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De nombreuses femmes rurales de la préfecture de N’zérékoré sont dans l’extraction de l’huile de palme, appelée huile rouge. C’est le cas des femmes de la localité de Gbouo, relevant de la sous-préfecture de Soulouta, à 30 kilomètres de la commune urbaine de N’zérékoré. Dans un entretien accordé à la rédaction régionale de Guineematin.com, ces femmes expliquent le processus d’obtention de l’huile rouge, les difficultés rencontrées et dénoncent les prix appliqués sur leurs produits.
Les femmes de Soulouta qui font l’extraction de l’huile rouge font partie des « oubliées » de la République. Par leurs efforts, et souffrances, elles font bouger le pays à leur manière.
Trouvée en train d’extraire de l’huile de palme, Monique Kolié explique le processus. « On part derrière le grimpeur pour le prendre. Quand on part, il nous demande de payer son déplacement à 20 000 GNF. Quand on lui donne cette somme, on prend la ceinture et la lance. On part en brousse, on prépare sa nourriture pendant qu’il est en train de couper les régimes de palmistes. Quand on finit de préparer, il vient manger et on se met derrière lui pour ramasser les régimes dans les bols pour assembler. Si les grains tombent par terre, on ramasse tout. Et on lui paie son argent, soit un régime à 2000 GNF. Après, on taille les régimes. Deux jours après, on vient enlever les noix de palme. On met les sacs et on transporte au bord de la route. Pour quitter le bord de la route jusqu’au pressoir, les motards peuvent nous dire de payer 20 000 GNF par sac. Quand on envoie au pressoir, on met dans les barriques pour mettre sur le feu. On part chercher des bois mort (fagots) pour allumer le feu en dessous. Après la cuisson, on met dans la machine pour transformer en pâte. Quand la machine pile, on transporte les pattes sur nos têtes pour aller mettre dans les tonneaux au feu, pour que ça se prépare. Après cette cuisson, on ajoute beaucoup d’eau dedans ; et quelques minutes après, on extrait l’huile pour mettre dans les bidons. C’est ça le processus d’extraction d’huile rouge. Vu ce parcours du combattant, le prix de l’huile n’est pas bénéfique à nous mais plutôt ça nous met en mal avec les grimpeurs, les jeunes qui coupent les régimes de palmes », a expliqué Monique Kolié.
Pour sa part, Marie Loua explique les difficultés auxquelles elles font face à cette période d’extraction d’huile. « Nous les femmes de ce village évoluant dans ce domaine, nous souffrons, sincèrement. Quand on part pour chercher les régimes de palmistes, il faut forcément avec un homme, le grimpeur, et on le paye. En extirpant les noix de palme, il y a les épines qui rentrent dans nos mains. Après tout, on paye les motards pour les transporter aux pressoirs. Là-bas, le problème d’eau se pose. Les marigots ont tari et le puits qui nous servait d’eau a aussi tari. C’est un problème pour nous. Au finish, le prix de l’huile n’arrive même pas à couvrir les dépenses effectuées. Parfois, on prend un bidon à 100 000 GNF ou si c’est trop, à 115000 GNF. Donc, nous voulons que le gouvernement nous aide afin que nos productions sortent à l’extérieur du pays. Chose qui pourrait nous aider à avoir plus de bénéfices. Parce qu’on souffre beaucoup. Quand les acheteurs viennent, ils nous imposent le prix, alors que c’est nous qui travaillons durement », a laissé entendre Marie LOUA.
Abordant dans le même sens, Fassou Loua explique le calvaire des femmes. « Pour gagner de l’huile rouge, il y a beaucoup de souffrances. Le prix de la ceinture, avant, c’était à 50 000 GNF. Mais actuellement, c’est venu à 100 000 GNF. C’est pourquoi, quand tu pars chez les grimpeurs, on te demande de payer leur déplacement pour louer la ceinture et la lance. Quand ils finissent de couper les régimes, il faut prendre les gens en contrat pour aller expulser et tu payes ces gens entre 20 000 à 30 000 GNF. Après, il faut encore prendre des motards pour transporter dans les pressoirs. Quand vous envoyez, il faut aller chercher des fagots, et si le lieu est loin, il faut donner aux motards pour qu’ils transportent. Quand les noix sont cuites, il faut piler dans la machine. Et quand on pile un fût, il faut donner 2 litres au machiniste. Si les fûts sont nombreux, ça devient très grave. Après la vente, ce qui va rester avec nous sera décourageant. Vous voyez combien de fois on souffre dans le processus d’obtention de l’huile rouge ? »
Il faut rappeler que depuis l’annonce de l’interdiction de l’exportation des produits locaux (l’huile, le café, le cacao, le riz), les prix de ces produits ont baissé. Si les consommateurs s’en frottent les mains, ce n’est pas le cas des productrices. Si l’année dernière, un bidon de 20 litres d’huile de palme coûtait 200 mille GNF à Nzérékoré ; aujourd’hui, il se négocie entre 100 à 120 mille GNF.
De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah et Joseph Goumou pour Guineematin.com
Tel : +224 620 166 816/666 890 877
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