Sabadou Baranama-Boula (Kankan) : la route coupée, les usagers à bout de souffle

il y a 11 heures 29
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Le corridor Kankan–Sabadou Baranama, en chantier depuis 2021, est aujourd’hui totalement submergé par les eaux, rendant impossible l’évacuation des produits agricoles et engloutissant des hectares de terres cultivées. Confiés d’abord à l’entreprise sud-africaine SNA, puis réattribués, les travaux stagnent. Et, les habitants accusent la nouvelle société d’abandon. Entre boues, ruissellements et stagnation d’eau, les usagers restent bloqués depuis plusieurs jours, rapporte un correspondant de Guineematin.com dans la région de Kankan.

Long de 75 kilomètres, le corridor Kankan–Sabadou Baranama, reliant la Guinée à la Côte d’Ivoire, est coupé depuis plusieurs jours, paralysant totalement la circulation entre Sabadou Baranama et Boula. Ici, l’eau règne en maître, transformant la route en un véritable marécage. Plusieurs camions, en partance pour la frontière guinéo-ivoirienne, sont bloqués depuis des jours.

Amara Sangaré, chauffeur

« Je suis arrivé ici depuis près de deux semaines, mais jusque-là nous attendons que les eaux se retirent. Tout ce que nous gagnons comme recette, nous le dépensons ici. Boula et Baranama ne sont pas si éloignées, mais à cause de l’état de la route, nous peinons à rejoindre notre destination. C’est une situation très compliquée pour nous et nos passagers », témoigne Amara Sangaré, chauffeur épuisé par l’attente.

En tentant de forcer le passage, un bus ivoirien s’est enlisé en plein cœur de la voie inondée. Grâce à la solidarité des habitants, le chauffeur et ses apprentis ont échappé de justesse au pire.

Moussa Camara, piroguier

« Le véhicule est arrivé, nous avons conseillé au chauffeur d’attendre que les passagers descendent. Mais il n’a pas écouté. Il a tenté de traverser et la force de l’eau l’a entraîné vers un caniveau où il est resté bloqué. Nous avons sorti le chauffeur et ses apprentis avant d’aider les passagers à traverser vers l’autre rive », raconte Moussa Camara.

Pour faciliter les déplacements, plusieurs pirogues ont été mobilisées afin d’assurer la traversée des personnes et des marchandises entre les deux rives.

« Nous vivons cette situation depuis le début des travaux de construction. Chaque fois que la route est coupée, les présidents des districts mobilisent tous les piroguiers pour aider les voyageurs à traverser. Cela fait plus d’une dizaine de jours que nous travaillons ici nuit et jour. Certains passagers sont bloqués sans nourriture, alors nous les aidons à rejoindre le village pour trouver de quoi manger », confie Moussa Camara, un piroguier.

Pire, aucun passage secondaire ne permet de rejoindre Baranama. Le marché hebdomadaire, principal espace d’échanges pour les paysans de la localité, est à l’arrêt.

Sory Condé, habitant de Sabadou Baranama

« C’est par cette route que les habitants des villages environnants se rendent au marché hebdomadaire de Baranama avec leurs marchandises. Aujourd’hui, tout est bloqué. Cela crée une crise totale dans les communautés. Et le plus grave, c’est qu’il n’existe aucun autre passage pour rejoindre Sabadou Baranama », déplore Sory Condé, un habitant.

Mais les usagers ne sont pas les seuls à souffrir. Les domaines agricoles sont eux aussi durement touchés. Des hectares de terres cultivées ont été engloutis par les eaux, empêchant les paysans d’accéder à leurs champs. Une situation qui risque d’avoir de lourdes conséquences sur la récolte et l’économie locale.

Karim Traoré, cultivateur

« Cela fait plusieurs années que nos champs de riz sont détruits par l’eau. Cette année encore, cela fait 20 jours que nos récoltes sont sous l’eau. Certains ont perdu plus de 70 à 100 hectares. Nous risquons une très grande perte. L’État doit agir pour achever les travaux de bitumage », plaide Karim Traoré, un cultivateur.

En chantier depuis 2021, le corridor avait été confié à l’entreprise sud-africaine SNA, avant d’être réattribué à une nouvelle société. Pourtant, sur le terrain, les travaux stagnent.

Karamo Kourouma, habitant de Sabadou Baranama

« Il y avait autrefois des dalles qui permettaient à l’eau de circuler sans couper la route. Ce sont les entreprises chargées de la construction qui les ont détruites, provoquant cette situation », accuse Karamo Kourouma, un habitant.

Entre désespoir et impatience, les riverains n’attendent qu’une chose : voir enfin la route renaître de l’eau pour que la vie.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

The post Sabadou Baranama-Boula (Kankan) : la route coupée, les usagers à bout de souffle first appeared on Guineematin.com.

L’article Sabadou Baranama-Boula (Kankan) : la route coupée, les usagers à bout de souffle est apparu en premier sur Guineematin.com.

Lire l'article en entier