Répression du 22 janvier 2007 en Guinée : « nous demandons que la procédure judiciaire soit relancée »

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La violence d’Etat est une pratique courante en Guinée. Devant les nombreuses contestations que le pays a connues les dernières décennies, la répression a été parfois féroce, entraînant d’importantes pertes en vies humaines, des blessés et d’importants dégâts matériels. C’est le cas des évènements du 22 janvier 2007 à Conakry. Une manifestation appelée par des acteurs de la société civile et des syndicalistes a coûté la vie à de nombreux compatriotes sous le régime de Lansana Conté. Aujourd’hui, des défenseurs des droits de l’Homme et autres activistes demandent justice pour ces victimes. Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi 22 janvier 2024, maître Halimatou Camara, avocate au barreau de Guinée, demande que la procédure soit relancée pour faire la lumière sur cette autre page sombre de l’histoire de notre pays

Entre 2006 et 2007, il y avait une atmosphère de fin de règne en Guinée, avec un président Lansana Conté malade et fatigué, qui ne semblait plus rien contrôler. Devant la gabegie, la corruption ambiante et la guerre de succession entre différents clans, le peuple était pris en otage. La situation devenant de plus en plus intenable, des contestations vont s’organiser à travers le pays. Le point d’orgue fut atteint en 2007 avec un déferlement humain sur Conakry. Mais, au pont 8 Novembre, à l’entrée de Kaloum, la foule fut accueillie par des hommes lourdement armés, qui vont semer la mort ce jour-là dans Conakry.

A l’occasion du 17ème anniversaire de ce triste évènement, maître Halimatou Camara, avocate au compte de l’organisation guinéenne des droits de l’Homme et du Citoyen, (OGDH), qui s’est constituée partie civile dans ce dossier, déplore la lenteur de la procédure au tribunal de première instance de Dixinn. « Ce dossier, aujourd’hui, est dans les méandres du tiroir du tribunal de première instance de Dixinn. Je rappelle qu’en 2011, il y a eu constitution de partie civile, et plusieurs personnes se sont constituées parties civiles et ont été entendues par les juges. 17 ans après, les organisations des droits de l’Homme font ce qu’elles peuvent pour pouvoir continuer à accompagner les victimes. Mais, ce n’est pas très évident. Nous avons, par le canal d’une institution basée à Banjul, entamé une procédure que nous voulions déposer au niveau de la Cour de justice de la CEDEAO. Nous avons commencé, mais malheureusement, pour le moment, ce processus n’a pas abouti. Mais ce qu’il faut dire, c’est que 17 ans après les faits, les victimes continuent encore d’attendre, elles estiment qu’elles ont droit à la vérité, à la justice et à la réparation. Nous demandons que cette procédure soit relancée. Mais ce qui reste clair, nous, nous n’attendons plus rien de l’État guinéen, quand un État est resté en inertie pendant 17 ans, je pense que le message, il est clair », a laissé entendre l’avocate.

Boubacar Biro Barry, leader syndical, était au cœur de ces événements de 2007. Responsable des négociations, conflits et normes à la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) à l’époque des faits, invite les autorités à s’intéresser à cette autre page de l’histoire de notre pays.

Boubacar Biro Barry, leader syndical

« Nous avons tous été victimes, mais compte tenu de l’ampleur de la chose, nous avons préféré être acteur des événements. Sinon, nous avions été malmenés. Ce que nous avons vu et appris ce jour ; à Kaloum, il n’y avait que les syndicalistes et la jeunesse de Kaloum. Mais, ils sont venus faire une ceinture au niveau du pont 8 novembre. Les jeunes de la société civile et des différents partis politiques qui quittaient la banlieue n’ont pas pu franchir cette ceinture. Donc à ce niveau, il y a eu beaucoup de massacre par les bérets rouges. Je ne connais pas le nombre exact, mais il y a eu une centaine de morts. Les droits de l’Homme continuent à être piétinés par les gouvernants, aucun régime qui a succédé le régime de feu Lansana Conté n’a priorisé ce dossier, y compris le gouvernement de Lansana Kouyaté, qui est un produit de cette contestation. Ils n’ont pas pu se pencher sur cette situation qui est restée jusqu’à présent impunie. C’est regrettable, c’est dommage », a lancé Boubacar Barry.

Poursuivant, ce syndicaliste, déplore l’inaction des syndicats et gouvernants dans l’aboutissement de ce procès. « Depuis que le syndicat a pris goût à la politique, on en parle plus, c’est devenu un silence de cimetière. En tant qu’acteur majeur de cet événement, j’ai à plusieurs fois dénoncé cet état de fait, mais ça n’a jamais été la préoccupation des syndicalistes. Pourtant, le syndicat a participé à l’instauration de la démocratie en Guinée, même si elle n’a pas été pérennisée. Donc, le syndicat n’est pas rien dans l’évolution socio politique dans ce pays, et il doit pouvoir l’assumer. Le mouvement syndical guinéen doit s’investir pour réhabiliter les œuvres syndicales dans le cadre de l’évolution sociopolitique à travers la réactualisation du dossier du 22 janvier 2007 pour le respect des droits humains. Les gouvernants doivent également œuvrer pour que cette séquence de la vie sociopolitique ne soit pas vide de contenu, pour que justice soit faite », a déclaré Boubacar Biro Barry.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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