PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Le général Mamadi Doumbouya a pris les Guinéens de court, en dissolvant son gouvernement. En attendant de savoir si ce coup de Trafalgar, qui survient contre toute attente, vise à changer radicalement de cap dans la conduite de la transition, ou s’il s’agit simplement d’une fuite en avant ayant pour but de mettre le couvercle, l’opinion déjà fortement blasée par des effets d’annonce d’un pouvoir qui n’imprime plus, demeure circonspecte. Cette prudence digne de Saint Simon, de biens des citoyens à l’égard de cet acte du chef de l’État, s’expliquerait sans doute par le cauchemar provoqué dans le landerneau par le virage à droite entrepris par la junte dans la gestion de la transition.
Une gouvernance au fil de l’eau qui n’avait rien à envier à celle du régime précédent. Ce tsunami gouvernemental qui a emporté tout sur son passage, vient d’ailleurs confirmer que le ver était dans le fruit. Ainsi en passant ses ministres à la trappe, le général Mamadi Doumbouya donne l’impression de reprendre la main dans cette cour du roi Pétaud. Où tout avait l’air d’être sens dessus dessous.
On n’avait plus besoin d’être grand clerc pour comprendre que la machine de la transition était complètement grippée. Le récent bras de fer survenu entre le Premier ministre Dr Bernard Goumou et le garde des sceaux Charles Wright à la veille de la dissolution, n’était que l’arbre qui cachait la grande forêt de l’incurie. Match qui aurait d’ailleurs précipité la chute de toute l’équipe, dit-on.
Heureusement que le président a eu la présence d’esprit en tranchant le nœud gordien. Histoire de profiter de la bouffée d’oxygène que pourrait lui procurer cette rupture au forceps. Quand on sait que cette dissolution qui tombe comme un os à ronger, pourrait tempérer aussi bien les ardeurs du mouvement syndical, que celles des forces vives. Tous vent debout contre la junte, accusée de velléités hégémoniques. Même si certains esprits chagrins craignent que tout ce branle-bas ne soit au final que du dilatoire. Arguant que cette croisade contre la corruption, lancée à cor et à cri ne serait qu’un écran de fumée. Et que les efforts devraient être plutôt concentrés sur le respect du chronogramme de transition, afin d’éviter que la situation ne s’envenime davantage, face aux crises qui s’accumulent au fil des jours. Pour l’heure, tous les regards sont tournés vers le palais Mohamed V, afin de connaître la physionomie du nouveau gouvernement.