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El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara, artiste, musicien, saxophoniste, fondateur et ex-chef d’orchestre du Sombori jazz de Fria, sociétaire de l’orchestre Galaxie de la capitale, les Sofas de Camayenne, est malade, alité, depuis près de 8 mois.
Hospitalisé durant 4 mois à la clinique FAG de la Minière, El hadj Moussa Moise se plaint de maux de reins. En l’absence de ses enfants qui détiennent ses dossiers médicaux, nous n’avons pas pu en apprendre plus, sur le contenu de son carnet de santé.
A 87 ans, El hadj Moussa ‘’Moise’’, jadis élégant et haut sur jambes, se retrouve aujourd’hui allongé sur son lit de malade et ne peut se déplacer que par l’intermédiaire de ses parents et ses petits- enfants, qui continuent de veiller sur cet artiste du peuple, musicien de devoir, qui a fait don de sa vie pour la musique et pour le rayonnement de la culture guinéenne.
Plus de 18 ans en compagnie du Sombori jazz de Fria (1957-1979) et plusieurs autres années avec les Sofas de Camayenne, le doyen El hadj Moussa Moise Camara mérite une attention soutenue.
La rubrique ‘’Que sont-ils devenus ? ’’, de votre site d’information Guineenews, a rencontré El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara à son domicile, situé à Nongo, dans la commune de Ratoma. Une rencontre pathétique.
Lisez !
Guineenews : Bonjour El hadj Moussa ‘’ Moise’’ Camara, nous vous rencontrons ce matin, c’est pour bien connaître le contenu de votre carnet de santé. Vous semblez physiquement diminué, qu’en est-il de votre santé en général ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : sincèrement, j’ai mal aux reins et j’ai des difficultés à marcher. En ce moment, je suis constamment couché et ce sont mes petits enfants qui m’aident à me lever et à marcher. Les douleurs se calment progressivement, mais je suis toujours immobile et confiné à la maison.
Guineenews : peut-on savoir quels centres hospitaliers vous ont reçu, suite à votre maladie, et cela, depuis quand ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : je suis passé dans plusieurs centres hospitaliers de la capitale pour des consultations et examens. La dernière clinique que j’ai fréquentée s’appelle FAG. Elle se situe à la minière, à proximité des locaux du BGDA. C’est là où les médecins ont jugé utile mon hospitalisation, qui a duré pendant 4 mois.
Guineenews : actuellement, à la maison, est-ce que vous bénéficiez d’un suivi médical ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : oui, à chaque fois, il y a un kinésithérapeute qui vient à mon chevet pour assurer les séances de massage et me soumettre à quelques mouvements de rééducation de mes membres. Je suis régulièrement en contact avec mon médecin traitant, qui veille particulièrement sur l’évolution de mon état de santé.
Guinéenews : y a-t-il eu des dispositions qui ont été prises par les autorités de votre département, pour vous aider à surmonter toutes ces épreuves auxquelles vous êtes confrontées, en ce moment ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : je suis désolé que le BGDA n’ait pas eu le répondant attendu, malgré mes diverses sollicitations. Je comprends que la jeune génération de dirigeants n’accorde presque pas d’importance à cette vieille garde que nous sommes. Je suis resté longtemps alité, sans que personne ne s’intéresse à mon cas de maladie.
Guineenews : le Ministère des arts, de la culture, du tourisme et du patrimoine historique à travers son cabinet, est-il au courant de votre maladie ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : peut-être oui, ou non, je ne sais pas. Et franchement, je ne peux rien vous dire, à ce sujet.
Guineenews : vous bénéficiez donc de quel soutien, pour faire face à toutes ces charges qui entrent en ligne de compte pour le rétablissement de votre santé ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : de la part du département, j’avoue que je n’ai reçu aucun soutien, même pas une visite de courtoisie de la part d’un cadre de ce ministère. Le Ministre, je le connais très bien. Il est originaire de Kindia et c’est un ami à un de mes fils et certainement, il ne sait pas que je suis malade. Dans tous les cas, pour le moment je n’ai vu personne d’entre eux.
Du début, jusque-là où je suis présentement, ce sont mes enfants, mes petits-enfants, au fait, ma famille et quelques bienfaiteurs qui m’ont soutenu car, il faut être reconnaissant dans la vie. Permettez-moi, d’accorder une note particulière à mon Jeannot Williams qui, durant toute mon hospitalisation était toujours présent à l’hôpital. Il a été d’un soutien remarquable dans tous les domaines, et c’est réconfortant d’avoir de tels amis à coté, pendant ces dures périodes et grand merci à lui.
Guineenews : quel appel avez-vous à lancer aux autorités guinéennes face à vous, artistes, sportifs ou autres, qui se retrouvent souvent dans de telles situations ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : aux autorités guinéennes, je leur dirais de prouver de la reconnaissance à l’endroit de ceux-là, qui ont défendu les couleurs nationales du pays, sur les terrains et sur les scènes. Elles doivent s’occuper des anciens, qui ont tout donné pour ce pays, sans s’attendre à aucune récompense en retour. C’est cela aussi, un autre pan de l’histoire de la Guinée. Vouloir nous abandonner, c’est vraiment rayer une partie de notre histoire car, nous avions écrit en lettre d’or, l’histoire de la culture guinéenne.
Guineenews : le département de la culture, en collaboration avec le BGDA, avait signé une convention avec NSIA BANQUES pour la couverture en assurances-maladies, au profit des artistes et musiciens. Aviez-vous souscrit à cette convention ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : écoutez, s’agissant de cette prise en charge, qui présente beaucoup d’avantages pour une souscription de seulement de 400.000 fg par an, une autre mesure s’est imposée. Cette disposition ne profite pas à nous les anciens, âgés de plus de 70 ans. Nous ne sommes pas pris en compte. J’ai 87 ans exactement, maintenant. Donc, je suis automatiquement et depuis très longtemps, frappé par cette mesure. Je ne bénéficie de rien au compte de cette convention.
Guineenews : vous pensez que c’est normal aujourd’hui, de s’occuper plus des personnes moins âgées que de celles plus âgées ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : moi à mon avis et ce n’est pas puisque je suis dans ce cadre, il faut d’abord s’occuper des personnes plus âgées. Quant aux moins âgées, il faut continuer à les assister, pour qu’elles vivent plus longtemps et soient demain, des personnes plus âgées et objets de tous les soins qu’il faut. Je me pose la question de savoir, pourquoi cette décision.
Guineenews : peut-on connaitre vos sources de revenus, actuels ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : ma première source de revenus c’est ma pension qui émane de la Société FRIGUIA, parce que, j’ai travaillé pendant 32 ans à l’usine de Fria. Il faut dire aussi que mes enfants m’apportent un plus dans ma subsistance, et c’est une autre source de revenus. Je perçois aussi annuellement mes droits d’auteur, au niveau du BGDA, et vous savez, quand même, ce que vaut ce montant.
Guineenews : est-ce qu’on peut affirmer à l’instant, qu’El hadj Moussa Moise est dans le désespoir ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : je suis complètement dans le désespoir. Cet état d’âme s’explique simplement du fait, que je me sens abandonné par ma corporation et par les autorités compétentes. Le désespoir vient de là et cela me torture.
Guineenews : tenant compte de ce que vous dites, peut-on supposer, un seul instant, que vous regrettez d’avoir servi ce pays ?
El hadj Moussa ‘’Moise’’ Camara : non et non, pas du tout ! Et puis, il faut retenir que le pays ne vous fait jamais du tort. Le mal est ailleurs, au niveau des hommes. J’ai savouré pleins d’instants de bonheur dans ce pays, à travers la musique. Je suis très fier d’avoir participé au développement de la culture guinéenne. Je n’ai aucun regret et s’il fallait le refaire, je m’y remettrai encore à fond. Le pays nous a tout donné. Nous passerons toute notre vie à le servir, sans éponger les dettes que nous avons contractées vis-à-vis de lui.
En bon croyant, il faut s’en remettre à la volonté de Dieu.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews.