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L’ancien ministre de la Sécurité et ancien gouverneur de Labé, Elhadj Madifing Diané rejette l’information selon laquelle un mandat d’amener a été décerné contre lui par la justice dans le différend sur la présidentielle de 2010 qui l’oppose à l’UFDG de Cellou Dalein Diallo.
Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu accorder vendredi, 19 avril dernier, à MediaGuinee, à son domicile de Mafanco, le célèbre et grand flic guinéen a affirmé n’avoir jamais refusé de répondre à une invitation de la Justice, indiquant que c’est plutôt l’UFDG qui le fuit. Entretien…
Mediaguinee : La défense de l’UFDG dit qu’un mandat d’amener a été décerné contre vous pour refus répété de vous présenter au procès. Etes-vous au courant de la décision ?
Elhadj Madifing Diané : Ce qui est décevant, c’est la qualité des personnes qui, consciemment ou bien sur la base d’autres, ils acceptent de diffamer les gens rien que sur des mensonges. Le problème qui est posé n’a aucune valeur, il n’est pas pénal, c’est une affaire civile. Et puis, l’indépendance dans la communication est consacrée dans ce pays. Le droit de communiquer est dépénalisé. Même s’il y a diffamation dans une déclaration, si elle peut être punie, elle ne peut être punie que par une amende. Mais tout ce que j’ai rapporté, il est fondamentalement vrai que ceux qui s’agitent, qui sont les plaignants, ils étaient présents le jour qu’on a rejeté à une date ultérieure le second tour de la présidentielle de 2010 qui a fait 4 mois 10 jours entre le premier tour et le second tour. Je précise que nous sommes en 2010. Ils étaient tous présents à la CENI [Commission électorale nationale indépendante]. Sur la base des contestations frauduleuses et sur la menace qui pesait sur la population guinéenne qui allait droit vers une guerre civile si les choses n’étaient pas au clair, la communauté internationale a accepté de renvoyer le second tour à 4 mois 10 jours au lieu de deux semaines. Tous les éléments qui ont été déposés à la CENI, ils les ont vus. Tout ce qui a été dit à la CENI par rapport à la situation, ils l’ont entendu. Ce qui est regrettable, que des qualités des personnes comme ça, de façon éhontée cherchent à diffamer, cherchent à mentir, cherchent à faire croire ce qu’ils désirent comme vérité. Moi je n’ai jamais refusé d’être à la justice. Au contraire, ce sont
eux qui fuient mon contact à la justice. Quand je viens, ils ne sont pas là, quand je quitte, ils viennent. Mais les responsables de ce tribunal, tous m’ont vu pendant tous les jours qui ont été nécessaires à venir. Je suis allé les voir, ils m’ont vu. J’ai même demandé conseil par rapport à cette situation et j’ai continué de venir. L’avant-dernière convocation était le 11 passé, le lendemain de la fête. Je suis venu de 8h et demi jusqu’à midi et demi. (…) Ils ne sont pas venus à la date du 11, j’étais d’ailleurs le seul et je suis rentré après. Par simple intuition, je me dis si l’audience n’a pas eu lieu le 11, il est possible qu’il ait lieu le 18. Parce que c’est les jeudis que je vois qu’ils ont comme jour d’audience me concernant. Je suis donc venu hier jeudi. Là encore avant eux tous j’étais là à 9h, il n’y avait personne. Mais mon emploi du temps était particulier, j’étais panéliste au Chapiteau by Issa, je suis allé là-bas pour au moins me débarrasser de ce qu’on m’a confié de traiter. Et juste après, je suis revenu encore, il était déjà 11h et demi, je n’ai vu personne aussi. Mais malgré tout, je me suis encore présenté non seulement au procureur, mais je me suis présenté au président du tribunal pour enfin aller à mon bureau. C’est à ma surprise encore je vois : urgent, qu’on a décerné contre moi un mandat d’amener, c’est mensonger, c’est même honteux pour la qualité des personnes qui s’expriment. Un avocat d’une telle envergure, qu’il ait la dignité au moins de dire ce qui se passe. Il n’est pas fait pour discréditer les gens, il est fait pour défendre ceux qui lui font confiance. Mais c’est décevant que des qualités des personnes comme ça, de façon éhontée se jettent sur les gens comme si on est dans un État désordonné.
Mediaguinee: Vous voulez dire qu’il n’y a pas eu de mandat contre vous et personne ne vous a contacté à propos ?
Elhadj Madifing Diané: Il n’y a pas eu de mandat d’amener jusqu’à l’instant où nous parlons et il n’y en aura pas. Pourquoi m’amener ? Pourquoi je vais fuir et aller ? Je sais que la vérité est de mon côté, je sais que ce que j’ai rapporté est évident, je tiens même à ça pour les plonger davantage dans leur comportement en 2010. Peut-être qu’ils ont peur de l’affronter, j’ai même proposé qu’ils acceptent qu’on aille en débat sur une radio, quelle que soit la radio. J’ai même dit à un d’eux s’ils promettent la protection, qu’ils m’amènent au siège de l’UFDG pour que je dise à ce siège qui sont ces dirigeants que je regarde comme de minables personnes entre guillemets. Parce que la politique, c’est de la responsabilité, ce n’est pas une fuite en avant, c’est de la sagesse et c’est le respect. Ce n’est pas parce que je suis ce que je suis ou j’ai fait ce que j’ai fait qu’ils me considèrent ennemi de leur parti. Je ne suis ennemi d’aucun parti politique, peut-être c’est à ce niveau qu’ils me regardent par rapport à tout ce que j’ai eu à faire dans l’exercice de mes fonctions tels qu’ils se sont sentis coupables de quelque chose de ma part. Mais si je suis coupable de quelque chose, je l’ai fait en conformité avec la loi en protégeant ma population, celle que Dieu m’a confiée.
Mediaguinee: Depuis le début de cette affaire, avez-vous eu de contact avec l’UFDG ?
Elhadj Madifing Diané: Pas directement, mais j’ai reçu dans mon bureau quelqu’un qui est venu me proposer de la part de l’UFDG, un règlement à l’amiable. Je lui ai dit gentiment qu’est-ce que moi j’ai gâté pour négocier à l’amiable ? Ils ont porté plainte contre moi, s’ils retirent la plainte, il n’y a pas de problème, mais moi je suis disposé à répondre à la convocation de la justice. Dire à la justice que je confirme ce que j’ai dit et c’est à eux de démontrer le contraire. Et je sais qu’ils ne peuvent pas le démontrer, toute la Guinée a vu ça. Est-ce qu’ils peuvent démentir ça ? Non. La simple question est de savoir pourquoi il y a eu 4 mois 10 jours entre les deux tours au lieu de deux semaines comme prévu par la loi ? C’est parce qu’il avait une fraude massive qui a été décelée, qui a été présentée à ceux qui avaient la responsabilité de cette élection qui ont donc décidé de renvoyer le deuxième tour à 4 mois 10 jours.
Mediaguinee: Qui vous appelez “ceux-là” ?
Elhadj Madifing Diané: La communauté internationale, l’Union Africaine était là, l’Union européenne était là, l’ONU représentée par le PNUD était là, les observateurs étrangers étaient là. C’est l’OIF même qui a donné le président de la CENI en la personne d’un Malien du nom de Siaka Toumany Sangaré. Je ne parle pas des observateurs des différents partis venus d’ailleurs pour participer à cette élection. Tous ceux qui étaient présents à la CENI, quand on présentait les éléments de fraude qui risquaient de nous amener dans une situation dangereuse.
Mediaguinee: Quand vous parlez d’éléments de fraude, à qui vous faites allusion ?
Elhadj Madifing Diané: Je n’accuse personne, mais une machine qui confectionnait les cartes d’électeurs a été saisie, des urnes ont été saisies dans la mosquée de Sangoyah, une femme a été arrêtée à Matoto. Je reviens encore sur son nom, Kadiatou Diallo en état de famille avancé avec deux cartes d’électeurs. C’était même une analphabète, on lui demande à qui appartient la deuxième carte ? Elle dit qu’elle appartient à son enfant qui est dans son ventre encore. Mais ils savent bien qui a importé cette machine pour confectionner les cartes massivement. Moi-même, en ma qualité Directeur, j’ai saisi à la frontière un camion chargé de cartes d’identité nationale mais qui n’ont pas pu être distribuées.
Mediaguinee: Il s’agit de quelle frontière ?
Elhadj Madifing Diané: À Koundara. Le Directeur des douanes de Koundara à l’époque, Mamady Keita est actuellement à la retraite à Kankan, il peut confirmer ce que je dis. J’ai fait convoyer le camion, il y avait même des armes blanches et ont été présentées à la télévision nationale. Qu’ils [les responsables de l’UFDG] cessent de nous emmerder, la Guinée est une famille, ce sont ces propos mensongers qui révoltent. Les citoyens paisibles qui sont à l’intérieur du pays, qu’ils aient la sagesse de comprendre que la Guinée est une famille, la politique n’est qu’un moyen pour arriver au pouvoir. Mais ce n’est pas une arme dans les mains de certains pour massacrer qui ils veulent ou bien pour humilier ceux qu’ils veulent ou pour embêter ceux qu’ils veulent. Moi je suis quelqu’un de très responsable, mais leur agitation ne m’effraie pas. Nous sommes dans un pays de droit, je sais que je serai questionné tout comme ils seront questionnés. Je sais qu’ils me reprocheront ce qu’ils ont à me reprocher s’ils ont la vérité de leur côté. Mais moi ce que je dis c’est à ciel ouvert. C’est tout le peuple de Guinée qui est témoin de ce que j’ai dit, tout le monde a vu ce que j’ai dit, tout le monde sait qu’on a renvoyé l’élection de 4 mois 10 jours au lieu de deux semaines pour raison de fraudes massives qui ont été constatées non seulement par la saisie des urnes bourrées, urnes saisies dans les mosquées et la machine elle-même qui a confectionné ces cartes sans pouvoir donner la possibilité aux gens de se porter sur une liste électorale. La décision au début pour le premier tour était quiconque a une carte d’électeur pouvait voter et il y avait beaucoup de fausses cartes. Ça a amené ce que ça a amené, ils savent bien ceux qui ont distribué ces cartes, ils savent bien la cartographie électorale du pays. En 2010, 4 millions 500 mille votants, les régions de Labé et Mamou, le tout pour une seule personne c’est 16 pour cent. Toute la Haute Guinée, les régions de Kankan et Faranah, le tout pour une seule personne, 24 pour cent. Les deux (Moyenne Guinée et Haute Guinée) tout pour une seule personne tu n’as que 40 pour cent. On était dans un schéma de pratique ethnique. Je peux affirmer que c’était trois régions contre une région. C’est de l’évidence, tout le monde connaît ça. Malheureusement, Dieu aidant, pour la vérité, il n’y a eu que ce qu’ils ont obtenu. Et qu’ils ont obtenu sur la base de ce qui a été découvert a donné le droit à ceux qui ont supervisé cette élection de renvoyer le second tour à 4 mois 10 jours. C’est dans ce schéma qu’on s’est trouvé et tout le monde est resté dans ça, les résultats sont sortis.
Mediaguinee: vous voulez dire que le vrai score de l’UFDG en 2010 est beaucoup inférieur à 40% au premier tour ?
Elhadj Madifing Diané: Je l’affirme sans hésitation et ils le savent. Ils savent que c’est bâti sur de la fraude. Je respecte beaucoup ce parti et je respecte beaucoup son leader que je connais. Je connais son humilité, je connais son éducation, je connais son respect pour les aînés. Mais malheureusement, ses bras armés qui sont ses faucons dans son parti ont piégé. L’UFDG s’est engagé dans les pratiques honteuses qui mettent à nu toutes les valeurs morales de ce parti. Parlant de la réalité des choses, ils le savent, ce n’est pas de la diffamation, ce n’est pas encore des propos mensongers comme ils le disent. C’est de l’évidence, à ciel ouvert et tout le monde a vu ça. Moi je n’ai d’état d’âme, ce sont eux qui m’ont attaqué. Les propos sur lesquels ils se sont plaints n’étaient pas destinés à eux. C’était des cris de colère contre quelqu’un [Alpha Condé, ex-president de la République et challenger de Cellou Dalein Diallo en 2010, ndlr] que j’ai servi avec toute ma conviction. Si c’était encore celui-ci, peut-être que j’aurais pu me ressaisir. Mais les raisons qui m’ont motivé à aller dans ce sens, je les connais et je n’ai aucun regret pour ça. Mais eux ne peuvent pas prendre en compte ma colère contre quelqu’un pour faire de ça leur moyen de plainte contre moi, en disant qu’ils sont diffamés. En quoi je les ai diffamés ? Qui peut avoir 44 pour cent au premier tour et échouer au second tour si la chose n’est pas mise au clair ? C’est ce qui a été fait. Dans aucun pays, tu obtiens 44 pour cent, au deuxième tour, tu auras plus que ça pour être élu. Si ce n’est pas arrivé, ce n’est pas de la fraude. On a pas volé la victoire à quelqu’un. C’est parce que les conditions du deuxième tour n’étaient pas les mêmes que celles du premier tour. Donc quand vous me posez la question que les 44 pour cent n’expriment pas la chose, je le dis avec certitude que si ce n’était pas le cas, il serait passé au deuxième tour sans aucun problème.
Mediaguinee: Et-ce que vous serez présent à la prochaine audience ?
Elhadj Madifing Diané: Même si c’est demain matin, j’irai. Je vous dis que je viens à toutes les convocations. S’il y a contretemps, c’est peut-être de leur côté. Mais je viens tous les jours parce que je suis très matinal. Et je n’habite pas loin des lieux [Tribunal], il est vrai que je viens de très loin parce que ce n’est pas ici [Mafanco] que je passe la nuit, mais je passe toute ma journée ici. Quand je viens très tôt le matin, avant qu’ils n’arrivent je viens m’asseoir dans mon salon. Après je vais les voir. Chaque fois que j’ai été appelé au tribunal, je suis venu. Et la dernière invitation, c’était hier [jeudi, 18 avril 2024] et je suis venu. Et je prends pour témoins les responsables même du lieu parce qu’eux m’ont vu.
Propos recueillis par Noumoukè S.
Propos recueillis par Noumoukè S.
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