Le principe de séparation entre l’État et les religions signifie-t-il absence totale du premier dans la règlementation de l’activité religieuse ? [Par Sayon Mara]

il y a 1 jour 112
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Depuis l’interpellation d’une vingtaine de personnes, le lundi 31 mars 2025, à Kourémalé, une localité frontalière entre la République de Guinée et le Mali, pour avoir célébré l’Aïd el-Fitr en différé d’un jour, des commentaires vont tous azimuts. Si d’aucuns dénoncent une atteinte à la liberté de culte, d’autres par contre estiment qu’il est nécessaire de respecter les décisions des autorités religieuses pour éviter que la confusion et les tensions s’installent au sein de la communauté. Les premiers donc arc-boutent leurs arguments contre la laïcité pour justifier l’attitude de ces fidèles musulmans. Pour les tenants de cette position, les populations, au nom de ce qu’ils estiment être la liberté de culte, ont le plein droit de pratiquer leurs religions ou de célébrer l’Aïd el-Fitr à la date de leur convenance. Pour le deuxième groupe par contre, acquiescer une telle attitude qu’ils considèrent d’anarchiste, occasionnerait la désobéissance religieuse dans le Pays.

Ce quiproquo dans l’interprétation de la notion de liberté de culte et de laïcité amène à poser les questions suivantes : Qu’est-ce que la liberté de culte, la laïcité ? Mieux, la liberté de culte ou la laïcité signifie-t-elle désobéissance religieuse ? Aller à l’encontre de la décision des autorités n’est-il pas constitutif d’un acte déviationniste ? Autrement, le principe de séparation entre l’État et les religions signifie-t-il liberté de s’opposer ou de désobéir aux décisions des autorités religieuses ?

La liberté de culte, encore appelée liberté de religion ou de croyance, est un droit fondamental permettant à une personne de choisir et de pratiquer une religion. La laïcité, elle, est « le principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse » et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses ». Mais, quelles son les missions et attributions du Secrétariat général des affaires religieuses ?

Le Secrétariat Général des Affaires Religieuses a pour attributions la conception, l’élaboration et la mise en œuvre de la politique du Gouvernement dans le domaine des Affaires Religieuses et d’en assurer le suivi. Ace titre, li est particulièrement chargé :

  1. de promouvoir et de vulgariser les principes religieux tirés des Livres Saints ;
  2. de veiller au respect des principes religieux ;
  3. de promouvoir la culture, l’éducation, la formation et l’information conformément aux principes religieux ;
  4. de promouvoir la culture du dialogue et de la tolérance inter et intra confessionnelle ;
  5. de protéger le patrimoine religieux ;
  6. de favoriser le développement des infrastructures religieuses ;
  7. de cultiver l’esprit citoyen chez les fidèles croyants ;
  8. de promouvoir, de contrôler et de superviser les activités des associations et ONG religieuses ;
  9. d’organiser les pèlerinages et Umrah aux lieux saints ;
  10. de contribuer à la promotion et à la protection des Droits de l’Homme selon les principes religieux ;
  11. de contribuer à la préservation de la paix et de la quiétude sociale ;
  12. de lutter contre les activités à tendances déviationnistes ;
  13. de participer à la lutte contre les travers sociaux ;
  14. de contribuer au renforcement de l’éducation morale, civique et spirituelle des fidèles croyants ;
  15. d’organiser les concours de lecture, de récitation et d’interprétation du Saint Coran ;
  16. de veiller à la bonne organisation des fêtes et cérémonies religieuses ;
  17. de participer à la prévention et à la gestion des conflits ;
  18. d’encourager les fidèles croyants à s’acquitter de la zakat, de l’aumône et de la dime ;
  19. de promouvoir et de superviser les types de WAQF ;
  20. de participer à la promotion des actions humanitaires ;
  21. de prendre en compte la dimension environnementale dans les programmes et projets du Département ;
  22. de promouvoir le genre et l’équité dans les activités du Département ;
  23. d’organiser et participer aux rencontres nationales, sous régionales, régionales et internationales traitant des questions relatives aux affaires religieuses.

De la lecture des missions et attributions susvisée, il ressort nettement que le Secrétariat Général des Affaires Religieuses a bel et bien le droit de règlementer, de contrôler et de superviser les activités religieuses. En clair, aller à l’encontre de la décision des autorités religieuses concernant la date de célébration de l’Aïd el-Fitr constitue un acte déviationniste (point 12 ci-dessus).

Bref, les Imams, les Chefs religieux de toutes les confessions religieuses, doivent respecter les instructions des autorités religieuses pour éviter que l’extrémisme religieux, conduisant souvent aux actes terroristes, prenne le dessus. Si tout le monde a la liberté de faire tout ce qu’il veut sur l’espace public qui est pourtant rigoureusement protégé par la législation en vigueur dans notre pays, ça devient du désordre, de la pagaille.

Sayon MARA, Juriste

L’article Le principe de séparation entre l’État et les religions signifie-t-il absence totale du premier dans la règlementation de l’activité religieuse ? [Par Sayon Mara] est apparu en premier sur Mediaguinee.com.

Lire l'article en entier