Abdoul Latif droit dans ses bottes : « Je continuerai à défendre mon engagement envers le journalisme d’investigation… » (Entretien)

il y a 8 mois 170
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Le journaliste Abdoul Latif Diallo est plus que jamais engagé à poursuivre ses investigations, malgré les sanctions prises par la Haute Autorité de la Communication à l’encontre de son site d’informations.

Cette mesure de la HAC n’ébranle guère le journaliste d’investigation dont les employés sont aujourd’hui confrontés à des difficultés financières.

Selon l’administrateur général du site depecheguinee, près de 10 emplois sont menacés suite à cette décision de la HAC.

Pour partager le quotidien de cet amoureux de la plume, quelques semaines après la suspension de son médium, notre rédaction est allée à sa rencontre ce mardi 19 mars 2024. Abdoul Latif Diallo a répondu aux questions de Hadja Kadé Barry.

Mosaiqueguinee.com: M. Diallo pour avoir enquêté sur des sujets qui font peur aux dirigeants du pays, vous avez vu votre site se faire suspendre par les autorités de la transition. Plusieurs semaines après cette suspension comment vous vous sentez ?

Latif : Je me sens déçu et frustré par cette suspension, particulièrement déçu du président de la HAC, Boubacar Yacine, qui, malgré son passé glorieux, est devenu un danger pour la liberté de la presse. Mais, je reste déterminé à poursuivre mon travail d’enquête journalistique malgré les obstacles.

À depecheguinee, vous avez près de dix (10) employés en chômage technique y compris vous. Comment vous vous en sortez alors que votre source de revenu a été bloquée ?

Mes journalistes et moi traversons une situation très délicate. Je n’ai pas d’autre source de revenu que mon site internet, et cela a été délibérément bloqué pour m’ôter tout moyen de subsistance et me contraindre à me soumettre à eux. Cependant, cela n’arrivera jamais. Je préfère brouter l’herbe que de bâillonner ma plume pour leur plaire.

De la maison au grin pour échanger avec des amis, c’est ce qui devient votre quotidien M. Diallo. Pourtant cela n’a jamais été votre choix. Vous avez toujours travaillé dur pour un journalisme de qualité. D’après vous est-ce qu’on est sur le point de tuer le journalisme d’investigation en Guinée ?

Mes amis du grin sont une source d’inspiration et de motivation pour moi. Malheureusement pour cette junte militaire et la HAC, mon compte Facebook n’est pas suspendu. J’ai trouvé une autre formule de dénonciation puisque je ne suis plus protégé par la loi L002. J’écris des fables pour dénoncer. Le journalisme d’investigation en Guinée est effectivement confronté à de sérieux défis. Les pressions exercées sur les journalistes indépendants et les tentatives de museler la presse libre sont préoccupantes. Mais , malgré ces obstacles, je reste optimiste quant à la résilience de notre profession et à notre capacité à continuer à mener un journalisme de qualité, même dans des circonstances difficiles.

Neuf (9 ) mois ce n’est pas neuf (9) jours, est-ce que vous pouvez tenir jusqu’à la fin de cette sanction alors que vous avez certainement des charges ?

Oui, neuf mois de suspension représentent une période prolongée, mais je suis déterminé à tenir bon malgré les difficultés financières et les charges qui pèsent sur moi. Je vais chercher des moyens alternatifs de subsistance et je continuerai à défendre mon engagement envers le journalisme d’investigation, même face à l’adversité.

Pour terminer M. Diallo, vous vous êtes sous sanction et pendant ce temps beaucoup d’organes de presse sont éteints. Plusieurs observateurs regrettent une menace contre la liberté de la presse en Guinée. Est-ce vous êtes d’avis ?

J’ai été le premier à alerter sur cette situation. Je partage l’avis de nombreux observateurs selon lequel la suspension de plusieurs organes de presse et les sanctions imposées à des journalistes représentent une menace sérieuse pour la liberté de la presse en Guinée. Ces actions entravent la capacité des médias à fonctionner de manière indépendante et à informer le public de manière critique et équilibrée. Pour garantir un bon environnement démocratique et de transparence, il faut protéger la liberté de la presse. Malheureusement, le CNRD et la HAC sont une déception.

Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry

Lire l'article en entier