Cybercriminalité en Guinée : un réseau d’arnaqueurs démantelé après avoir volé plus de 900 millions gf

il y a 1 heur 13
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Ce jeudi 4 décembre, la Direction Générale de la Police Nationale a frappé un grand coup. Grâce au travail de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), un réseau spécialisé dans le vol et l’escroquerie ciblant les gérants de kiosques Orange Money a été démantelé, révélant un mode opératoire particulièrement sophistiqué et redoutablement efficace.

Selon la chargée de communication de la Police nationale, le Capitaine Rama Baldé, les malfaiteurs agissaient en équipe. Ils repéraient d’abord un kiosque, puis envoyaient un premier duo effectuer un retrait, un dépôt symbolique ou passer une simple commande.

Objectif : observer subtilement les mouvements des doigts du gérant pour dérober son code à quatre chiffres ou, à défaut, réactiver la puce afin d’obtenir un nouveau code. Profitant d’un moment d’inattention, ils subtilisaient ensuite le téléphone PDV, immédiatement vidé au profit du compte d’un complice.

L’enquête a conduit à l’arrestation de deux suspects majeurs, Laye Kaba et Banna Mamoudou Sidibé, qui ont reconnu les faits. « Une perquisition à leur domicile a permis de saisir 55 téléphones. À ce jour, 25 victimes se sont déjà manifestées, certaines identifiant les auteurs, d’autres reconnaissant leurs appareils. Le montant total détourné par ce réseau s’élève à 919 557 000 francs guinéens, un préjudice colossal pour les gérants de PDV et leurs clients », a expliqué Capitaine Baldé.

Parallèlement, la Brigade Anti-Criminalité (BAC) 5 a déféré mercredi 3 décembre deux autres individus impliqués dans le phénomène du vol à la tire sur moto. « Ils avaient dérobé un sac contenant deux téléphones Android, un document de voyage et 2 070 000 GNF. Eux aussi ont reconnu les faits », a-t-elle précisé.

Les témoignages des victimes illustrent l’ampleur du traumatisme. L’une d’elles raconte avoir perdu près de 8 millions GNF : après la réactivation de sa puce, il ne restait que… 600 francs.

À Gomboyah, Mamadou Aliou Diallo dit avoir été arnaqué à deux reprises : 15 millions GNF la première fois, puis 134 800 000 GNF. « Ils étaient à moto. J’ai essayé de les poursuivre, mais je les ai perdus au carrefour. Ma puce a finalement été retrouvée jusqu’à Boké, à Kolabouyi », raconte-t-il, encore abasourdi.

Du côté d’Orange Finance Mobile Guinée, l’arrestation de quatre individus liés aux réseaux d’escrocs suscite un net soulagement. Kerfala Yansané, responsable de l’audit interne et chargé des enquêtes, salue la collaboration avec les forces de l’ordre et estime qu’il s’agit d’un pas important vers la restauration de la confiance.

« Les clients et les agents déposent beaucoup de plaintes. Par endroits, certains accusent Orange parce qu’ils ne comprennent pas le mécanisme réel de ces arnaques. Pourtant, le réseau de distribution est notre front office : s’il est touché, Orange Finance Mobile l’est aussi », explique-t-il.

Interrogé sur les procédures permettant de récupérer les fonds, il précise que des dispositifs existent :
« Une équipe spécialisée traite les réclamations en continu. Les centres d’appels, disponibles 24h/24, recueillent les premières informations. Une fois la plainte jugée recevable, elle est transmise au service fraude pour vérification et intervention. »

Pour les gérants de PDV, des mesures supplémentaires sont prévues, notamment la possibilité d’annuler une opération via leur téléphone ou de contacter immédiatement leur superviseur. « Si le client ou le gérant signale l’incident avant le retrait des fonds, nous pouvons sauver l’argent. Mais si l’argent est déjà retiré, il n’y a malheureusement plus rien à faire », précise-t-il.

Ce vaste coup de filet constitue un tournant majeur dans la lutte contre la cybercriminalité et les arnaques liées au mobile money, un secteur devenu vital dans les transactions quotidiennes en Guinée.

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