PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Autant les dérives autoritaires sont déplorables, autant la lutte contre la délinquance économique et financière est louable. Autant il est hors de question de défendre les prévaricateurs de nos ressources, autant il est impossible de garder le mutisme devant certains cas. Comme celui du Pr Dadhi Baldé.
Pourquoi évoquer le cas d’un seul homme parmi beaucoup d’autres ? Parce que ce médecin est un homme pas comme les autres. Il ne s’agit pas de le dédouaner. Ce travail relève de la justice. A laquelle il faut faire confiance. En dépit de tout.
Pr Baldé ne devait pas accepter le poste de Directeur Général de l’hôpital Ignace Deen. Mais depuis l’indépendance de la Guinée, les dirigeants de ce pays clament une chose et font une autre. Comme le slogan “l’homme qu’il faut à la place qu’il faut”. Dans un pays normal, ce principe relève de l’ordre naturel des choses. Un scientifique de l’envergure de Pr Baldé ne devait pas être mêlé à la gestion financière. Une sagesse nous apprend qu’il vaut mieux de dire “je ne suis pas entré que je suis entré mais je n’ai rien pris”.
Ce médecin, dont les compétences sont reconnues hors des frontières guinéennes, est à la cardiologie en Guinée ce que son homologue Denis Mukwege est à la gynécologie au Congo Kinshasa. Plusieurs témoignages l’attestent. Un journaliste guinéen, dont il était le médecin traitant, a été évacué au Maroc avec une pathologie cardiaque. Les médecins du royaume ont salué la pertinence du diagnostic posé à Conakry et le traitement administré. Ils ont adressé un satisfecit à leur homologue guinéen. Reconnaissant de facto qu’un pays ayant un médecin comme le Pr Baldé n’a pas forcément besoin d’évacuer ses malades à l’étranger. Mais nul n’est prophète dans son pays.
Une autre anecdote : Le professeur Baldé, qui sillonne certains pays du continent pour assister ses collègues, était en mission médicale à Kinshasa où il a consulté un jeune guinéen. Il a demandé à son compatriote quelle est sa nationalité. Celui-ci a répondu qu’il est Sénégalais. Quelques mois plus tard, le médecin a retrouvé le fameux sénégalais à Ignace Deen. Les ennuis de ce médecin pourraient affecter ses nombreux malades. Car un homme empêtré dans des problèmes judiciaires ne peut pas soulager d’autres hommes. D’où le souhait qu’il se tire rapidement d’affaires pour s’occuper de ses patients. Et, bien évidemment, laisser la gestion et ses pièges à d’autres.
Cette autre anecdote est la preuve que tout ce qui touche au médecin peut toucher ses patients : Dans les années 90, la Guinée avait un célèbre psychiatre du nom de Dr Diawara à Donka. Ce médecin, reconnu pour ses compétences, soulageait beaucoup de malades mentaux. Mais puisque les médecins sont aussi mortels, Dr Diawara décède. La nouvelle est répandue à Conakry. Selon des témoignages, un de ses patients, qui avait recouvré toutes ses facultés mentales, sombra de nouveau dans la dépression à l’annonce du décès de son médecin.
Habib Yembering Diallo