Procès de Singleton à Coyah : entre aveux, pardon et tensions judiciaires

Le procès de l’artiste guinéen Mohamed Seydou Bangoura, alias Singleton, s’est ouvert ce mercredi 3 septembre 2025 au tribunal de première instance de Coyah, sous haute sécurité. Poursuivi pour homicide involontaire après un accident de la circulation ayant coûté la vie à un sexagénaire, le chanteur a comparu vêtu de blanc, tête baissée, escorté par des gendarmes et policiers.

Dès son arrivée vers 10 heures, la salle d’audience était déjà bondée, rassemblant proches, soutiens de l’artiste et journalistes. À 11 heures, le juge Philip Gonga Mamy a ouvert la séance en appelant l’affaire. Après débat, la médiatisation du procès a été autorisée.

Invité à la barre, Singleton a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Avant de livrer sa version, il a observé une minute de silence en mémoire de la victime : « (…) Je me rappelle bien de ce jour comme si c’était aujourd’hui. Je quittais ma plantation avec ma femme et mes deux enfants. On était dans la voiture. Et arrivé au niveau du virage de Toguiron après le pont, j’ai subitement vu un motard tombant et glissant vers mon côté. J’ai essayé de l’esquiver. D’un coup, j’ai entendu un gros bruit. Il s’est retrouvé sous la voiture. Je sais qu’il a souffert. Je suis resté dans la voiture parce que j’avais peur et j’étais paniqué, je tremblais (…) Je demande à la famille de me pardonner. Je suis vraiment choqué. Je ne l’ai pas fait exprès. Je demande pardon à la famille Traoré. Je demande pardon à toute la Guinée et à la justice aussi .» 

Dans sa déposition, l’artiste a expliqué qu’au moment de l’accident, il se trouvait avec sa femme et ses deux enfants, et non avec des éléments des forces spéciales comme certaines rumeurs l’ont affirmé. Il a reconnu que son véhicule n’était pas assuré, même s’il dispose d’un permis de conduire. Selon lui, la peur de représailles l’a empêché de secourir la victime immédiatement.

À la suite de l’interrogatoire du prévenu, le petit frère de la victime, Mohamed Traoré, a pris la parole au nom de la famille. Il a reproché à Singleton d’être resté cloîtré dans sa voiture après l’accident et d’avoir quitté les lieux sans véritable considération pour le défunt : « Sur place, il est resté dans le véhicule pendant 20 minutes. Ensuite, il est allé réparer sa voiture avant de rentrer à Conakry tranquillement. »

La partie civile a par ailleurs indiqué que lorsque l’artiste a été contacté via la police routière, il aurait tenté de rejeter la responsabilité de l’accident. Elle a aussi confirmé que la famille de Singleton avait envoyé une délégation et une somme de 2 millions GNF pour les obsèques. Mais ce montant a été refusé. Finalement, la famille Traoré a néanmoins accepté les excuses du chanteur en audience.

Les avocats de la défense ont sollicité la comparution de plusieurs témoins et la mise en liberté de leur client. Le tribunal a partiellement accédé à leur requête, ordonnant notamment la production du permis de conduire de l’artiste et la comparution de certains témoins.

En revanche, la demande de remise en liberté provisoire a été rejetée, malgré les arguments de la défense. Singleton retourne donc à la maison d’arrêt de Coyah, où il est détenu depuis le 1er septembre.

L’affaire a été renvoyée au 9 septembre 2025 pour la poursuite des débats. En attendant, le procès de l’un des artistes les plus populaires du pays continue de susciter une forte attention médiatique et sociale.