Comment réussir son Hajj à La Mecque ? Les conseils avisés du Dr Wann, guide et médecin de pèlerins (entretien suite et fin )

Dans cette deuxième et dernière livraison de l’interview qu’il a bien voulu accorder à votre quotidien en ligne, guineenews.org, Dr Ibrahima Wann, Guide et Médecin de pèlerins revient largement sur les rituels clés qui s’imposent impérativement à tout pèlerin ayant eu le privilège de fouler le sol des lieux saints de La Mecque, les interdits ou tout ce qui est défendu. Ainsi que sur les comportements ou attitudes de bienséance contribuant à agréer le pèlerinage. Lisez plutôt !

 Guineenews : Dr Wann, nous voici de nouveau réunis pour parler des préparatifs du pèlerinage 2023 et plus précisément du test d’aptitude médicale que vous supervisez.

Certes, on ne va pas vous demander de nous traduire mot à mot, le contenu de la communication que vous délivrez aux candidats pèlerins. Cependant, à voir leurs réactions, vous semblez réussir pleinement à atteindre l’objectif qui est de leur inculquer profondément tous les sens à donner au Hadj. Quel est la recette ou le secret, qui vous permet d’atteindre un tel résultat ?

Dr Ibrahima Wann : merci encore une fois, de me donner la parole pour aborder ce sujet assez particulier qui touche à la religion. D’emblée, je vous dirai qu’il n’y a aucun secret dans ce que nous faisons. Il y a peut-être bien un langage que nous délivrons avec la méthode ou la pédagogie que nous croyons la meilleure à adopter face aux candidats au pèlerinage que nous recevons pour le test d’aptitude médicale. Nous leur parlons avec toute la sincérité, toute la patience et la profondeur de la foi qui nous habitent. Et c’est ainsi, qu’au fil de l’exposé, nous sentons, comme un déclic, se produire. Nous sommes émerveillés de voir, aux réactions de l’auditoire, que nos propos sont bien accueillis et touchent les cœurs.

Guineenews :  serait-ce indiscret ou trop vous demander de nous faire un rapide débriefing de votre discours. On nous dit qu’il marque profondément les candidats auxquels vous le délivrez.

Dr Ibrahima Wann : non, pas du tout ! C’est avec plaisir que je vais faire un petit retour sur ce que je dis aux candidats pèlerins :

« Vous avez la chance qui n’est pas accordée à tous les musulmans : celle d’accomplir le 5ème pilier de l’islam ! Vous devez en être fiers, car c’est le seul acte d’adoration à l’issue duquel vous obtenez une « attestation d’admission » au Paradis. Cette ultime faveur que recherche tout être humain, vivant sur terre, vous sera délivrée à Arafat. Ce jour béni, Dieu (SWT) appellera tous les anges pour leur annoncer qu’il efface les péchés de tous ceux qui sont réunis à Arafat, le 9ème jour du mois dhul hijja et qu’il leur accorde le Paradis.

Quand Dieu (SWT) promet, il réalise et quand il donne il ne reprend pas.

C’est pourquoi le pèlerinage, c’est Arafat.  Quiconque rate Arafat a perdu son pèlerinage de l’année.  Il ne peut pas se racheter, sauf s’il le reprend, l’année suivante.

Même les malades dans les hôpitaux sont transportés par ambulance à Arafat, pour bénéficier de ce Pardon ultime. »

Guinéenews : est-ce donc là que s’arrête le Hadj ?

Dr Ibrahima Wann : Non ! Après l’étape nodale de Arafat, le Hadj n’est pas encore fini. D’autres rites, tout aussi importants, s’ensuivent. C’est ainsi que le pèlerin, à son retour d’Arafat, passe la nuit à Mouzdalifa et le lendemain, il va à Mina, pour la Lapidation

Guineenews :  en quoi consiste cet autre rite ?

Dr Ibrahima Wann :  La lapidation est un autre Grand Symbole que Dieu montre aux musulmans, car lapider Satan, c’est en fait se débarrasser de son propre Satan. En chacun de nous, est enfoui Satan, qui nous exhorte à faire le Mal. Donc, en lançant les cailloux, le pèlerin doit se dire, au fond du cœur, que Dieu (SWT) lui a promis le Paradis, alors, en retour, lui aussi, il promet de se débarrasser définitivement de la pression de Satan, qui le pousse à violer les interdits en islam. Ainsi, il prête serment qu’il ne mentira plus ; il ne trichera plus ; il ne fera plus de tort à autrui ; il n’insultera plus ; il ne se bagarrera plus, etc.

Bref, il s’abstiendra de tous les comportements défendus et se conformera strictement aux recommandations de l’islam, dans ses pensées, ses paroles et ses actes.

Ainsi, le pèlerin revient-il, pur comme un bébé qui vient de naître, c’est-à-dire, dépourvu, lavé, de tout péché.

En sus, Dieu (SWT) lui accordera aussi, 40 jours de bénédictions exaucées, qui peuvent aller jusqu’à 40 ans, tant qu’il ne dérapera pas.

Les bénédictions exaucées se manifestent sous diverses formes.  Soit Dieu (SWT) vous accorde ce que vous demandez, soit il vous protège contre un malheur qui vous était destiné, soit il vous garde jusqu’à l’au-delà, pour vous faire entrer au Paradis éternel.

Guineenews :  en dehors du test d’aptitude médicale, on parle aussi de conditions à remplir pour obtenir l’agrément de tout pèlerinage, dont la récompense est le Paradis ?

Dr Ibrahima Wann :  oui, il existe bien des conditions qu’il faut nécessairement remplir pour l’agrément du pèlerinage. On en cite (3) trois :

1- L’argent utilisé doit être propre et licite. Il ne doit être ni volé, ni détourné, ni être le résultat de la concussion, du commerce charnel, de la vente de l’alcool ou de la drogue ; il ne doit pas être emprunté et doit couvrir entièrement, les besoins du voyage et du séjour ; avant le départ, le candidat pèlerin doit laisser à sa famille, les moyens nécessaires pour garantir ses besoins, pendant son absence.

2- Le pèlerinage doit être fait selon les rites codifiés par le Prophète (PSL)

Pour cela, il faut étudier dans les écoles coraniques ou à défaut suivre rigoureusement les enseignements dispensés par les Guides dans les Mosquées, au centre islamique ou dans les agences de pèlerinage.

En ces lieux, ils trouveront de Grands érudits qui leur expliqueront ce qu’est le pèlerinage, comment on le fait, comment on le gâte et comment on répare les écarts commis.

Nous disons aux candidats pèlerins, qu’une fois arrivés aux Lieux saints, ils devront suivre à la lettre les recommandations de leurs guides. Ils doivent leur obéir à tout moment et en tout lieu : dire ce qu’ils disent et faire ce qu’ils font.

A la Mecque, tous les pèlerins sont égaux.  Ils sont appelés, les étrangers de Dieu (SWT). Il n’y a pas de Président, ni de Ministre. Tout le monde est Pèlerin.

3- Le 3ème critère pour l’agrément du pèlerinage, c’est de ne faire du tort à personne, ni à un pèlerin, ni à un résident. Pas de discussions futiles, pas d’injures, pas de vol, pas de dispute, pas de violence, pas de bagarre.

Guinéenews : pourquoi insistez-vous sur ce point ?

Dr Ibrahima Wann : c’est juste pour montrer que nos défauts et faiblesses peuvent nous rattraper, si nous ne prenons garde et nous éloigner du bon chemin recommandé.

Nous avons assisté à des scènes de bousculade pour monter dans les bus où des gens ont eu des fractures. Un autre cas où un pèlerin a mordu un autre qui le bloquait, à la rentrée du bus !!

Certains sont piétinés à mort, en tentant d’embrasser la Pierre Noire à la Kaaba.

Ce sont là des exemples fort regrettables, qui peuvent compromettre la validité du pèlerinage ou diminuer les bénédictions.

Guineenews : à vous entendre, on se rend bien compte que le pèlerinage renferme divers aspects fondamentaux qu’il est difficile d’évaluer ici. En même temps, on s’aperçoit qu’on est en face d’une évidence qui, de par la volonté du Tout Puissant Allah, demeurera constante pour l’éternité. Il convient donc qu’on la fasse connaître, du mieux possible, aux musulmans. Comment le réussir, à votre avis ?

Dr Ibrahima Wann :  par le biais de la formation. Comme je l’ai dit, dans mon intervention, il faut étudier dans les écoles coraniques ou à défaut se référer aux érudits ou suivre les enseignements portant sur le sujet, qu’on peut dispenser, à la demande, dans les Mosquées.

Il y a également une autre variante que permettent les associations. C’est le cas de APORI (Association pour le Prêche et l’Orientation Islamique) dont je suis membre et qui est co-fondée par feu Elhadj Boubacar Kankalabé, El hadj Saikou Oumar, El Hadj Boubacar Ndiarè, El Hadji Amadou sow, feu Dr Négué, Maître Mountagha et feu Commandant Pathé. Elle regroupe des érudits arabisants, des hauts cadres et des commerçants, tous engagés pour la propagation de l’Islam.

On le voit, la flamme de l’islam est destinée à rester éternellement allumée, pour l’équilibre du monde et le salut des hommes !

Guineenews : merci Dr Wann

Dr Ibrahima Wann : c’est à moi de vous dire merci, pour le privilège renouvelé que vous m’offrez, de passer ces messages sur votre site.

Entretien réalisé par Diao Diallo pour Guinéenews