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Il aurait dû se limiter à “la Guinée reste et demeure une famille” : les naïfs l’auraient applaudi sans se douter que ce slogan sonne creux, car un pays ne peut pas être une famille. Mais le ministre Secrétaire général à la Présidence a poussé le bouchon plus loin, jusqu’à risquer de stigmatiser toute une communauté.
“Aujourd’hui, Mamou, la ville carrefour de notre belle Guinée, nous montre qu’il n’est plus possible de se victimiser derrière une ethnie”, a-t-il lancé du haut de la tribune, sous les ovations des citoyens mobilisés pour soutenir le général Mamadi Doumbouya.
“La Guinée reste et demeure une famille”, a-t-il ajouté, sans réaliser que ce slogan est vide de sens et contredit l’esprit de toutes les constitutions guinéennes depuis 1958, lesquelles consacrent au contraire la diversité ethnique et culturelle du pays.
Poussant encore plus loin, le général Amara Camara a déclaré : “Il est déplorable que certains, se réclamant de la communauté peule ou du Fouta, choisissent d’aggraver la souffrance de nos compatriotes”. Sic.
Ces propos vont à l’encontre des valeurs républicaines de solidarité et d’harmonie, et compromettent gravement l’intégrité du tissu social. En prononçant simultanément les mots “communauté peule” et “victimisation”, le général Amara ravive des blessures historiques, notamment celles du régime de Sékou Touré qui, en 1976, avait évoqué le “génocide peul”.
Quelques années plus tard, sous Alpha Condé, une autre formule avait soulevé l’indignation : “Je donne l’Assemblée nationale à la Forêt, la Primature à la Basse-Côte”, s’était-il vanté, lui-même se réclamant de la Haute Guinée. À l’époque, l’actuel ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, avait vigoureusement dénoncé cette forme de discrimination.
En clair, la déclaration du général Amara Camara comporte un risque sociologique majeur : en dénonçant publiquement une communauté particulière — en l’occurrence “certains se réclamant de la communauté peule ou du Fouta” — il contribue, volontairement ou non, à ethniciser le débat, à essentialiser les comportements, et donc à renforcer les ressentiments qu’il prétend combattre.
Car en sociologie, il est bien établi que désigner un groupe dans un contexte tendu, comme c’est le cas en Guinée, alimente la stigmatisation collective. Celle-ci entraîne souvent un repli identitaire, une crispation communautaire et une défiance accrue envers l’État et ses représentants.
Il aurait été plus judicieux, s’il voulait réellement désamorcer les tensions, de se concentrer sur l’appel aux valeurs communes, sans cibler explicitement un groupe ethnique. Un discours inclusif, insistant sur “les Guinéens dans leur ensemble”, aurait mieux servi l’objectif d’unité nationale.
L’article Mamou : le général Amara Camara sur le terrain glissant de la stigmatisation ethnique est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.