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Quartier régulièrement cité dans les bilans des manifestations à Conakry, Wanindara, situé entre les communes de Ratoma et Matoto, connaît depuis plusieurs mois une résurgence de tensions. Les mouvements spontanés y sont devenus récurents souvent sans revendications clairement formulées.
Le dernier épisode remonte au mardi 29 juillet 2025. Alors que la journée semblait calme, les choses ont basculé vers 17 heures. La circulation a été subitement perturbée, semant la panique parmi les usagers, les riverains et les vendeurs installés le long de la route. Nombreux sont ceux qui ont rebroussé chemin, soupçonnant un guet-apens tendu par de jeunes manifestants.
Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, le mouvement aurait été déclenché par des proches d’un présumé voleur de moto, violemment pris à partie par des citoyens. Voulant venger leur camarade, ces jeunes auraient bloqué la voie principale, créant un climat de tension qui a nécessité l’intervention rapide des forces de l’ordre. Ces dernières ont dispersé les attroupements à coups de gaz lacrymogènes.
« J’ai vu un petit groupe de jeunes, pas très nombreux, envahir la chaussée. Ils lançaient des insultes et des menaces. Les chauffeurs ont commencé à faire demi-tour. On m’a dit qu’il s’agissait d’un voleur attrapé vers T5. Ses amis voulaient réagir en solidarité », raconte Mamadou Bah, vendeur en bordure de route.
Il regrette la fréquence de ce type d’incidents, malgré la proximité de la gendarmerie et de la CMIS d’Enco5 : « Chaque fois, c’est la même chose. Il suffit d’un prétexte, et ça dégénère. Même quand il ne s’agit pas de revendications politiques. »
Cependant, une autre version contredit l’hypothèse du vol. Selon une source locale, cette manifestation serait liée à une opération policière ciblant les lieux de consommation de stupéfiants dans la zone, opération qui dure depuis plusieurs semaines.
« Pour moi, ce n’est pas une affaire de vol. Les policiers débarquent souvent dans les fumoirs en pleine journée. Ce jour-là, j’ai vu des jeunes se faire embarquer, drogue en main », témoigne Boubacar Bah, témoin de la scène.
Dans la foulée, plusieurs jeunes ont été interpellés, y compris des personnes jugées non impliquées, selon leurs proches. Ces derniers dénoncent des arrestations arbitraires et un manque de discernement de la part des agents de sécurité.
« Mon petit frère ne faisait rien de mal. Il passait dans la rue, ils l’ont arrêté sans explication. Ce n’est pas normal. Il faut faire la différence entre un bandit et un simple citoyen », proteste un parent.
Certains évoquent même l’existence d’un système de rançonnement autour des libérations : « On ne sait souvent même pas dans quel commissariat ils sont. Une fois localisés, il faut payer pour les faire libérer », affirme un autre citoyen dont le frère a été arrêté.
Par ailleurs, cette instabilité est souvent exploitée par des individus mal intentionnés. Des cas d’agressions ont été signalés en marge des événements.
Mariam Bah, journaliste, raconte avoir échappé de peu à une agression à proximité du carrefour T5 :
« En rentrant du travail, j’ai croisé plusieurs voitures faisant demi-tour. En approchant du carrefour, une dizaine de jeunes à moto sont apparus. Ils avaient l’air ordinaires, bien habillés… Puis soudain, l’un d’eux a arraché le téléphone d’un passager de taxi. Certains étaient armés de machettes ou de couteaux. J’ai eu la peur de ma vie. Par réflexe, j’ai jeté mon sac au sol pour ne pas être la prochaine cible. C’était un véritable braquage à ciel ouvert. »
Face à cette insécurité persistante, les citoyens de Wanindara interpellent les autorités. Ils réclament des interventions plus professionnelles, un meilleur ciblage des opérations et une véritable stratégie pour rétablir durablement l’ordre dans le quartier.
L’article À Wanindara, la peur au quotidien : entre forces de l’ordre et forces du désordre est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.