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C’est dans les ruines de l’ancien palais de justice vandalisé et incendié en 2020 lors des violents événements survenus contre le troisième mandat du professeur Alpha Condé, que le tribunal de première instance (TPI) de Labé fonctionne tant bien que mal. La résidence du procureur sert même de local à l’administration judiciaire, pour combler ce manque d’infrastructures. Par ailleurs, Labé reçoit les détenus de 5 préfectures de la moyenne Guinée qui de nos jours ne disposent pas de prison civile. Une situation qui entraîne bien évidemment une surpopulation carcérale comme l’indique ici le procureur Morice Onivogui, dans cette interview exclusive accordée à Guinéenews.
Guinéenews : Quatre ans après la destruction des locaux du TPI de Labé, dans quelles conditions travaillez-vous ?
Maurice Onivogui : nous travaillons dans des conditions un peu difficiles comme partout ailleurs au niveau de la justice. C’est vrai qu’il y a des avancées. Au niveau de Labé en 2020 le palais de justice a été incendié et pour le moment nous travaillons dans le bâtiment qui servait de résidence au procureur de la république. Donc, c’est ici que nous travaillons. Il y a trois bureaux à ce niveau. Moi j’occupe un bureau, le président du tribunal un bureau et le troisième est occupé par le juge d’instruction. Les annexes qui sont derrière sont occupées par les autres magistrats c’est-à-dire les juges et les substituts.
Guinéenews : est-ce que les bureaux sont au complet, et qu’en est-il du mobilier ?
Maurice Onivogui : oui on s’est battu afin que chacun ai son bureau. Il n’y a pas deux magistrats dans un bureau. Le ministère de la Justice nous a envoyé des meubles qui nous permettent de travailler. On a fait la demande et les meubles sont arrivés. Pour ce qui est des meubles quand même, le département nous a beaucoup accompagnés et nous avons reçu les meubles.
Guinéenews : donc vous êtes à l’aise ici ?
Maurice Onivogui : bon, pas qu’on se sente à l’aise mais à défaut de ce qu’on aime, on se contente de ce qu’on a.
Guinéenews : y a-t-il des projets en cours pour la reconstruction du palais de justice ?
Maurice Onivogui : oui il y a des projets en cours ; je ne peux pas vous dire exactement quand ça va commencer mais le département est déjà à pied d’œuvre pour la construction d’un nouveau bâtiment. Mais je ne saurais vous dire quand, mais le département est la-dessus.
Guinéenews : maintenant si je prends le cas de la prison civile de Labé qui est la plus grande de la moyenne Guinée ; comment elle se présente de nos jours ?
Maurice Onivogui : je ne dirais pas que c’est une prison régionale mais actuellement vu que Tougué et Koubia n’ont pas de prison, ça fait que ces deux préfectures ont leurs prisonniers ici à Labé. Ce qui fait que les condamnés de certaines préfectures sont aussi là-dessus ; même Pita a ses prisonniers ici. Il y a aussi Mali et Lélouma. Ainsi, nous avons un effectif très important qui compte entre 200 et 300 prisonniers.
Guinéenews : donc, il y a une surpopulation carcérale ?
Maurice Onivogui : oui, oui. Mais, on se bat pour organiser les audiences criminelles comme vous le savez déjà. C’est pour cela que toutes les fois que nous avons l’occasion avec les avocats d’organiser les audiences criminelles nous les organisons pour que les gens soient situés sur leur sort. S’ils doivent rester pour purger leur peine qu’ils restent, s’ils doivent être relaxés ou acquittés qu’il en soit ainsi également. Donc moi depuis que je suis là j’ai pu organiser quatre audiences criminelles et je suis aujourd’hui à 26 dossiers criminels traités en une année, car je suis là depuis le mois de mars 2023.
Guinéenews : vous avez dit que Tougué, Koubia, Mali et Lélouma n’ont actuellement pas de prison ; alors comment font-ils avant le transfert des détenus à Labé ?
Maurice Onivogui : pour ce qui est des détentions préventives, ils utilisent les locaux de la police et de la gendarmerie. Maintenant après, ils sont déférés ici à Labé dans les véhicules de la gendarmerie et de la police.
Guinéenews : à un moment donné Labé avait des problèmes de véhicules pour ce qui est par exemple du déplacement des détenus de la prison au palais de justice ; c’est toujours le cas ?
Maurice Onivogui : bon, ce n’est pas totalement réglé mais on se débrouille à les faire venir dans un véhicule.
Guinéenews : côté personnel, c’est quoi la situation au niveau du TPI de Labé ; avez-vous des vides ?
Maurice Onivogui : je dirai oui parce que sur deux magistrats au siège pour un tribunal de première instance comme Labé, je crois que c’est insuffisant mais les informations sont déjà remontées et le ministre de la Justice est déjà en train de travailler sur ça. Dans les jours ou mois à venir, surement ont aura des magistrats.
Guinéenews : quelles autres difficultés vivez-vous ici ?
Maurice Onivogui : les difficultés c’est une problématique générale, ce n’est pas qu’à Labé. C’est la même chose partout. Mais nous essayons quand même de gérer pour satisfaire en grande partie les justiciables et la population de Labé.
Guinéenews : la collaboration avec la population ?
Maurice Onivogui : bon, elle est au bon fixe ; la population de Labé quand même, pour le moment je n’ai pas de problème avec la population de Labé et la population de Labé n’a pas de problème avec la justice. Pour le moment tout se passe très bien et ça fait que samedi dernier j’ai organisé la cérémonie de remise des réhabilitations des officiers de la police judiciaire. A cette occasion, tous les 28 chefs de quartiers étaient présents ; ainsi que l’administration, la commune, tout le monde était là. Ça dénote déjà que ça va bien entre la justice et la population de Labé. Si c’était le contraire, les chefs de quartiers n’allaient pas être là ; mais les 28 étaient présents avec la mairie, le gouvernorat, la préfecture, tout le monde.
Guinéenews : vous avez souligné que vous avez traité à ce jour 26 dossiers criminels ; parmi ces dossiers, quelles sont les infractions les plus récurrentes ?
Maurice Onivogui : ici à Labé sur les infractions criminelles, ce sont les infractions sexuelles qui sont un peu récurrentes. Je veux parler du viol, des cas de viol. Sur les 26 dossiers criminels que j’ai jugés ici, il y a au moins 18 dossiers pour viol qui ont été examinés. Ce qui veut dire effectivement qu’il y a assez de viols à Labé. C’est pourquoi, les sensibilisations avec l’UNICEF nous avons organisé cela en collaboration avec l’inspection régionale de la promotion féminine et de l’enfance. Sinon il y a assez de cas de viols, car même les dossiers criminels que j’étudie actuellement renferment plusieurs cas de viols.
Des propos recueillis par Alaidhy Sow Labé, pour Guineenews.org