de sa proximité supposée avec l’ancien président, Alpha Condé ?

Puisqu’on ne sait pas où il se trouve et qu’il est impossible de lui assurer de son avocat vu qu’il s’agit d’une procédure extrajudiciaire, on ne sait absolument rien des raisons qui justifient son enlèvement.

Après l’audition de son chauffeur par les OPJ, d’autres personnes ont-elles été interrogées par les enquêteurs ?

Lorsque son chauffeur et son épouse avaient été entendus par des officiers de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, la famille y avait vu une lueur d’espoir. Mais en dehors de ces deux actes, aucun autre n’a été posé. On s’attendait au moins à ce que la police entende la ou les dernières personnes qui l’ont vu au niveau de l’hôtel Kaloum, procède à un transport sur les lieux et « interroge » les caméras de surveillance. Aussi étonnant que cela puisse paraître, rien de tout cela n’a été fait. Pour quelle raison ?

L’enlèvement de Sadou Nimaga a été suivi de celui d’un opérateur économique. Bien avant, Foniké Menguè et Billo Bah avaient été enlevés. Que vous inspire ces différentes disparitions de citoyens Guinéens ?

Il est clair que la psychose s’installe dans la cité. Chacun doit se dire actuellement qu’il est susceptible d’être enlevé à tout moment et pour n’importe quel motif. C’est peut-être l’objectif que visent ceux qui agissent ainsi c’est-à-dire inspirer la peur à tout le monde. Je dois dire que c’est presque réussi car tout le monde se méfie désormais.

Que comptez-vous faire ?

Puisque les cas d’enlèvements et de disparition se multiplient, je pense qu’il est temps que les avocats constitués par les familles des personnes enlevées mettent en place un collectif afin de mener des actions communes tant sur le plan judiciaire que sur le plan médiatique. Ce sera aussi une manière pour ces avocats de se protéger eux-mêmes dans la mesure où rien, dans cette situation, ne doit être pris à la légère ou exclu.

Merci à vous Me Traoré !

Interview réalisée par Mohamed Bangoura

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