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Après avoir pris leur mal en patience pendant plusieurs mois, les 50 enseignants chercheurs guinéens recrutés pour qualifier l’enseignement supérieur en Guinée se font entendre. Lors d’une conférence de presse qu’il a animé ce mercredi 22 janvier 2025, le groupe des 50 Phd a dénoncé la « discrimination » salariale dont il se dit être victime. Même s’ils ne comptent pas engager un bras de fer avec les autorités, ils souhaitent néanmoins que leur cri de cœur soit entendu.
Dr Siba Théodore Koropogui, l’un d’eux a dévoilé leurs préoccupations. « On voulait avoir 150 Guinéens titulaires de doctorat pour être recrutés dans l’enseignement supérieur. Mais le processus a démontré que nous n’avons pas 150 titulaires de doctorat actuellement dans le système. On a pu trouver 57, mais si on réduit encore à 50, le déficit devient encore plus remarqué. On n’est pas nombreux à détenir un doctorat, mais ceux qui en ont, il ne faut pas les exclure du processus. Ce n’est pas uniquement le salaire qui nous préoccupe, mais nous avons plusieurs préoccupations. La première c’est que nous travaillons depuis octobre, on souhaiterait être payés parce que beaucoup vivent une situation compliquée aujourd’hui. Certains sont déplacés des pays lointains, y ont laissé leurs familles, ont dû s’installer et s’équiper, tout ce qui s’en suit. Donc si on travaille sans avoir accès à notre salaire ça devient compliqué, c’est un droit. En plus de cela, l’état salarial, il y a des grades. En tant qu’assistants, on est payés à 8 millions de francs guinéens. Et l’équivalent de notre diplôme ou de notre grade des étrangers c’est 28 millions de francs guinéens. Les 43 millions de francs guinéens, c’est pour des professeurs. Et un équivalent comme ça d’un Guinéen c’est 14 millions de francs guinéens. »
Plus loin, il a dénoncé la discrimination salariale dont ils sont victimes. « Dans plusieurs systèmes éducatifs dans le monde, je n’ai jamais vu un écart de salaire lié à la nationalité. Je vois qu’il y a un écart de salaire lié à l’expérience d’enseignement. Donc nos revendications c’est qu’on soit payés, que l’écart salarial soit annulé. L’autre chose aussi, c’est qu’il ait un budget pour financer la recherche parce qu’en tant enseignants chercheurs, nous devons enseigner le fruit de notre recherche. Mais si on ne fait pas la recherche, on ne fait qu’enseigner, à ce moment on enseigne l’histoire de nos disciplines. On enseigne ce que les autres ont écrit. On va parler de la France, du Canada aux étudiants guinéens. Par exemple dans mon domaine, l’étudiant guinéen veut savoir comment fonctionne l’entreprenariat en Guinée, pas comment ça fonctionne aux États-Unis. Mais si je ne suis pas capable de faire la recherche en Guinée, produire les connaissances originales du contexte pour enseigner aux étudiants guinéens, à ce moment je vais enseigner l’histoire de l’entreprenariat et non pas l’entreprenariat contexte guinéen. Pour ça, il faut qu’il ait un financement destiné à soutenir les chercheurs qui souhaiteraient investiguer dans cette direction. Mais aujourd’hui nous n’avons aucune visibilité sur cela », déplore-t-il.
Pour sa part, Dr Hady Diallo a laissé entendre qu’ils restent ouverts au dialogue avec les autorités compétentes. « Logiquement, quand on voit le contexte dans lequel l’appel à candidature a été lancé, quand on voit la réalité des besoins du pays dans ce domaine là, on avait besoin de 150 Dhd de nationalité guinéenne. En fin de compte, on n’en a eu que 57 qui ont été réduits à 50. Donc cela signifie tout simplement que le besoin est là. Alors comment expliquer que ceux qui se sont engagés dans ce processus là soit aujourd’hui soumis à ce type de traitement ? Nous ne comprenons pas non plus cette situation. Nous ne sommes pas là dans le but d’engager un bras de fer. Nous sommes des enseignants chercheurs et ce qui nous préoccupe aujourd’hui c’est avoir la tête tranquille et nous consacrer entièrement à la recherche et à l’enseignement. C’est un métier qui ne peut pas aller avec ce type de mouvement. L’étape suivante pour nous et nous l’espérons bien, ce sera le dialogue et surtout des réponses concrètes aux revendications que nous avons effectuées ici », a-t-il espéré.