INTERVIEW – Mohamed Camara, Madina Oula : ‘’25 ans après la rébellion, au moindre bruit ou coup de feu, tout le monde panique’’

il y a 4 heures 28
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En septembre 2000, la sous-préfecture de Madina Oula, située à 75 kilomètres du centre-ville de Kindia, a été le théâtre d’une rébellion violente. Cette localité frontalière de la Sierra Leone a vécu l’un des épisodes les plus sombres de son histoire récente. 25 ans plus tard, les souvenirs de ce drame restent profondément ancrés dans la mémoire collective des habitants. Les stigmates de cette période troublée se manifestent encore aujourd’hui à travers les nombreuses difficultés socio-économiques et éducatives que traverse la localité. 

Dans la matinée du samedi 30 août 2025, notre correspondant basé à Kindia s’est rendu à Madina-Oula. Suivez cette interview avec Mohamed Camara  » MC », le fils d’un des résistants de la localité. Interview…

Mediaguinee.com : Nous savons tous que cette sous-préfecture de Madina Oula a été la cible des rebelles en 2000 mais avant cette invasion, comment était cette localité ? 

 

Mohamed Camara  » MC » : C’est en septembre 2000, il y a eu l’invasion des rebelles à Madina Oula mais qu’est-ce qu’on a compris? Quand il y a eu la rébellion en Sierra Leone, les gens quittaient Tambakha pour Madina Oula parce que les fondateurs de ces deux villages sont des frères, c’est à l’arrivée des colons qu’ils ont divisé sinon c’est la même famille. Donc, c’est lors de cette rébellion que nos parents ont quitté là-bas  Kamakouyé, Makeni et jusqu’à Tambakha et nos papas les ont bien accueillis. À un moment donné, le marché était à l’entrée de Madina Oula, les Léonnais venaient, les véhicules qui venaient de Kindia, Conakry pour venir écouler leurs marchandises. Madina Oula était bien fréquenté en ce moment et très peuplé. 

Médiaguinée.com : Revenons maintenant sur la venue des rebelles. Comment ils sont rentrés à Madina Oula ? 

 

Mohamed Camara  » MC »: Comme je l’ai dit, Madina Oula était bien fréquenté à l’époque. Ce jour-là, nous avons entendu des murmures en disant que les rebelles vont rentrer à Madina Oula. Et, un dimanche matin, vers 8 heures à 9 heures, nous avons entendu les coups de feu au niveau de la rentrée. Mon papa était assis sous le manguier ici et il y avait beaucoup de nos vieux ici. Le village était paniqué et chacun fuyait de tous les sens, il y avait des cris mais mon vieux Elhadj Malal Camara, paix à son âme ! A l’époque, il y avait le commandant Youssouf ici qui était le chef de bataillon à Madina Oula ici et mon père a dit franchement, les rebelles, ils ne vont pas nous vaincre, ce jour il y a eu forte pluie et mon père a réaffirmé, nous sommes victorieux. 

Médiaguinée.com : Quand les rebelles sont rentrés ici à Madina Oula, comment la lutte a été menée et surtout quels moyens ont été utilisés pour repousser les rebelles ? 

 

Mohamed Camara  » MC » : Quand il y a eu des murmures, le commandant Youssouf qui était là et les hommes valides de Madina Oula avait pris des dispositions. Un dispositif sécuritaire était déjà mis en place avant qu’ils ne soient là. Et, puis c’est mon papa qui se mettait devant les militaires pour aller affronter les rebelles. Il portait un complet noir et une écharpe attachée autour du cou. Moi, j’avais peur, j’ai pris mes enfants et mon père nous a dit de partir. Nous sommes allés à Kindia. Quand je suis revenu, je lui ai dit de venir avec nous. Il m’a répondu, non, je mourrai ici. Je ne quitterai jamais Madina Oula. 

Médiaguinée.com : Malgré les années écoulées, est-ce-que cette tragédie a laissé des conséquences ? Il y a toujours des ressentis ? 

 

Mohamed Camara  » MC «  : Beaucoup de gens ont assisté à ces événements, et jusqu’à aujourd’hui, au moindre bruit ou coup de feu, tout le monde panique et demande ce qui se passe et nos secteurs appelé Teinkha, autrefois c’était une zone bien peuplée. Mais aujourd’hui, si vous y allez, il n’y a plus personne. Les maisons sont tombées en ruines. Ceux qui sont partis ne sont jamais revenus. Certains se sont installés à Kolenté, à Souguéta et ailleurs. Ils n’ont plus le courage de revenir. Ça, c’est un premier problème. Ensuite, depuis l’arrivée des rebelles, les fonctionnaires qui avaient été affectés ici, ceux qui travaillaient, aucun n’a eu le courage de revenir s’installer et exercer son travail correctement. Le secteur de l’éducation est particulièrement touché. Quand un enseignant est affecté ici, il refuse de venir. Ils disent que c’est la frontière, que c’est loin, que l’état de la route est déplorable et que nous sommes proches d’un pays en rébellion. Cette stigmatisation persiste et freine considérablement notre développement. 

Aboubacar Dramé, de retour de Madina Oula (Kindia)

+224 623 08 09 10

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