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La junte militaire qui dirige le Mali a décidé d’interdire les activités des formations politiques dans le pays. Le conseil des ministres du mercredi 10 avril 2024 a fait cette annonce, fortement contestée. Si les partis politiques sont invités à surseoir à leurs activités pour éviter officiellement des troubles à l’ordre public, de nombreux acteurs y sont opposés. Quelles sont les motivations de cette mesure perçue comme liberticide ? Comment réagit la classe politique ? Le correspondant de Guineematin.com dans le pays a tenté d’en savoir davantage.
Tout part de la date du mardi, 26 mars 2024, censée être la fin formelle de la transition en cours. Le décret numéro 2022-0335 du 6 juin, signé des mains du président Assimi Goïta, défini la durée de la transition qui part du 26 mars 2022 au 26 mars 2024. Un bail qui avait été négocié avec la CEDEAO que l’arène politique remet en cause, évoquant un vide juridique.
Alors que les opposants estiment que le régime militaire devrait s’y plier pour un retour imminent à l’ordre constitutionnel, les soutiens de la transition évoquent les recommandations des assises nationales fixant la durée du régime transitoire de 6 mois à 5 ans, au maximum. Un délai pour lequel les 24 mois formellement échus ont été puisés, selon la mouvance aux affaires qui estime avoir 3 ans en réserve où un nouveau bail peut être puisé pour continuer cette période exceptionnelle qui a débuté le 18 août 2020.
Pour le Dr Aboubacar Sidick FOMBA, président du parti souverainiste et panafricaniste ADEPM, il s’agit d’une » joie intense ».
» Étant demandeurs de cette décision hautement stratégique et patriotique, nous soutenons et encourageons les autorités de la transition », ajoute ce membre de l’organe législatif qui rappelle que la raison d’Etat prime sur les libertés d’expression et toute autre forme de libertés.
Le son de cloche est différent chez l’ancien ministre Housseini Amion Guindo, qui dirige la Convergence pour le développement du Mali. Cet opposant aux militaires depuis le renversement du régime défunt parle d’une dérive dictatoriale et l’émiettement des acquis de la lutte héroïque du peuple malien, qui a arraché au prix du sang sa liberté le 26 mars 1991. Il dira que : « le décret de suspension des activités des partis politiques, en plus de représenter le summum du mépris pour le peuple malien, son histoire et sa culture, est en soit un acte de haute trahison qu’aucun fait ne saurait justifier ».
Cet ancien dignitaire, qui fut candidat à la présidentielle de 2018, lance un appel au peuple pour résister et enclencher une désobéissance civile jusqu’à la chute du régime qu’il qualifie » d’illégitime ».
Le Mali est désormais dans la crise politique, surtout que l’opposition entend attaquer la décision de suspension des activités politiques devant les juridictions nationales et internationales.
De Bamako, Keita Idrissa pour Guineematin.com
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