Amadou Damaro Camara  déverse sa colère à la CRIEF : « quand les services rendus sont énormes, l’ingratitude est la seule récompense »

La deuxième audience dans l’affaire opposant l’État guinéen à l’ancien président de l’Assemblée nationale et 3 autres prévenus à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) s’est poursuivie hier, lundi 11 décembre 2023. Les débats de cette audience ont tourné essentiellement autour des documents comptables justifiant l’utilisation des quinze milliards de francs guinéens (15 000 000 000 GNF), qui devaient servir à la construction d’un nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma, dans la commune de Ratoma. Mais, visiblement, Amadou Damaro Camara vit son passage devant la Chambre de jugement comme une mauvaise récompense des services qu’il a rendus à la Guinée, a constaté le journaliste que Guineematin.com avait dépêché à la CRIEF.

Dans cette affaire, l’ancien président de l’Assemblée nationale est poursuivi avec Michel Kamano, Zeinab Camara et Jin Sun Cheng (alias Kim) pour des faits présumés de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité ».

Cette seconde audience devait être consacrée à la comparution de Michel Kamano, malade et hospitalisé en dehors du pays (selon une attestation présentée aujourd’hui à la Cour son séjour médical durera jusqu’en début mars 2024), et la production de documents comptables retraçant l’utilisation du montant incriminé. Des chèques concernant l’électricité de Guinée (350 000 000 GNF) et la société des eaux de Guinée 750 000 000 GNF) ont été débattu lors de l’audience.

Amadou Damaro Camara a longuement expliqué la façon dont il a géré l’organe législatif, mais surtout des “bons services” qu’il y a fait. Il dit notamment avoir renoncé à près de 2 milliards de francs guinéens pour sauver l’honneur du pays.

Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale

« Je suis très heureux de dire que nous avons été installés le 21 avril 2021, les fonds qui nous ont été alloués pour notre installation, je crois que c’était 50 000 000 GNF par député si je ne m’abuse et 2 000 000 000 GNF de fonds de souveraineté pour le président de l’assemblée. Mais ce jour, les chinois qui nous ont accordé un don de 40 millions de dollars devraient se fâcher s’ils n’avaient pas une parcelle viabilisée sur lesquelles ils devaient faire leurs études. J’ai donc reporté ma prise de ces fonds et j’ai payé à peu près 1 800 000 000 GNF à la société de Kim. Le premier chèque datait de juillet, donc moins 3 mois après mon installation. Et le deuxième chèque datait d’août 2020. Et les 15 milliards n’ont été payés qu’un an après, en juillet 2021. Je ne me vanterai pas, mais je ne pourrai pas compter une longue liste de fonctionnaires Guinéens ou de cadres Guinéens qui renonceraient à 1 800 000 000 GNF pour sauver l’honneur ou pour sauver un bien qui est attribué à l’État, surtout quand je me suis adressé officiellement au président de la République pour lui dire qu’on a besoin d’aide pour faire face à ce besoin urgent et il m’a fait dire qu’il n’y avait pas d’argent. Donc 40 millions de dollars contre moins de 200 000 dollars en ce moment pour pouvoir faire la parcelle, j’ai choisi de renoncer pour récupérer éventuellement un peu plus tard. C’est ce que j’ai fait. M. le président, dans un pays où les vertus sont combattues et les vices sont encouragés, il est difficile de croire à ce genre de chose. Mais encore une fois, quand les services rendus sont énormes, l’ingratitude est la seule récompense », a-t-il estimé.

À rappeler que lors de sa première comparution, il avait longuement expliqué comment les 9 milliards sur 15 ont été gérés. Selon lui, 6 milliards sont restés dans les caisses de l’assemblée après son départ.

À la tombée de la nuit, la Cour a renvoyé l’affaire au 21 décembre pour la suite des débats.

De retour de la CRIEF, Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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