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La Sous-préfecture de Koumbia, située à 35 km à l’Ouest du chef-lieu de la préfecture de Gaoual et à 455 km au Nord de la capitale guinéenne, est le berceau de la N’dama. Cette espèce de bœuf à la peau de fauve, petite de taille et résistant à toutes les intempéries.
Pour parler de cette bête domestique qui occupe la presque totalité des 52 mille habitants de cette collectivité agropastorale, un journaliste de Guineematin.com en séjour récemment dans ladite sous-préfecture, a rencontré Elhadj Ousmane Diaby et Mamoudou Diallo, respectivement doyen et Vice-président de la Coordination des éleveurs de Koumbia.
Pour Elhadj Ousmane Diaby, les vaches dites race N’dama sont celles élevées à Koumbia et ne se trouvent nulle part ailleurs.
« Les bœufs que nous avons ici à Koumbia sont de la race N’Dama. C’est ici seulement qu’on peut les retrouver en nombre important. Cette espèce de bœuf n’a pas assez de viande, ni assez de lait. Mais elle résiste aux intempéries et aux maladies. Elle produit une viande très bonne pour la consommation. Celui qui élève ces bœufs sait que cet animal prend ses origines ici à Koumbia. L’animal n’a ni peur du soleil, ni de la pluie ou de la boue », précise-t-il.
Laissés pour compte depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, ces éleveurs saluent le passage du Projet régional de gestion durable du bétail endémique (PROGEBE) qui regroupait la Guinée, la Gambie, le Mali et le Sénégal.
« Nous, nous saluons le PROGEBE qui a fait beaucoup de choses pour nous. Ils nous ont aidés à trouver des herbes pour le gros bétail, ils ont fait des forages, une laiterie, une boucherie, une piste de 60 km pour permettre aux bœufs de marcher sans endommager les champs. Mais ce qui nous est arrivé, c’est que chez nous, il fait très chaud. En 2015, il y a eu un ensoleillement terrible qui a eu raison de ces herbes. Depuis cette année, nous n’avons plus rien comme aliments de bétail », a plaidé ce doyen de la coordination des éleveurs. Malgré toutes ces difficultés, le troupeau a augmenté en nombre, souligne Elhadj Ousmane Diaby.
240 950 bovins à Koumbia, selon le dernier recensement, en 2019, plus de 100 troupeaux ont quitté les lieux pour la Guinée Bissau. Nous voulons l’aide du gouvernement pour stabiliser nos éleveurs en améliorant les conditions d’exercice de ce secteur.
De son côté, Mamoudou Diallo, le Vice-président de la coordination des éleveurs de Koumbia déplore les propos tenus par l’ancien ministre de l’agriculture et de l’élevage qui avait soutenu que le noyau de l’élevage ce sont les préfectures de Dabola, Faranah, Beyla et Lola pour un total de 700 mille et quelques têtes de bœufs, soit contre un peu plus de 900 mille bœufs au compte de la préfecture de Gaoual.
« Nous, on ne peut pas démentir une autorité. Mais la réalité des chiffres est claire. Nous avons un troupeau largement en tête de toutes les préfectures de Guinée. Et dans la préfecture de Gaoual, Koumbia est loin devant les autres collectivités en termes de bovins, ovins et caprins. D’ailleurs, si on dit que les bœufs de Gaoual ne vont pas Conakry, le marché à bétail le sentira forcément. Plus que nous envoyons une moyenne de 200 têtes de bœuf par semaine et depuis plus de 40 ans. La plupart des autres marchés à bétail, c’est chaque deux semaines. Mais nous avons de gros problèmes, si l’Etat ne nous aide pas, il sera très difficile de continuer à élever en Guinée dans sous peu de temps. Nous manquons d’espace, d’aliments, d’eau et de sécurité pour notre bétail. C’est qui a conduit quelques 4000 bœufs à traverser la frontière pour la Guinée Bissau », a rappelé ce responsable corporatiste.
Mais les problèmes sont également d’ordre environnemental. La brousse est livrée à une vitesse vertigineuse de dégradation environnementale.
« Les gens se livrent à la coupe abusive du bois. Ce qui nous crée de sérieux problèmes de sécheresse. Les points d’eau qui servaient habituellement d’abreuvoir à nos animaux sèchent les uns après les autres. Pour garder, il faut deux choses au moins : l’eau et l’herbe. Mieux, les gens se sont mis à occuper la brousse par des plantations d’anacarde qui réduisent comme une peau de chagrin nos espaces », a fait savoir Mamoudou Diallo, respecté pour son franc parlé.
« Si les autorités ne nous aident pas sous peu prétextent que le noyau de l’élevage est ailleurs qu’ici, que personne ne soit surpris que les gens traversent en nombre plus important la frontière pour la Guinée Bissau. Et si par malheur cet exode est freiné dans ce pays, les éleveurs ne pourront pas tout contenir chez nous. Il n’y a plus suffisamment d’espace, d’aliments et d’eau pour nos troupeaux. A côté, il y a un autre prédateur qui est annoncé chez nous. Ces sociétés, dans leur exploitation, détruisent tout et ne peuvent pas cohabiter avec notre bétail. Ce sont les sociétés minières. Heureusement, les autorités de Bissau nous ont ouvert les bras et nous ont fait de meilleures offres. Donc nos responsables sont avertis. Bien que ce ne soit pas notre souhait de migrer dans un autre pays, mais faute de conditions possibles chez nous, on n’aura plus de choix », a averti Mamoudou Diallo.
Jusqu’ici, la préfecture de Gaoual est le 1er cheptel du pays et la Sous-préfecture de Koumbia caracole de loin en tête, en termes de nombre bétail (bovins, ovins et caprins), selon les dernières statistiques de 2022.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
Tél : 628 08 98 45
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