Déguerpissement à la Cité Douane de Coleah : « j’ai dansé le 5 septembre, mais je suis déçue aujourd’hui », dit une victime

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Plusieurs familles habitant la Cité Douane de Coleah ont été sommées de quitter leurs domiciles ce vendredi, 7 juillet 2023, par la Direction du patrimoine bâti public, en compagnie d’un huissier de justice. Un courrier leur a été adressé pour exiger qu’elles libèrent les lieux d’ici le dimanche prochain (9 juillet 2023). Ce déguerpissement intervient en pleine saison des pluies inquiète les familles visées, d’autant plus qu’il viole les dispositions de l’article 1405 alinéa 3 relatif à la procédure d’expulsion. Cet article dispose qu’« en aucun cas, une décision d’expulsion d’un occupant de bâtiment ne peut être exécutée dans la période du 1er au 30 septembre » en Guinée, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la Cité Douane de Coleah un domaine appartenant à l’Etat. Mais, pour Madame Condé Mamatadi, Conseillère municipale à la mairie de Matam et fonctionnaire au ministère des travaux publics, il a manqué de manière au Patrimoine Bâti public dans ce déguerpissement. Elle assure que la manière utilisée pour les sommer à libérer cet endroit n’est « ni humaine et ni sociale » en cette période hivernale à Conakry.

Madame Condé Mamatadi, Conseillère municipale à la mairie de Matam et fonctionnaire au ministère des travaux publics

« Nous ne disons pas que nous n’allons pas quitter. Les enfants sont à l’école. Il y en a qui ont même fait l’examen. Attendons qu’on puisse bien se préparer dans ce délai-là pour sortir. Quand on a reçu le courrier le 18 mai, le lendemain on est allé voir l’huissier, on lui a dit qu’il y a même une lettre du ministre qui est sortie pour dire qu’on ne doit pas exclure quelqu’un de la période du 5 juin au 30 septembre. Il a reconnu cela. Mais, il dit : vous savez, c’est des militaires, préparez-vous pour sortir… Moi, à mon niveau, je me suis mise à recaser mes parents. Parce que c’est des gens qui sont sans état d’âme. On a vu beaucoup d’exemples. Nous sommes dans l’émotion là. Hier soir, c’est mon neveu qui m’appelle pour me dire qu’ils ont envoyé un courrier nous demandant de libérer sans délai. Et ce matin encore, ils sont revenus pour dire de libérer les lieux d’ici dimanche, parce que le lundi la machine doit venir pour démolir. Nous ne sommes pas contre leur décision, mais c’est la manière. Parce que même si nous achetons ici une propriété, c’est dans la loi, on connaît, si l’Etat en a besoin, il récupère. Le motif, ils nous ont dit que c’est pour rénovation. On sortira, mais la manière n’est vraiment pas humaine et sociale en cette période que nous connaissons tous. Moi je n’ai pas dormi ce matin. J’ai bien un lieu où les envoyer, mais vraiment ça fait mal qu’on te déguerpisse de la sorte, comme si tu ne payais pas le loyer. Nous sommes sous le choc », a-t-elle déploré.

Enseignante à la retraite, Hadja Fanta Camara dit avoir vécu plus de 50 ans dans cette maison à la Cité Douane et elle a toujours payé son loyer. Et, c’est avec assez de peine qu’elle a accueilli la nouvelle de ce déguerpissement.

Hadja Fanta Camara, enseignante à la retraite, victime de deguerpissement

« Depuis 1972 nous habitons cette maison et nous payons à l’État régulièrement le loyer. C’était d’ailleurs défalqué sur le salaire de mon mari. Quand il a été retraité, moi j’ai repris. Donc, chaque fin du mois, c’était défalqué de mon salaire. Quand moi aussi j’ai été retraitée, ils ont commencé à défalquer sur le salaire de ma fille », a-t-elle indiqué.

De son côté, Madame Thiam Dico Hann, enseignante à la retraite et l’une des concernés par ce déguerpissement, a dit n’avoir nulle part où passer la nuit.

Mme Thiam Dico Hann, Enseignante à la retraite, victime de deguerpissement

 

« C’est hier vers 19 heures que 2 huissiers sont venus nous tendre la lettre pour nous dire de libérer immédiatement. J’ai dit : mais, ce n’est pas comme ça, parce qu’on n’a jamais eu d’avertissement. Aujourd’hui, je suis déguerpie. Mais, là où j’ai construit, où je devais aller habiter, c’est en location. Ceux qui sont là-bas, je ne peux pas les déloger en cette période hivernale sans préavis, parce que c’est des humains. Je ne peux pas. Je suis en train de déménager, mais je pars confier mes bagages à Sonfonia chez ma sœur. Je vais chercher où dormir jusqu’à ce que ma maison soit libérée. Ils nous ont dit que c’est l’Etat qui en a besoin. Plus de 40 ans on est là, on est en location et nous payons mensuellement à l’État sans problème. Ça m’a choqué, j’ai même versé des larmes. Je peux libérer sans problème, mais c’est la manière qui ne m’a pas plu. Ce n’est pas la bonne manière. Quand on dit qu’il y a des gens qui sont embauchés sans diplôme, ça se concrétise. Moi j’ai applaudi, j’ai dansé le 5 septembre, mais je suis déçue. Mamadi Doumbouya est mal entouré, il n’a qu’à ouvrir les yeux. Il ne faut pas qu’il regarde les gens qui applaudissent pour lui, les gens pleurent », a-t-elle déclaré.

 

Mohamed Guéasso DORÉ, pour Guineematin.com

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