Sanoyah : un imam accusé d’avoir enceinté une fille, son frère essaie de laver son honneur en criant au “complot”

il y a 4 heures 21
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Il y a près d’une semaine maintenant, l’affaire Aly Kanté ne cesse d’alimenter les discussions à Sanoyah, dans la préfecture de Coyah, ville située à 50 km de Conakry, la capitale guinéenne.
Premier imam de la mosquée Thermite Mara, ce religieux est accusé d’avoir enceinté une jeune couturière vivant dans le même quartier. L’affaire a rapidement pris de l’ampleur.

Pour avoir une version fiable de cette histoire, notre rédaction s’est rendue à Sanoyah ce mardi 6 mai. D’abord à la mosquée Thermite Mara, là, nous avons trouvé un employé de l’imam.

Interrogé, il se montre très prudent : « Moi, je ne peux rien dire sur l’imam Kanté. Je suis pauvre et issu d’une famille pauvre. C’est cet imam qui m’a fait venir ici, donc, humainement parlant, il serait très difficile pour moi de témoigner contre lui. C’est ici que je passe la journée, je viens le matin et je reste jusqu’au soir, mais je ne connais rien de cette histoire. Et c’est aussi dit dans la religion musulmane que, même si tu trouves un homme et une femme dans une maison, tu ne dois pas rendre ce témoignage seul. Il faut tout faire pour avoir quatre autres témoins. Et moi, je n’ai rien vu. Je ne peux pas témoigner pour ne pas mentir », dira-t-il.
Un autre témoin croisé devant la même mosquée raconte : « Moi, je suis venue de l’intérieur pour aller à la Mecque, mais le jour où cette situation a éclaté ici, j’ai coïncidé avec ça. Il y avait deux pick-up de la gendarmerie ici, les jeunes ont même failli lyncher l’imam. Oui, ils ont dit que c’est lui qui a enceinté la fille et que c’est ici même, dans la mosquée, qu’il envoyait la jeune fille. Il aurait même été remplacé. Je n’en sais pas plus que ça », a-t-il raconté.
Après, nous nous sommes rendues dans la famille de l’imam Kanté. Là, Karamo Kanté, frère cadet de l’imam, décide de s’exprimer publiquement. Selon lui, cette affaire cache des tensions liées à l’imamat : « C’est une accusation contre mon grand frère. Les gens sont contre lui. Vous savez, en Guinée, le problème de l’imamat, c’est comme un combat de pouvoir. Il y a eu beaucoup d’interactions contre lui », poursuit-il avant d’affirmer que les jeunes filles, attirées par les sermons de l’imam, venaient souvent lui demander conseil : « Il fait la da’wah islamique. Des jeunes filles viennent après pour prendre son numéro. Même les femmes mariées l’appellent pour dire : ‘La da’wah m’a touchée. Moi, j’ai l’habitude de sortir la nuit, d’aller dans les boîtes. Imam, je veux changer, je veux me voiler.’ Mon frère leur achète des voiles avec son propre argent », a expliqué Karamo Kanté.
Concernant la jeune fille qui l’accuse, le jeune frère de l’imam Kanté raconte : « C’est une voisine. Elle a aimé la fille de mon frère, car celle-ci est voilée complètement. Elle lui a dit : ‘Je veux qu’on soit amies.’ La fille de mon frère a répondu : ‘Mon père ne veut pas que je sois amie avec une fille du quartier qui n’est pas sérieuse.’ Elle a insisté : ‘Moi aussi, je veux me voiler.’ Elle est donc venue chez mon frère. Il lui a demandé : ‘Tu veux vraiment te voiler ? Tu veux te marier ?’ Elle a dit oui. Mon frère lui a demandé le genre d’homme qu’elle souhaite : elle a répondu ‘n’importe lequel, du moment qu’il est musulman pratiquant’. Mon frère lui a dit qu’il allait chercher un mari pour elle. »
Quelques semaines plus tard, un jeune homme aurait demandé une femme. L’imam aurait proposé le numéro de cette jeune fille. Mais : « Ce jour-là, le téléphone de la fille ne passait pas. Le monsieur a appelé mon frère pour le lui dire. Mon frère a pris le téléphone de sa propre fille pour que la jeune fille puisse parler avec le prétendant. Cela date d’il y a à peine 4 mois, les faits ne coïncident pas avec la grossesse actuelle. Lorsqu’on est allés à l’hôpital, les médecins ont dit que la grossesse est à 8 mois et 2 semaines. Comment est-ce possible ? Vous êtes dans le même quartier, l’imam fait vos prières, vous ne vous plaignez pas pendant 8 mois et soudain, vous accusez ? », dira-t-il.
Il va plus loin : « La fille a déjà avorté deux fois. Ce n’est pas sa première grossesse. La médecine légale peut le prouver. Et elle a 23 ans, pas 14 ans, selon l’extrait envoyé à la justice. » Concernant l’aveu signé par l’imam, Karamo précise : « Ce n’est pas une reconnaissance. C’est l’avocat, un ami imam aussi, qui lui a conseillé d’accepter provisoirement, pour permettre un test ADN. Il a signé : “Je reconnais avoir enceinté la jeune fille jusqu’à l’accouchement pour qu’un test ADN soit fait.” Ce n’est pas une audition. Mon frère a même juré sur le Coran : ‘Si c’est moi, que Dieu me fasse ce qu’il veut.’ Les parents de la fille ont refusé de jurer (…) . Nous, nous voulons juste blanchir notre frère. Si l’enfant n’est pas de lui, que les médias réparent le mal », dit-il.
À ce jour, toutes les tentatives de recueillir la version de la jeune fille sont restées infructueuses. Les portes de leur maison sont closes.

L’attente d’un test ADN est désormais la seule voie qui mène à la vérité.

Christine Finda Kamano

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