Démission de Mouctar Diallo (NFD) et son abandon de la politique : abdication ou retrait stratégique ?

il y a 4 heures 25

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Par Habib Yembering Diallo : Chaque semaine nous apporte désormais son lot d’événements imprévisibles. La semaine dernière a été marquée par la nomination d’un opposant irréductible à un poste de ministre. Pour cette semaine, l’annonce faite ce 7 août par l’ancien ministre Mouctar Diallo fait les choux gras de la presse et des réseaux sociaux.

L’ancien ministre annonce non seulement sa démission de la tête des Nouvelles forces démocratiques (NFD) mais aussi son abandon de la politique. Ce qui polarise toutes les attentions. Dans les faits, il ne manquait que cette annonce officielle. L’enfant terrible de la classe politique guinéenne avait déjà démissionné par le silence de cimetière qu’il observait ces derniers temps face aux multiples difficultés qui assaillent son pays.

Si Mouctar Diallo abandonne définitivement la politique – ce qui est improbable – une page importante aura été tournée. Et pour cause, malgré son jeune âge par rapport à ceux qu’il a côtoyés ces 30 dernières années, le jeune s’était illustré comme un acteur de premier plan dans le combat pour la démocratie en Guinée. En témoigne la correction corporelle qu’il avait reçue le 28 septembre 2009 avec des hommes comme Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Jean Marie Doré. Cette violence physique qu’il avait subie l’avait propulsé aux premiers rangs du combat politique. Ce fut le sacrifice ultime qui milita en sa faveur après l’aboutissement du combat contre le pouvoir kaki.

Malheureusement, autant la tragédie du 28 septembre 2009 a permis la consécration de l’homme, autant la pancarte assassine relative au troisième mandat d’Alpha Condé fera voler en éclat son rêve et son avenir politique. Cette pancarte sur laquelle on pouvait lire « A bara gué Landé » qu’on pourrait traduire par « ça y est pour le troisième mandat », fera le tour du monde. Présentant l’ancien opposant, devenu partisan, comme un des acteurs clés du coup d’Etat constitutionnel. Dès lors, il s’était livré à la vindicte populaire. Et pour ne rien arranger, celui pour lequel il s’était sacrifié ne l’avait pas récompensé à la dimension et à la proportion de son engagement en faveur d’une nouvelle présidence à vie. Mouctar Diallo avait perçu sa nomination comme ministre de la Jeunesse comme une babiole. La récente nomination d’un autre opposant à ce poste confirme la sagesse populaire selon laquelle « C’est ce que les uns ne veulent plus que les autres veulent goûter ». Mais cela est un autre sujet.

Abandon de la politique ou repli stratégique ?

Il pourrait s’agir de la seconde option. On voit mal Mouctar Diallo devenir un simple fonctionnaire. Même aux Nations Unies avec l’ordre établi qui règne dans ce système. Il faut plutôt voir dans cette annonce une stratégie de reculer pour mieux sauter. Le désormais ancien président des NFD avait trois choix : combattre le CNRD, le soutenir ou garder profil bas avant de quitter provisoirement la scène politique. Dans le premier cas, plus personne n’aurait cru à son combat à cause de ses agissements évoqués plus haut. L’opinion publique allait plutôt lui rappeler en permanence qu’il n’existe pas une différence entre un coup d’Etat constitutionnel qu’il a soutenu et un putsch militaire qu’il dénonce. Or soutenir le CNRD, c’était renier pour la deuxième fois son passé. Il n’était pas prêt à prendre ce risque.

Il restait donc l’option qu’il a choisie. Annoncer avec tambours et trompettes sa démission de la présidence du parti et son retrait de la politique. Dans l’espoir que cela pourrait faire oublier la faute commise en 2020 pour, plus tard, rebondir avec un nouveau parti politique. Evidemment que tout cela reste des hypothèses. En attendant que l’intéressé ne nous dise ce qu’il compte faire après la politique.

Dans tous les cas, Mouctar Diallo a eu le mérite d’avoir dit non à Alpha Condé après sa seconde nomination au poste de ministre de la Jeunesse en janvier 2021. L’autre mérite qu’il a eu, c’est de n’avoir pas perdu du temps après sa disgrâce. Il s’est formé. Pendant que certains de ses anciens compagnons optent pour le raccourci de mise en place des mouvements de soutien à un homme qui n’en a véritablement pas besoin.