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« L’ardoise en bois n’est pas qu’un objet : elle est le témoin d’une époque, d’une culture et d’une spiritualité profondément enracinées. L’ardoise en bois, c’est bien plus qu’un outil. C’est une partie de nous, de notre histoire. Et si elle disparaît, c’est une partie de notre âme qui s’en va avec elle. «
Depuis plusieurs siècles, l’ardoise en bois incarne un savoir-faire exceptionnel, alliant durabilité, résistance, étanchéité et esthétisme. Pourtant, ce joyau ancestral, autrefois incontournable dans l’éducation religieuse et l’apprentissage du Coran, est aujourd’hui menacé de disparition. Peu à peu reléguée aux oubliettes, remplacée par les livres modernes, cette pièce emblématique de l’histoire culturelle et spirituelle mérite-t-elle de s’effacer ? Ou saura-t-elle retrouver sa place dans un monde en pleine mutation ?
Un outil pédagogique et spirituel
Pendant des générations, l’ardoise en bois a été l’outil privilégié pour l’enseignement religieux des enfants dans les communautés guinéennes. Son design épuré, sa surface lisse et sa robustesse en faisaient un instrument idéal pour graver les premières lettres et versets sacrés. Elle était bien plus qu’un simple support : un symbole de transmission, de discipline et de respect pour les textes saints.
Mais aujourd’hui, face à la montée en puissance des livres imprimés, cette tradition séculaire s’efface progressivement. Les ardoises, autrefois omniprésentes dans les écoles coraniques, sont délaissées au profit de méthodes d’apprentissage modernes.
Issiaga, gardien d’un savoir-faire ancestral
Fasciné par cet héritage en voie de disparition, nous avons rencontré Issiaga, un artisan expert dans la fabrication d’ardoises en bois. Dans son atelier, où résonnent les coups de marteau et le grincement des outils, il perpétue un savoir-faire transmis de génération en génération.
« Nous sommes nés dans une famille de fabricants d’ardoises, explique-t-il avec fierté. Considérant ce métier comme noble et empreint d’une certaine spiritualité, nous avons choisi de perpétuer cette tradition. Autrefois, l’affaire prospérait, bien que l’approvisionnement en bois fût un véritable défi. Mais une fois le bois obtenu, les ventes s’envolaient, et nous connaissions alors des jours florissants », se rappelle-t-il.
Dans son atelier, une équipe d’artisans travaille d’arrache-pied pour donner vie à ces ardoises. Chaque étape, de la découpe précise du bois au lissage minutieux, exige un savoir-faire unique et une passion inébranlable. Pourtant, malgré leur dévouement, Issiaga et ses compagnons constatent la raréfaction de leur clientèle.
Un appel poignant à la préservation
Face à cette situation, Issiaga lance un appel poignant aux parents et aux éducateurs : « Les parents d’élèves ont remplacé les ardoises par les livres coraniques. Pourtant, ce n’est pas ce qu’il faudrait. Seuls les enfants qui maîtrisent correctement les ablutions ont le droit d’utiliser les livres saints. Comme cela est rare, ce privilège revient généralement aux adultes. Les ardoises, elles, devraient rester l’outil des enfants. Mais aujourd’hui, tout a changé. Dans les écoles coraniques, tous les enfants ont délaissé les ardoises pour se tourner vers les livres saints. Et nous, nous nous retrouvons sans marché. Nous ne savons rien faire d’autre, c’est la seule chose que nous maîtrisons. Si nous avions d’autres compétences, il y a longtemps que nous aurions tourné la page. »
Une lutte contre l’oubli
Dans l’atelier d’Issiaga, chaque ardoise en bois fabriquée est une victoire contre l’oubli. Mais pour combien de temps encore ? Alors que la modernité avance à grands pas, ces artisans luttent pour garder vivante une tradition qui a façonné des générations entières.
L’ardoise en bois n’est pas qu’un objet : elle est le témoin d’une époque, d’une culture et d’une spiritualité profondément enracinées. Sa disparition serait une perte irréparable, non seulement pour les artisans qui la fabriquent, mais aussi pour les communautés qui y voient un lien tangible avec leur passé.
Et si, plutôt que de la laisser s’éteindre, nous lui redonnions une place dans notre monde moderne ? En la réinventant, en la valorisant, ou simplement en la préservant, nous pourrions offrir à cet héritage ancestral une nouvelle chance de briller.
Car, comme le dit si bien Issiaga : « L’ardoise en bois, c’est bien plus qu’un outil. C’est une partie de nous, de notre histoire. Et si elle disparaît, c’est une partie de notre âme qui s’en va avec elle. »