Crise à la FEGUIBOXE : un an de bicéphalisme, l’inertie du Ministère des Sports en question

il y a 2 heures 11
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La Fédération Guinéenne de Boxe (FEGUIBOXE) est plongée dans une crise de leadership profonde et persistante. Depuis juin 2024, la discipline est paralysée par un bicéphalisme persistant. Alors qu’un congrès controversé est annoncé, l’ombre du ministère des Sports plane sur ce conflit qui mine l’avenir de la boxe guinéenne.

La crise oppose le président en exercice, Alpha Amadou Baldé, à un Bureau Provisoire dirigé par son ancien Secrétaire Général, Boubacar Biro Barry. À l’approche d’une assemblée générale élective, les deux camps se disputent la légitimité, pointant du doigt l’implication – ou plutôt l’immobilisme – du ministère des Sports dans cette impasse.

Le bureau provisoire dénonce l’immobilisme et l’opacité

Se présentant comme président par intérim depuis décembre 2024, Boubacar Biro Barry fustige une crise qui dure depuis « un an et demi », marquée par des « dysfonctionnements » signalés au ministère dès juin 2024. Il soutient que l’Assemblée des clubs statutaires a mis en place ce bureau intérimaire « conformément au statut de la Fédération Guinéenne de Boxe » pour gérer les affaires courantes.

« C’est suite à ces problèmes et à ces dysfonctionnements que les clubs membres statutaires de la Feguiboxe se sont réunis […] pour mettre en place un bureau intérimaire, le temps de gérer les affaires courantes… »

La principale critique adressée au ministère des Sports concerne la lenteur et l’inefficacité du processus de médiation. Biro Barry souligne que, malgré une première rencontre en janvier 2025 où les deux camps avaient fourni les documents demandés, la commission ministérielle a « disparu des radars », ne se manifestant qu’en novembre pour redemander les mêmes pièces. « On a l’impression… qu’à date, concrètement, rien n’est fait pour nous sortir de cette crise. »

Un congrès contesté et une mise en garde

Le point de friction le plus aigu est l’organisation imminente d’un congrès. Le bureau provisoire s’insurge contre la tenue d’un congrès prévu pour la fin décembre 2025. Boubacar Biro estime que le congrès statutaire de la FEGUIBOXE n’est censé se tenir qu’en janvier 2026.

« Nous avons informé le Ministère… que si ce congrès venait à se tenir, cela n’allait faire qu’aggraver la situation de la Féguiboxe. »

Boubacar Biro Barry exige l’intervention du Ministère pour garantir un processus transparent. Il insiste sur le fait qu’en tant qu’ancien Secrétaire Général du bureau de 2022 – que le Ministère reconnaît –, il est la seule personne habilitée à convoquer une telle assemblée. Il dénonce par ailleurs une tentative de manipulation : l’ajout de « dix nouveaux clubs » dans le seul but de « diluer la voie de la vérité ». Le camp contestataire promet d’user de « tous les recours et de tous les moyens légaux ».

Le Ministère des Sports entre règle et conciliation stérile

Interrogé ce 11 décembre 2025Mamadou Aliou Sory Barry (Mass Barry), Directeur National Adjoint des Sports, se défend en soulignant les efforts de conciliation qui se seraient heurtés à des « intérêts personnels et égoïstes ».

« On a fait de la logique de conciliation pendant longtemps. Il est resté pratiquement vain, parce que les uns et les autres ne sont pas là pour les intérêts de la boxe… »

Le représentant du ministère défend la position de l’État : « On n’a pas le droit de reconnaître deux entités. Ce n’est pas possible. On ne peut reconnaître qu’une seule. […] Celle qui a institué, qui détient l’agrément et la délégation de pouvoir, point. »

Le Ministère affirme chercher désormais à confronter les documents soumis par les deux parties avant d’autoriser le congrès, mais ce processus piétine.  Mass Barry reconnaît une confusion dans la réception des pièces : « À date, le camp qui conteste dit avoir déposé. Ils nous ont envoyés jusqu’à la copie de la décharge, mais nous n’avons pas, nous, reçu encore les documents. » Il promet toutefois : « On va les convoquer. On va les confronter pour savoir qui a tort, qui a raison. Voilà. Et à partir de là, on en tirera les conséquences. »

Le président contesté, droit dans ses bottes

De son côté, le président Alpha Amadou Baldé minimise la crise, la qualifiant de simple « bruit de l’avion » causé par « des petits groupes de frustrés » . Il met en avant son bilan (acquisition de matériel, règlement d’arriérés de cotisation auprès d’instances internationales) pour justifier sa légitimité.

Alpha Amadou Baldé affirme sans détour que le congrès de décembre aura lieu. Il estime jouir du soutien du ministère des Sports et considère que son bureau est le seul reconnu.

« Moi, ça me plaît de faire des détracteurs. En fait, la fédération guinéenne de boxe est très structurée… Quand vous dites qu’il y a un bicéphalisme, moi je n’appelle pas ça comme ça… »

Concernant les accusations de « gestion opaque » et de « détournement d’équipements », le président se défend vigoureusement : « C’est nous qui décidons de la gestion et de la répartition. Si nous avons quelqu’un à qui rendre compte, c’est la fédération internationale qui nous donne, et à nos membres statutaires qui nous ont élus, et aussi le ministère, l’État. »

Conséquences : La boxe guinéenne « quasi morte »

Au-delà de la querelle de pouvoir, c’est l’avenir de la boxe guinéenne qui est en jeu. Boubacar Biro Barry dresse un constat accablant : « Aujourd’hui, la boxe guinéenne est quasi morte. » Les conséquences sont là « non-visibilité des boxeurs guinéens à l’international et le manque de championnats et d’équipements.« 

L’organisation contestée du congrès de décembre 2025 risque de transformer cette crise de leadership en une crise institutionnelle insoluble, prolongeant de facto la paralysie de la discipline.

Le bureau provisoire insiste pour que le ministre des Sports, connu pour ses efforts de résolution de crise dans d’autres fédérations, intervienne : « Nous lui demandons de nous aider, lui et son département, à organiser un congrès transparent là où les membres statutaires légitimes […] vont choisir leur bureau, en toute transparence, et aider la boxe guinéenne à sortir de cette crise. »

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