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J’ai appris dans la vie qu’il est souvent facile de rester à l’écart et critiquer. Et pourtant, l’impact réel n’est possible que lorsqu’on choisit de s’impliquer — surtout lorsque les décisions prises aujourd’hui influenceront l’avenir des générations à venir. L’enjeu est donc crucial. Lorsqu’on aime son pays et que l’on sait que l’avenir de ses enfants y est lié et enraciné, il devient un devoir de contribuer à son développement en faisant le choix de devenir une force de proposition par des idées concrètes et des solutions réalistes.
Le projet Simandou est aujourd’hui au cœur de l’avenir économique de la Guinée. En tant que citoyen sensible aux questions de développement de la Guinée, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes engagées, porteuses d’une véritable vision pour notre pays, y compris concernant le projet Simandou. Cependant, je suis convaincu qu’avec plus de transparence, une stratégie optimale et adaptée et une exécution rigoureuse, nous pourrons en maximiser l’impact au profit de tous les Guinéens.
Afin d’enrichir cette réflexion, j’ai étudié comment d’autres pays ont transformé leurs ressources naturelles en véritables moteurs de développement national. Le Botswana, avec ses diamants, le Chili, leader mondial du cuivre, et la Norvège, grâce à son fonds souverain pétrolier, ont tous bâti des modèles solides fondés sur la bonne gouvernance, la discipline dans la gestion financière et une vision à long terme.
Ces exemples montrent qu’un projet minier de telle envergure peut, s’il est bien pensé et piloté, devenir un pilier du développement durable. Inspiré par ces approches, je propose ci-dessous un cadre adapté à la Guinée susceptible de faire du projet Simandou, un levier pérenne de croissance durable et inclusive. Je sais que certaines de ces idées sont déjà à l’étude, mais je souhaite les partager pour enrichir le débat national autour de ce projet.
Objectif
Faire du projet Simandou un moteur de croissance durable et inclusive, en veillant à ce que ses revenus soient utilisés de manière stratégique dans les secteurs porteurs de croissance réelle et impactante à savoir l’agriculture, l’énergie, l’éducation, les PME et les infrastructures, tout en maximisant les recettes de l’État et en protégeant l’intérêt national.
Pour ce faire, plusieurs pistes doivent être envisagées, à savoir :
- Gestion optimisée des revenus
- Création du Fonds Souverain de Développement de Guinée (FSDG), inspiré du modèle norvégien, pour sécuriser et faire fructifier les ressources nationales.
- Répartition révisée des recettes :
- 25 % en épargne et investissements internationaux à long terme.
- 30 % dans les infrastructures nationales, avec un accent particulier sur la production et la distribution d’électricité.
- 25 % dans l’agriculture et la sécurité alimentaire, secteur clé pour l’autosuffisance et la transformation locale.
- 20 % pour le développement des communautés et le soutien actif aux PME guinéennes.
- Renforcement du contrôle fiscal pour garantir une déclaration juste des revenus et prévenir toute optimisation fiscale abusive.
- Amélioration du processus de passation des marchés
- Réforme des procédures d’appels d’offres pour lutter contre la corruption et les surfacturations :
- Publication systématique des appels d’offres et des résultats.
- Audits indépendants réguliers.
- Formation de cadres guinéens spécialisés dans la gestion des marchés publics et le contrôle des prix.
- Mise en place d’un mécanisme citoyen d’alerte et de suivi.
- Développement du contenu local et soutien aux PME
- Adoption d’une loi sur le contenu local, imposant qu’au moins 25 % des biens et services soient fournis par des entreprises guinéennes.
- Création d’un Fonds de Développement des PME, axé sur l’agriculture, l’énergie et les services industriels, offrant des prêts à taux préférentiels et un accompagnement technique.
- Obligation pour les opérateurs miniers d’investir dans la formation professionnelle des jeunes guinéens et de les intégrer dans leurs opérations.
- Investir dans l’éducation et les compétences
- Affecter une part des revenus à :
- La construction de centres de formation dans les zones minières et agricoles.
- L’expansion des programmes STEM et la mise en place de bourses dans les domaines stratégiques (agriculture, énergie, ingénierie, gestion de projets).
- Des partenariats avec des institutions internationales pour encourager l’innovation et le transfert de compétences.
- Gouvernance et transparence renforcées
- Mise en place d’un Conseil indépendant de suivi des revenus du projet Simandou, composé de représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé et d’observateurs internationaux.
- Adhésion pleine et entière aux principes de l’ITIE pour garantir la transparence dans la gestion des industries extractives.
- Création d’une plateforme publique de suivi financier, accessible à tous les citoyens pour consulter en temps réel l’utilisation des fonds issus du projet Simandou.
Conclusion
En s’appuyant sur ces recommandations inspirées des expériences du Botswana, de la Norvège et du Chili, et en mettant l’accent sur l’agriculture, l’énergie et la bonne gouvernance, la Guinée peut faire du projet Simandou un levier stratégique de développement durable, garantissant des retombées concrètes pour les générations actuelles et futures.
NB : Dans nos prochains articles, nous parlerons de cas pratiques de projets à envisager dans différents domaines qui seront de nature à créer une valeur ajoutée autour du projet Simandou pour en faire un véritable programme de développement de la Guinée.
Titulaire d’un Exécutif MBA, Gassim Bah est un banquier exécutif basé à Washington D.C. Spécialiste de l’économie mondiale, la finance et les systèmes bancaires, il accompagne les réflexions stratégiques sur les enjeux économiques et financiers contemporains. Conférencier inspirant sur ces questions, il est polyglotte (Anglais- Français-Japonais et plusieurs langues nationales)