Réforme budgétaire : la Guinée amorce sa migration vers le budget-programme

Un atelier préparatoire de grande envergure s’est ouvert ce lundi 5 mai 2025 à Coyah, marquant un tournant majeur dans la modernisation de la gestion des finances publiques guinéennes. Organisé en deux sessions, du 5 au 10 mai puis du 12 au 17 mai, ce rendez-vous mobilise les représentants de 11 ministères ainsi que des cadres de la Primature. L’objectif affiché est clair : préparer la migration vers un budget-programme dès l’exercice 2026, en cohérence avec les réformes économiques et administratives initiées par le gouvernement. 

Le Directeur Général du Bureau de Stratégie et de Développement, Dr Mamadou Saliou Diallo, a ouvert la cérémonie avec des propos marquants. Il a rappelé que le processus de migration vers le budget-programme, qui débutera en 2026, est en parfaite cohérence avec les priorités du gouvernement. “Conformément aux orientations stratégiques de son excellence le général d’armée Mamadi Doumbouya, celle de migrer le budget programme dès l’exercice 2026, nous avons reçu des instructions fermes pour cette transition.”

Dr Mamadou Saliou Diallo, Directeur Général du Bureau de Stratégie et de Développement

Il a souligné l’importance de cette réforme pour améliorer la gestion des ressources publiques en les liant à des critères de performance mesurables, permettant ainsi une plus grande transparence et redevabilité. “Il ne s’agira plus de ventiler des crédits, il s’agira de les indexer à des critères bien précis de performance,” a-t-il précisé, avant de préciser : “Cela nous permettra de renforcer notre capacité de gestion et d’aller vers plus de transparence et plus de redevabilité vis-à-vis de nos concitoyens.”

Facinet Sylla, ministre du Budget

Presidant la cérémonie d’ouverture, le ministre du Budget, Facinet Sylla, a quant à lui exprimé un sentiment de retard par rapport à d’autres pays, malgré les réformes amorcées en 2012. “Nous avons accusé beaucoup de retard. D’autres pays, notamment ceux de l’UE, sont déjà dans le budget-programme,” a reconnu le ministre.

Il a toutefois rappelé que la transition vers le budget-programme est désormais inscrite dans un projet national plus vaste : le programme Simandou 2040, qui, selon lui, constitue un levier stratégique pour l’émergence de la Guinée à l’horizon 2040.

“Le budget-programme s’inscrit en parfaite cohérence avec le pilier 4 du programme Simandou 2040,” a déclaré Facinet Sylla, tout en insistant sur l’importance de ce programme pour transformer en profondeur l’économie guinéenne. Il a également souligné que cette réforme est une opportunité et non une contrainte : “Le changement que nous portons est une opportunité, non une contrainte.”

Mohamed Lamine Camara, Secrétaire Général chargé des collectivités décentralisées de Coyah

Dans un autre registre, Mohamed Lamine Camara, Secrétaire Général chargé des collectivités décentralisées de Coyah, a mis l’accent sur l’importance de cet atelier pour la mise en œuvre des réformes du CNRD.

Il a salué l’engagement du gouvernement pour la modernisation des finances publiques et la refondation de l’État, en rappelant le lien entre le budget-programme et les objectifs de développement . “Le budget-programme est un outil de gestion des finances publiques qui permet de définir des objectifs clairs, mesurables et alignés sur les finalités d’intérêt général,” a-t-il déclaré.

Enfin, Yacine Biotchané, représentante du cabinet sud-africain Genisis Analytics, a précisé le contenu de l’atelier. “Nous allons présenter les concepts d’introduction au budget-programme, partager des études de cas d’autres pays et explorer les défis qu’ils ont rencontrés et surmontés,” a-t-elle annoncé.

Elle a aussi insisté sur l’importance d’une approche pratique et participative, qui inclut tous les acteurs concernés dans la co-création d’une feuille de route pour la mise en œuvre du budget-programme.

En somme, cet atelier marque un tournant dans la gestion des finances publiques en Guinée. En assurant une meilleure appropriation du budget-programme par les acteurs gouvernementaux, il constitue une étape essentielle vers la modernisation des finances publiques et la réalisation des ambitions économiques du pays. Les semaines à venir seront cruciales pour réussir cette transition et préparer le terrain pour l’implémentation du programme Simandou 2040 en 2026.

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