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La période des grandes pluies à Conakry est un moment éprouvant pour l’ensemble des habitants, particulièrement pour ceux du quartier Dar-es-Salam. Ce quartier, relevant désormais de la nouvelle commune urbaine de Gbessia, abrite la grande décharge d’ordures de Conakry. Partagés entre l’exposition à la fumée pendant la saison sèche et les eaux souillées provenant de la décharge en saison pluvieuse, ses habitants ne connaissent aucun répit. Exposées à un énorme danger de santé publique, les populations environnantes sont très éprouvées et ne savent plus à quelle autorité se vouer. Ils réclament la délocalisation de la décharge. Tel est le constat fait sur place par Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ce mardi 16 juillet, sous une pluie battante, notre reporter s’est rendu sur le site. Étonnement. Plusieurs jeunes escaladent la montagne d’immondices en suivant les sillons tracés par les eaux usées sur la montagne pour se livrer au ramassage d’objets sans kits de sécurité.
N’Famara Condé, trouvé sur place, explique : « Je suis électricien de formation, mais j’ai tout arrêté pour venir ici. Notre activité consiste à chaparder sur cette décharge, et c’est ici qu’on gagne notre subsistance. Il y a plusieurs personnes qui travaillent ici, plus de 150 personnes et de plusieurs nationalités. On travaille nuit et jour. Certes, nous sommes conscients des risques auxquels nous nous exposons, mais c’est ici qu’on trouve notre gagne-pain. Parfois, certains se blessent et y en a qui en meurent. Les odeurs, c’est comme si on s’y était habitué. On y entre sans gants, sans bavettes, sans bottes ni combinaison. Rien. Nous mesurons les risques mais nous comptons sur Dieu pour nous protéger », lance-t-il.
Au niveau d’une des entrées de la décharge, juste avant le cimetière central, il y a un vendeur de nourriture où nombre d’enfants et de travailleurs viennent se disputer avec les mouches pour se nourrir. Le gérant des lieux, Mamadou Lamine Camara, dit que c’est plus par manque d’alternative qu’il est sur place.
« Cette décharge nous gêne énormément. Vous sentez cette puanteur immonde, vous voyez les saletés drainées par ces eaux souillées provenant du dépôt. C’est cela notre quotidien. A chaque fois qu’il pleut, nous sommes obligés de supporter cette situation, contraints à ramasser les ordures qui s’entassent devant nos habitations. Et malheureusement, cette nourriture que je revends ici, je n’ai aucun moyen de la protéger de cette souillure. Tout ce que nous mangeons ici est exposé, la seule solution, tout ce que nous demandons aux autorités, c’est de délocaliser cette décharge. Nous en souffrons péniblement. Parce qu’ici, il n’y a pas de saison. Lors de la saison sèche, on est exposé à une fumée insupportable et la période de la saison des pluies, c’est encore pire. Si on est là, c’est parce qu’on n’a aucune alternative, nous n’avons pas les moyens de partir », déclare-t-il.
Quelques mètres plus loin après le cimetière, des eaux souillées proviennent de la montagne d’ordures, se joignent sur la route juste en face d’une concession. Ce point de rencontre forme une grande marée qui a fini par engloutir totalement le minuscule pont qui s’y trouve.
Selon Bountouraby Sylla, logée dans la concession d’en face, le calvaire est indescriptible. « Nous souffrons énormément ici. Lorsque la saison pluvieuse arrive, les eaux souillées provenant de la décharge abondent devant notre cour ici. Parfois, elles débordent et entrent jusqu’à l’intérieur de notre maison. Ceux qui disent trouver leur subsistance ici ne savent pas ce qu’ils disent, ils ne mesurent pas le danger auquel nous sommes tous exposés dans cette zone. Nous sommes tous les jours dans les hôpitaux, nos enfants tombent malades souvent et si nous partons à l’hôpital, les médecins nous conseillent de déménager, mais pour aller où ? Avec quel argent ? Il ne faut même pas écouter ces ramasseurs d’ordures qui pensent qu’il faut laisser cette décharge ici. Les odeurs nauséabondes qui se dégagent dans l’alentour nous empêchent de rester longtemps dans la cour. Nous faisons la cuisine à l’intérieur de nos maisons. Pour faire la cuisine dehors, on est obligé de désinfecter avec des produits désinfectants et allumer les anti-moustiques pour atténuer la puanteur. Pour la vaisselle, pour l’eau qu’on utilise à la cuisine, nous sommes obligées d’utiliser du chlore. Nous exhortons le chef de l’Etat, le gouvernement et toutes les autorités compétentes, de nous débarrasser de cette décharge. Qu’ils acceptent de la délocaliser, qu’ils enlèvent cela devant notre maison. Aujourd’hui, c’est malheureux de voir une telle décharge au plein cœur de la capitale. Nous les habitants d’ici, nous souffrons énormément. Regardez cette eau, sentez l’odeur qui se dégage sans parler de sa température. Elle est toute brûlante, et nous, nous vivons tous les jours avec cela », fait-elle remarquer.
Issiaga Barry pour Guineematin.com
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