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Cela fait environ un mois que les habitants de Kaloum ont été tirés de leur sommeil par une explosion mortelle du dépôt des carburants. Et depuis, les causes de cette explosion destructive ne sont pas encore connues du peuple de Guinée. Pourtant, dans l’émotion et la douleur des premières heures, les autorités avaient promis de faire la lumière sur cet accident.
Certes le département de la Sécurité et de la Protection Civile avait mis tous ses efforts dans le combat pour maîtriser et éteindre l’incendie, mais les voies se sont tues sur les enquêtes pouvant éclairer la population sur cet accident. Tout le monde est concentré sur la réception et la distribution des dons en vivres aux victimes.
Interrogés, certains responsables du ministère de la Sécurité rencontrées promettent de faire la lumière sur cet accident qui a endeuillé des familles et causé beaucoup de dégâts matériels. Les Guinéens attendent alors d’en savoir plus sur cette affaire dont le ou les auteurs(s) , s’ils en existent, courent toujours. Les automobilistes et autres motocyclistes, eux, vivent un calvaire en attendant l’arrivée des citernes en provenance de la Sierra-Leone et de la Côte d’Ivoire.
Le calvaire des automobilistes ces derniers jours
Des files d’attente s’allongent toujours devant les stations-service, pour des automobilistes et des motocyclistes en quête du précieux liquide. Le gouvernement fait des mains et des pieds pour faire face à la crise. Mais la situation perdure, portant un sérieux coup à l’activité économique. Les stations-service du pays connaissent des difficultés d’approvisionnement. Conséquence de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures dans la nuit du 17 au 18 décembre dernier. « Les choses vont rentrer dans l’ordre bientôt », malgré cette intervention rassurante d’un responsable de la SONAP suivie de celle du ministre porte-parole du gouvernement, les stations sont jusqu’ici dans l’incapacité de fournir normalement du carburant. Près de quatre semaines après l’explosion, la situation à la pompe est tendue et l’inquiétude se lit sur les visages. La peur plane sur tous les foyers. Quand peut-on espérer réellement un retour à la normale ?
L’intérieur du pays fortement touché
Les pompes des stations-service peinent encore à ravitailler les automobilistes, après l’incendie de plusieurs jours au dépôt d’hydrocarbures. Les stations-service ne désemplissent pas. Les automobilistes et autres motocyclistes passent des nuits blanches à attendre. C’est un calvaire dans les villes de l’intérieur du pays où les véhicules de transports de marchandises et ceux des voyageurs sont immobilisés dans les gares routières en attendant d’être ravitaillés. Tout est au point mort dans ces villes avec les activités économiques au ralenti.
Depuis quatre semaines donc, sur l’ensemble du territoire, les stations-service sont mises à rude épreuve. A l’intérieur, elles sont totalement à sec, d’après des informations reçues des transporteurs en provenance des villes de l’arrière-pays. La situation à la pompe est encore tendue dans ces zones. Si à Conakry on a pris des mesures de restriction. limitation des pleins à 25 litres pour les particuliers, interdiction du remplissage des réservoirs, à l’intérieur du pays, on ne voit aucune goutte sortir des pompes. « C’est une situation d’enfer que nous sommes en train de vivre à Dabola. Il n’y a pas de carburant et tout est arrêté. On ne sait plus que faire. Aucun véhicule ne peut se déplacer, aucun non plus ne rentre à Dabola. Tout est immobilisé. La situation que nous traversons actuellement est difficile », se lamente Lanciné Cissé, un des responsables du bureau de la Confédération des Transporteurs Routiers de Guinée.
Pénurie de carburant, les hôpitaux et certains services névralgiques en souffrent
Dans une clinique de la place dont nous taisons le nom, les patients sont soignés à même le sol, et les conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles. « Le personnel est incapable de faire fonctionner la machine de stérilisation centrale pour préparer nos équipements chirurgicaux. L’électricité continue d’être coupée. Nous sommes complètement dépendants du carburant qui n’est pas stable. La situation commence à être insoutenable. Le carburant, ce produit vital pour l’hôpital, est également essentiel pour les habitants… Nous avons besoin que du carburant soit livré dans les stations, sinon les hôpitaux vont fermer. Nous allons arrêter l’approvisionnement en eau potable, car les usines de dessalement ne pourront plus fonctionner « , déclare, Dr Alseyni B, le chirurgien rencontré lors de notre enquête. Une déclaration qui traduit les inquiétudes des responsables des hôpitaux face au manque de carburant. Et il y a de quoi.
Certaines cliniques privées de l’intérieur du pays sont obligées de gérer leurs urgences à la lampe torche, faute d’électricité. Il n’y a plus assez d’essence à la pompe pour les générateurs. « Nous avons frôlé le pire avant-hier nuit, quand au cours d’une intervention chirurgicale, le courant nous a lâchés. Mais Dieu merci nous avons réussi l’opération grâce à un petit groupe électrogène carburé avant la crise. Mais pour combien de temps ce groupe va nous sauver ? », s’interroge le médecin.
Les Guinéens frontaliers font le plein dans les pays voisins
Les villes frontalières de la Sierra-Leone, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée-Bissau et du Libéria seraient prises d’assaut par les citernes et des camions en provenance de la Guinée. Apprend-on des voyageurs en provenance de ces pays voisins.
« Les habitants de Labé et de Mali-Yimberin sont nombreux à se rendre au Sénégal pour faire le plein. En effet, de l’autre côté de la frontière, il y a le carburant à gogo et à des prix raisonnables. Une aubaine pour les propriétaires de camions de la zone. Il le faut. Sinon on ne s’en sortira pas », nous raconte au téléphone, Maoudow Samba, un des responsables du bureau local du syndicat du transport terrestre.
Ces habitants de la Moyenne-Guinée ne sont pas les seuls à faire leurs pleins en dehors de la Guinée. Beaucoup de transporteurs de la Haute-Guinée font le même trafic avec le Mali et la Côte d’Ivoire. Idem pour ceux de la Guinée-Forestière avec le Libéria et la Côte d’Ivoire, sans oublier les villes frontalières à la Sierra-Leone. Certains y vont pour des courses et en profitent pour passer à la station essence. « J’y vais à chaque fois que j’en ai besoin pour les courses et pour l’essence », témoigne un chauffeur. Attirés par la facilité, de plus en plus de chauffeurs de camions et de véhicules personnels vont faire le plein dans ces stations des villes de l’autre côté des frontières. Cette situation fait les affaires des gérants de ces stations.
Cette crise persistante de carburant qui interroge…
Où sont passés les dons des pays voisins amis qui, dans un élan de solidarité ont volé au secours de la Guinée dès les premières heures ? Les sociétés minières qui évoluent dans le pays, ont-elles été sollicitées ? Et que devient le reste du carburant qui a échappé à l’incendie ?
Selon le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, l’Etat a un problème logistique « …Nous avons un problème logistique. Le bateau qui était en train de ravitailler au moment de l’accident a été orienté vers la Sierra-Leone pour le dépotage. Des citernes ont commencé à rallier Conakry et certaines villes de l’Intérieur…Pour le carburant reçu de la Côte d’Ivoire, il nous faut 300 citernes. Mais la situation s’améliore. Le carburant est servi dans les stations et les queue des véhicules diminuent…Il faut remercier le peuple de Guinée pour sa résilience et la discipline observée pendant cette période de crise. D’ici quelques jours ce sera un retour à la normale », a-t-il déclaré sur les ondes de la télévision nationale.
Pour Ousmane Gaoual Diallo, il n’y a pas de feu en la demeure. La situation va s’améliorer comme on le constate déjà dans certaines stations de la capitale où il y a une légère amélioration. Mais saura-t-on un jour les causes et les auteurs de cet incendie ?