Interview- Wayé Touré du SPPG parle des journalistes de Kindia

il y a 9 heures 18
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À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, prévue ce samedi 3 mai 2025, notre correspondant basé à Kindia a rencontré le secrétaire général de l’antenne régionale du Syndicat de la Presse Professionnelle de Guinée (SPPG). Aboubacar Wayé Touré est revenu sur le quotidien difficile des hommes de médias de Kindia, une préfecture située à 135 kilomètres de la capitale Conakry. Suivez…

Mediaguinée.com : Bonjour Monsieur le SG ! Aujourd’hui, c’est la Journée internationale de la liberté de la presse et notre pays, la Guinée, dégringole de 25 places, se retrouvant à la 103ème position du classement mondial selon RSF. Comment comprenez-vous ce recul imminent ?

Wayé Touré : Bonjour Dramé ! Tout d’abord, c’est un sentiment de désespoir parce que la presse guinéenne traverse une année 2024-2025 difficile. Au-delà des musellements que la corporation a connus, il y a des actes qui ne vont pas dans l’évolution du métier, notamment des intimidations, des harcèlements, voire des arrestations et des disparitions de nos confrères que nous regrettons encore aujourd’hui. Donc globalement, c’est un classement qui n’honore pas la Guinée car, en termes de médias, la Guinée a donné l’exemple à beaucoup de médias en Afrique. En termes de liberté d’expression, nous avions été des pionniers pour beaucoup de nations, mais la lutte continue puisque souvent la liberté, ça s’arrache. Et on sait souvent que la transition ne rime pas avec la liberté d’expression, mais cela ne doit pas être un argument pour les autorités à museler la presse.

Mediaguinee.com : Aujourd’hui à Kindia, il y a un nombre important de journalistes qui évoluent dans certaines radios locales et sont correspondants de sites d’information. Quelles sont leurs conditions de travail ?

Wayé Touré : C’est un métier de plus en plus adulé par des jeunes notamment, mais on doit dire que les conditions ne sont pas bonnes. Les jeunes aiment le métier, certains s’y lancent à défaut, n’ayant pas où aller, et dans tout ça, les conditions de travail ne suivent pas. La majeure partie des radios qui émettent actuellement à Kindia ne prennent pas en charge leur personnel, autrement dit, c’est un personnel qui n’a pas de salaire, et ça, c’est dommage. Concernant les sites d’information qui foisonnent dans le pays et qui ont leur représentant à Kindia, c’est dans une précarité qui ne dit pas son nom que travaillent ces journalistes. Mais globalement, c’est une presse de Kindia qui marque ses pas, qui sur le plan national se fait respecter parce qu’en termes d’information et d’actualités, s’il y a une ville qui nous dépasse actuellement en plus de Conakry, c’est Kankan. Nous savons aussi pourquoi Kankan nous dépasse. Mais en termes de qualité, je pense que Kindia se démarque. Et on espère aussi que les patrons de médias prendront conscience de tout cet effort de la jeune génération de la presse kindianaise.

Mediaguinee.com : À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, comment définissez-vous la relation autorités-journalistes, surtout en cette période transitoire ?

Wayé Touré : C’est une relation parfois controversée parce qu’un journaliste qui veut dénoncer, qui veut aller en profondeur, qui se pose des questions pertinentes pour la plupart, n’est pas aimé par les administrateurs. Parce que dans notre pays, les administrateurs aiment qu’on les flatte, aiment qu’on dise du bien d’eux même si ce n’est pas la réalité. Pourtant, le rôle du journaliste reste de donner la bonne information en allant à la source. Donc on ne dit pas que ce n’est pas une bonne relation, c’est une relation qu’on salue parce que sur le plan humain, nous sommes considérés, mais sur le plan professionnel, nous avons des blocages. C’est l’occasion pour nous d’inviter ces autorités à souvent nous faciliter la tâche en termes d’accès à l’information et, comme elles sont également les représentants de l’État, elles doivent contribuer à l’amélioration de nos conditions de travail. Si je prends l’exemple de la Maison régionale de la presse qui a été attribuée aux journalistes de Kindia, nous déplorons l’état de cette maison qui reste le même après plus de deux ans d’existence. Donc, à ces autorités de nous aider à avoir une maison de presse digne de ce nom comme dans la plupart des régions du pays.

Mediaguinee.com : Parlons à présent de la floraison des mouvements de soutien en cette période de transition. Quelle analyse pouvez-vous faire sur l’implication des journalistes dans l’exercice de leur métier notamment ?

Wayé Touré : Les mouvements de soutien font aussi partie de l’actualité, c’est à la une actuellement, mais on nous a toujours dit de faire la différence entre la propagande et le métier d’informer. Donc, c’est la première invite que nous lançons à nos confrères : savoir faire la différence entre ces deux choses, la communication et l’information. Il y a plusieurs personnes dans ces mouvements, elles veulent vendre leur image et, en tant que journaliste, on n’est pas interdit de vendre l’image de quelqu’un, on sait bien que ça relève de la communication et elle obéit à des principes. Donc, à nos confrères de faire cette démarcation, de faire comprendre aux auditeurs, aux lecteurs ou aux téléspectateurs que nous sommes dans un cadre communicationnel pour éviter que nous soyons associés à ceux qui font de la propagande.

Mediaguinee.com : Pour terminer Monsieur Wayé, quelle invite faites-vous à l’endroit de la presse guinéenne à l’occasion de cette journée ?

Wayé Touré : À nos confrères journalistes, c’est de dire qu’il ne faut jamais désespérer. C’est vrai que les conditions sont très difficiles. Si on nous demandait au lendemain du 5 septembre si la presse allait reculer à un tel point, on n’allait pas le croire parce qu’il y avait eu tant de promesses et d’engagements de la part de la junte qui avaient suscité de l’espoir en nous. Mais après trois ans, on dira à ces confrères que rien n’est encore perdu, à ces personnes qui se sont engagées dans ce métier, de ne pas baisser les bras, de s’armer de pouvoir et de patience. Aux confrères de Kindia, de se donner la main. La préoccupation majeure de nos syndicats, c’est la formation de la corporation, c’est pourquoi nous invitons les autorités et les partenaires à nous assister dans ce cadre.

Aboubacar Dramé, correspondant régional à Kindia

+224 623 08 09 10

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