Karifamoriah : une centrale solaire de 35 MW à l’arrêt, un an de silence qui exaspère les habitants

il y a 6 heures 24
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Lancée en grande pompe en août 2024, la construction de la centrale solaire de 35 MW à Karifamoriah, dans la région de Kankan, est à l’arrêt total. Les populations impactées dénoncent l’absence d’indemnisation et réclament justice.

Une promesse d’électrification… restée sans suite

Le 28 août 2024, les autorités guinéennes et leurs partenaires lançaient officiellement les travaux de la centrale solaire de Karifamoriah. Financé en partie par la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et exécuté par l’entreprise portugaise ENERSADO, ce projet ambitieux devait desservir Kankan, Kouroussa et Siguiri en énergie renouvelable dans un délai de 12 mois.

Mais depuis la cérémonie de pose de la première pierre, plus rien ne bouge sur le terrain. Des terres occupées, des vies bouleversées. Les communautés de Karifamoriah, principales concernées par le projet, affirment avoir été lésées.

Elles dénoncent la destruction de leurs champs, de leurs arbres fruitiers et même de sources d’eau, sans consultation ni indemnisation.

« Ils sont venus mesurer, délimiter et couper sans nous prévenir. Depuis 1975, je vivais de cette plantation. Rien ne nous a été payé. Nous réclamons juste nos droits », déclare Djeneba Mady Kaba, planteur local.

Certaines familles affirment vivre aujourd’hui dans des conditions difficiles, confrontées à l’inondation de leurs habitations depuis l’aménagement partiel du site.

Des autorités locales en quête de réponse

Les autorités locales de Karifamoriah montent également au créneau. Daouda Kaba, chef de Karifamoriah 1, explique que des habitants ont cédé volontairement leurs terrains dans l’espoir d’être dédommagés.
« Jusqu’à présent, ils n’ont rien reçu. Les doléances nous parviennent chaque jour. Nous interpellons les autorités pour une réponse claire », affirme-t-il.

Même ton chez Bintou Madi Kaba, cheffe du quartier Karifamoriah 5 : « Le projet est salutaire, mais il doit respecter ses engagements envers les populations locales. »

Une mission de la CEDEAO venue enquêter

Une délégation de la BIDC s’est rendue récemment sur place pour s’enquérir des réalités. Leurs questions ont porté sur l’information préalable des communautés, les pertes économiques subies et le traitement des plaintes.
« Nous voulons une mise en œuvre équitable, inclusive et transparente », a déclaré l’un des représentants de la Banque.

Vers une relance des travaux ?

Selon Lounceny Dioubaté, impliqué dans le suivi du projet, les négociations contractuelles ont connu du retard. Mais la première phase pourrait être relancée dès que les conditions seront réunies. Le PDG d’ENERSADO, de son côté, promet une reprise prochaine des travaux et appelle à la patience.

Une relance nécessaire pour restaurer la confiance

Pour les habitants de Karifamoriah, le projet ne sera une réussite que si leurs préoccupations sont prises en compte. La centrale solaire porte l’espoir d’une transformation énergétique pour la Haute-Guinée, mais sa réalisation doit se faire dans le respect des droits fondamentaux.

Transparence, indemnisation, reprise rapide des travaux : autant de conditions pour redonner confiance aux populations et concrétiser cette promesse d’avenir.

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