Ce qu’il faut savoir pour éviter la confusion (Par Aly Souleymane Camara)

il y a 4 heures 17
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Quand un média vous invite sur un plateau de télévision, et que vous ne disposez pas d’éléments d’information solides, il serait à la fois élégant et professionnel de décliner l’invitation. Car il vaut mieux s’abstenir que de s’exposer au risque de dire tout et son contraire.

Lorsqu’un invité ne dispose pas d’un registre de communication clair, structuré et cohérent, il révèle malgré lui son incompétence et son manque de professionnalisme.

Et, vouloir défendre l’indéfendable, c’est surtout exposer les limites de son propre champ de réflexion. Surtout quand on représente un organisme de la société civile d’envergure nationale, il faut savoir conjuguer intelligence et lucidité, et éviter de transformer un débat public en tribune personnelle ou en défouloir d’humeur.

Deux observations majeures s’imposent sur deux sujets d’intérêt national :

𝟏. 𝐥𝐚 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐚𝐧𝐝𝐢𝐝𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐝𝐞́𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬,

𝟐. 𝐞𝐭 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐝𝐞́𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐜𝐞, 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐫𝐞́𝐝𝐢𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐨𝐫𝐠𝐚𝐧𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞́𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐠𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐞́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬.

Sur le premier point, notamment les conditions permettant la candidature indépendante à travers un système de parrainage, il faut rappeler que le pays et ses acteurs en sont à leur première expérience. Une telle innovation exige rigueur, pédagogie et transparence.

Sur le second point, 𝐥𝐚 𝐃𝐆𝐄 𝐞𝐭 𝐥’𝐎𝐍𝐀𝐒𝐔𝐑, censées organiser et observer les futures élections, en attendant la mise en place de l’institution légalement habilitée suscitent déjà des interrogations légitimes.

Les irrégularités procédurales, techniques, logistiques et humaines qui ont entaché la crédibilité du scrutin référendaire doivent servir de leçon.

Dans ces conditions, tenir une élection en moins de trois mois serait non seulement une aventure incertaine, mais aussi un simple formalisme démocratique.

Et cela, pour deux raisons principales :

𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, le système de parrainage pourrait se transformer en instrument de légitimation du candidat du CNRD ou de tout autre prétendant adoubé par les autorités de la transition.

Les maires élus par le peuple n’étant plus en fonction, et connaissant le niveau d’inféodation des institutions ainsi que la crise de confiance généralisée, il est évident qu’un tel processus, piloté par des délégations spéciales désignées par décret, ne saurait garantir un véritable pluralisme.

Dès lors, il est permis de penser que les prochaines élections risquent de n’être qu’une formalité.

𝐃𝐞𝐮𝐱𝐢𝐞̀𝐦𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, tutelle des organes électoraux, dispose de ramifications jusque dans les secteurs, districts, quartiers, communes, préfectures et régions.

Dans ce contexte, une candidature soutenue, directement ou indirectement, par la même institution ressemblerait fort à ce qu’on appelle, en français simple : « juge et partie ».

Par ailleurs, une éventuelle candidature de l’actuel Président de la Transition ouvrirait la voie à trois conséquences majeures :

1. 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐢𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫𝐨𝐥𝐞 𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐞, 𝐬𝐲𝐦𝐛𝐨𝐥𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐝𝐞́𝐧𝐢 𝐝’𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐦𝐨𝐫𝐚𝐥 𝐞𝐭 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 ;

2. 𝐥𝐞 𝐝𝐞́𝐜𝐡𝐚𝐢̂𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐦𝐛𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬, 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐝𝐞́𝐬𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐠𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐮 𝐜𝐡𝐚𝐦𝐩 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 ;

3. 𝐥𝐚 𝐝𝐢𝐥𝐚𝐩𝐢𝐝𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐬𝐬𝐨𝐮𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬, 𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐞́𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐬 𝐞́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐨𝐫𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮 𝐝𝐞́𝐭𝐫𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐢𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞𝐬.

Le 𝐆𝐞́𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐥 𝐌𝐚𝐦𝐚𝐝𝐢 𝐃𝐨𝐮𝐦𝐛𝐨𝐮𝐲𝐚 demeure, à ce jour, le seul capable de mettre un terme à l’instrumentalisation d’une transition qu’il avait, au départ, voulue apaisée, inclusive et porteuse d’espoir.

Toutefois, sa candidature viendrait non seulement contrarier cet esprit initial, mais aussi ouvrir la voie à une série de candidatures en cascade : celles de certains ministres, membres du CNT et autres acteurs civilo-militaires affiliés au CNRD.

Une telle dynamique ferait basculer la transition d’un processus de refondation nationale vers une course effrénée aux ambitions personnelles, avec les dérives politiques et institutionnelles que cela implique.

Aly Souleymane Camara, Analyste politique – Enseignant à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia – Conakry

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