10 morts dans l’incendie à Ansoumanyah village : “Je suis vraiment sidéré…”, se lâche le père d’une des victimes

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Âgée de 7 ans et élève dans une école privée à Tombolia, Fatoumata Soul Kaba est décédée mercredi dernier, 3 juillet 2024, dans un tragique incendie au quartier Ansoumanyah village, dans la commune de Kagbelen. Cette fillette a péri dans cet incendie avec neuf (9) autres personnes (dont une femme enceinte) qui dormaient avec elle dans la même maison. Son père, Souleymane Kaba, est encore inconsolable de cette perte. Au téléphone de Guineematin.com ce vendredi, 5 juillet 2024, ce Guinéen vivant en France a dit être “sidéré” par ce drame qui, il faut le rappeler, n’est pas le premier cette année en Guinée. Il a aussi rapporté la dernière conversation qui a eu avec sa fille dans la nuit du mardi, quelques heures seulement avant la survenue de cet incendie aux flammes voraces et impitoyables.

Souleymane Kaba, père de la défunte Fatoumata Soul Kaba

“Le mois d’octobre prochain, ma fille aura ses 8 ans. Elle était à la Cimenterie, chez le grand frère de ma femme. Elle était là-bas avec son grand frère. Ils fréquentent une école privée à Tombolia. Normalement, ils restent là-bas en internat et ils ne reviennent à la maison que le dernier vendredi de chaque mois. Le mardi dernier, à 22 heures, j’ai parlé avec mes enfants. Elle (Fatoumata Soul Kaba) m’a dit : papa, je veux que tu me paies une voiture avec télécommande. J’ai répondu : d’accord, je vais le faire à la fin du mois. Ensuite, elle dit : d’accord papa, bonne nuit. Moi aussi je lui ai dit : bonne nuit maman. Maintenant, le mercredi j’étais au travail, vers 8 heures30’- 9 heures, j’ai jeté un coup d’œil sur votre site. J’ai vu l’actualité (sur l’incendie à Ansoumanyah village), mais je n’ai pas tenu compte. Je me suis dit que je vais lire le soir. Donc, j’ai continué à faire mon travail. Du coup, j’ai été appelé par monsieur Touré, le grand frère de ma femme. Il m’a dit : monsieur Kaba bonjour. J’ai répondu : bonjour. Ensuite il m’a dit : ta fille est décédée, mon garçon Zakaria est décédé, etc. Au fait, il a continué à me citer une liste de personnes décédées. Ma première pensée a été : qu’est-ce qui est arrivé à ces enfants ? Mais, il (monsieur Touré) avait coupé le téléphone. Après, j’ai eu des appels par-ci par-là me disant qu’il y a eu un incendie là-bas”, a expliqué Souleymane Kaba d’une voix mêlée de tristesse et de colère.

Dans cet incendie qui, selon les premières informations, est d’origine électrique (un court-circuit), Souleymane Kaba a failli perdre son autre enfant, le frère de Fatoumata Soul.

“Mon garçon qui était là-bas a été sauvé de justesse. Parce que la nuit du mardi, il avait décidé d’aller passer la nuit dans une autre chambre, à côté de son ami. Et il y a un de ses amis aussi qui a dit : comme tu viens passer la nuit ici, moi je vais passer la nuit à ta place là-bas. Malheureusement ce dernier est mort dans l’incendie”, a dit ce père de famille bouillonnant encore de chagrin.

Depuis ce drame qui a coûté la vie à sa fille, Souleymane Kaba peine à trouver le sommeil. Il se remémore en boucle les rêves qu’il nourrissait pour sa tendre Fatoumata Soul.

“Depuis mercredi, je fais des nuits blanches. Ma petite fille était en instance de voyage pour me rejoindre ici (en France). Malheureusement, elle est décédée dans cet incendie à l’âge de 7 ans. Elle devait avoir ses 8 ans le mois d’octobre prochain, souligne-t-il avec une voix qui fend le cœur.

Responsabilité de l’Etat face à ces incendies à répétition

A l’annonce de la survenue de ce drame à Ansoumanyah village, les autorités administratives et judiciaires de Kagbelen et Dubréka se sont mobilisées pour exprimer leur solidarité et leur compassion aux familles éplorées. Le gouvernement a aussi exprimé sa “profonde tristesse” et a présenté ses “sincères condoléances” aux familles endeuillées. Il les a aussi rassurées de son “soutien indéfectible” en cette épreuve difficile.

“Des investigations sont en cours pour déterminer les causes exactes de cet incendie, et des mesures seront prises pour éviter la répétition de tels drames à l’avenir. Le Gouvernement appelle à la vigilance et à la prudence de tous les citoyens face aux risques d’incendie. La solidarité nationale est essentielle en ces moments de deuil, et nous invitons la population à se mobiliser pour apporter aide et réconfort aux familles touchées par cette catastrophe”, a dit le gouvernement dans un communiqué.

Cependant, pour Souleymane Kaba, ces mots ne suffisent pas. Ce père de famille estime que l’Etat doit prendre ses responsabilités pour agir dans la prévention pour éviter de tels drames.

“ Le gouvernement a envoyé une délégation, mais je suis sidéré. Ce matin, j’ai visionné l’une de vos interviews avec un spécialiste en électricité qui parlait des causes des incendies et de la responsabilité des populations… Le matériel que la population doit payer, que ce soit les fils, les prises, les ampoules, c’est l’Etat qui doit contrôler la qualité. Mais, si l’Etat ne contrôle pas, un citoyen lambda qui va au marché va payer ce qu’il y trouvera… Le Général Mamadi Doumbouya (président de la Transition) doit veiller sur les va-et-vient du courant. Et puis, les fils et les câbles qu’on trouve sur le marché, il faut qu’il certifie leur qualité… Donc, je suis vraiment sidéré à plus d’un titre par ces multiples pertes de vies humaines chez nous (en Guinée) à cause des incendies”, a-t-il martelé.

Par ailleurs, Souleymane Kaba a appelé l’Etat guinéen à venir en aide à la famille sinistrée à Ansoumanyah village à travers la construction d’une maison, afin qu’elle puisse être à l’abri des intempéries pendant cette période hivernale.

“J’ai vu que l’Etat a présenté ses condoléances, mais ça ne suffit pas. Il faut qu’il essaie d’accompagner la famille. Les dix enfants qui sont morts dans cet incendie, on n’aura pas les moyens de les ressusciter. Mais, l’Etat doit venir en aide à la famille pour la construction d’une maison afin que cette famille puisse être logée”, a-t-il indiqué.

Depuis le mois de décembre dernier, la Guinée a été victime de nombreux cas d’incendie, notamment à Conakry. Parmi ces incendies, on peut citer l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie (dans la presqu’île de Kaloum). Des départements ministériels, des marchés et même le Camp militaire Almamy Samory Touré ont aussi été touchés par ces incendies qui sèment la psychose chez les populations en cette période de Transition.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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