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Depuis plusieurs semaines maintenant, les étrangers établis en Egypte sont raflés et plusieurs d’entre eux, arrêtés à la suite de cette cabale, croupissent dans les prisons de la capitale, le Caire.
Les services de sécurité commis à cette tâche à la suite de l’adoption d’une loi en septembre 2024 (qui rend obligatoire le titre de séjour), sont par moment violents dans les procédures d’arrestation et ne visent, en grande partie, selon nos informations, que les femmes.
Bien que le titre de séjour soit en vigueur en Egypte, mais c’est en septembre 2023 que celui-ci est devenu obligatoire et le contrôle se fait régulièrement. À date, même si les étrangers ne disposant pas de titre de séjour veulent payer les pénalités y afférentes, sont tenus obligés de le faire en Dollar, une monnaie devenue très rare en Egypte.
À cause de la dépréciation de la monnaie égyptienne, apprend-on, le dollar n’est plus délivré dans les banques et, pour l’avoir sur le marché noir, il faut payer le double de la valeur exacte.
« Il faut d’abord relever que la mesure a été votée à l’Assemblée nationale d’Egypte et qu’elle concerne tous les étrangers vivant sur le sol égyptien, pas que les Guinéens. Avant l’adoption de cette loi, l’Egypte représentait un lieu privilégié pour ceux qui voulaient se chercher, surtout les femmes. La loi qui exige le titre de séjour en Egypte existe depuis, mais ce n’était pas aussi exigeant jusqu’à l’adoption de cette autre loi. Tu pouvais passer le temps que tu voulais sans être inquiété, c’est une fois à l’aéroport qu’on demandait de payer des pénalités. Mais aujourd’hui, il y a des rafles qui sortent tous les jours pour rechercher des gens. S’il t’arrête et trouve que tu n’as pas de titre de séjour, on t’envoi en prison et tu y restes le temps de faire tes formalités qui dure entre 4 et 5 jours. Si après toutes les vérifications, on se rend compte que tu n’as pas commis d’infraction, on te demandera d’envoyer ton billet pour quitter le pays (…). Mais si tu es fautif, ils exigent aujourd’hui de payer les pénalités en dollars. Cependant, le Dollar n’est plus fourni par les banques égyptiennes et il se fait très rare sur le marché noir aussi. Même si tu en trouves, c’est plus du double qu’on peut te prendre. Pour 100 dollars par exemple aujourd’hui sur le marché noir, on te prend jusqu’à 7 000 livres égyptiens alors que c’est 3 000 dans les conditions normales. Même à l’aéroport, ils ne prennent pas le livre pour régler les pénalités. Si tu veux, il faut avoir un sac. Cela rend vraiment compliqué la situation. Il y a aujourd’hui, des compatriotes ici qui ont le prix de leurs billets, mais ne peuvent quitter parce qu’ils n’ont pas le prix de pénalités ou que ce n’est pas en dollar », a expliqué
Abdoulaye Sow, président du Conseil des Guinéens d’Egypte joint ce jeudi 15 février 2024 par notre rédaction.
Ce Guinéen qui n’est pas resté assis face à la situation de ses compatriotes, nous apprend qu’à date, « on dénombre près de 7 000 Guinéens en Egypte aujourd’hui ».
Notre interlocuteur précise toutefois que bon nombre de Guinéens ont quitté depuis le début de cette ‘’traque’’ des étrangers.
« Il y a des Guinéens qui croupissent dans les prisons et n’ont pas la possibilité de s’acheter le billet, ni joindre les parents au pays pour les venir en aide »
Aujourd’hui en Egypte, la situation des étrangers inquiète à plus d’un titre. Des Guinéennes, les plus nombreuses, parties dans l’espoir de retrouver une vie meilleure sont dans la détresse et plusieurs d’entre elles croupissent dans les prisons. Tous les Guinéens qui ne disposent pas de titre de séjour, « cherchent à quitter », mais n’ont pas les possibilités de quitter.
Au sujet de ceux-ci justement, Abdoulaye Sow nous apprend que chaque jour que Dieu fait, il y a au moins un ou deux qui sont arrêtés par les services de sécurité. En dépit de leur volonté de venir en aide à leurs compatriotes, l’élan de Monsieur Sow et ses collègues est souvent bloqué par cette fréquence régulière d’arrestation.
« Chaque jour, il y a un ou deux Guinéens qui sont arrêtés, cela est devenu notre quotidien. Hier (14 février 2024), on a arrêté huit (8) Guinéens et nous sommes allés leur rendre visite. Le problème c’est que quand on arrête des femmes, on leur bloque complètement la possibilité de communiquer, on les retire leurs téléphones. Ce qui nous oblige à passer de prison en prison pour voir s’il y a des Guinéens. On peut estimer le nombre de Guinéens arrêtés (que nous avons assistés, ndlr) à plus de 50. Aussi, chaque jour, on arrête les gens. Quand on aide un groupe, on nous informe de l’arrestation d’un autre. Et ce qui arrive, on n’est pas informé de l’arrestation de nos compatriotes dès que cela se produit. Parfois, leur arrestation peut prendre des semaines avant qu’on ne soit informé. Avec la collaboration de la représentation diplomatique de Guinée en Egypte, nous parvenons à sillonner les prisons du Caire pour rechercher nos compatriotes », a-t-il lancé.
Visiblement à bout d’effort et de capacité face à la forte demande d’assistance, Abdoulaye Sow sollicite de l’Etat guinéen, une réaction urgente, car il y a des choses que seul un Etat peut régler.
« Nous sollicitons de nos autorités, de venir voir comment négocier, soit, avec les autorités égyptiennes pour annuler les pénalités afin de permettre aux gens de rentrer ou aider nos compatriotes qui sont là, à rentrer au pays. Il faut rappeler que les compatriotes concernés sont vraiment dans la détresse. Le faire sera de s’inscrire en droite ligne de la politique du président qui dit qu’un Guinéen à l’intérieur n’est pas différent de celui à l’extérieur (…). Il y a des Guinéens qui croupissent dans les prisons et n’ont même pas la possibilité de s’acheter le billet, encore moins de joindre les parents au pays pour leur venir en aide. Le seul rempart aujourd’hui reste et demeure l’Etat. Parfois, nous sommes obligés de faire des cotisations pour aider certains à s’acheter des billets, c’est très difficile surtout pour les dames. On lance vraiment ce cri de cœur à l’endroit de l’Etat », a-t-il lancé.
Au ministère des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger, on affirme qu’une « réunion d’urgence a été tenue au département » au sujet de cette situation et que les recommandations de cette réunion « ont été envoyées aux plus hautes autorités ».
Pendant ce temps, des Guinéens croupissent dans les prisons égyptiennes et pourchassés comme des malpropres.
MohamedNana Bangoura