Ibrahima 4 Doumbouya, président collectif des frustrés du RPG : « on n’a pas été considérés»

Après plus dizaines d’années de lutte pour la conquête du pouvoir, le professeur Alpha Condé leader du parti RPG a été élu président de la République en 2010 et investi en décembre de la même année. Il dirigera la Guinée pendant près de 11 années avant d’être renversé le 5 septembre 2021 par le CNRD.

Au sein de son parti, son passage à la magistrature suprême n’a pas été rose pour tout le monde. Certains n’ayant pas bénéficié des faveurs du pouvoir à la hauteur des sacrifices consentis pour le parti, ne digèrent toujours pas leur mise à l’écart pendant ces 11 ans. C’est le cas de Ibrahima 4 Doumbouya, qui dirige le collectif national des frustrés du RPG : « le collectif des frustrés du RPG est venu d’une très longue réflexion. Il se trouve que le parti a été créé depuis 1992, le RPG, devenu par la suite Arc-en-ciel.

Les militants qui se sont battus pour le parti, les militants qui n’ont jamais rien bénéficié durant tout le combat pour l’accession du parti au pouvoir, c’est-à-dire ils n’ont jamais été chefs de structure, ni pour des comités de base, ni pour des sections, ni pour des sous-sections, ni pour les comités centraux ou les groupes politiques nationaux. Ces militants-là qui reçoivent chaque fois des ordres, ces militants-là qui sont commis toujours à la tâche, ces militants-là qu’on envoie superviser les voix, les urnes, pour que le RPG remporte les élections, ce sont ces militants-là qui se sont vus après dix ans de pouvoir, c’est-à-dire en 2020 que leur sort est dans leurs propres mains, qu’il faut qu’ils se lèvent pour réclamer leurs droits. Parce que depuis que le RPG avait pris le pouvoir en 2010, jusqu’en 2020, ces militants n’étaient pas considérés.

A chaque élection, on les exploite et on les envoie faire les travaux pour le parti, mais en réalité, les promesses qu’on tient ne sont toujours pas réalisées. C’est cette frustration-là qui a fait que nous avons créé le collectif pour nous faire voir au président Alpha Condé, pour qu’il puisse un peu regarder notre situation, afin que nos conditions de vie soient améliorées. »

Le leader du collectif déplore que ceux qui ont véritablement porté Alpha Condé au pouvoir aient été mis de côté au profit des nouveaux venus. Il réclame que l’ancien président leur rende la pareille :

« Le RPG a traversé beaucoup de péripéties.

Il y en a qui ont été emprisonnés, d’autres ont perdu leur emploi, il y en a qui ont perdu la vie, carrément, dans les combats politiques, dans les différentes manifestations. Il y a ces pères de famille qui ont vu leurs commerces ruinés, donc il y a certaines personnes dont leur personnalité a été réduite au néant, ces gens-là, ils ont tout perdu. Ils n’ont pas eu la chance d’envoyer leurs enfants dans les grandes écoles, parce qu’on les a radiés de l’effectif d’administration à cause du RPG. Alors, si le RPG vient au pouvoir pendant deux ans, pendant cinq ans, pendant sept ans, le RPG n’arrive pas à regarder un peu la situation de ces personnes qui ont été victimes de la recherche du pouvoir, c’est pourquoi nous avons dit qu’il faut créer ce collectif-là, pour que le Pr Alpha Condé puisse négocier directement avec nous, afin que nous puissions également gagner notre droit. »

Si ces revendications n’ont été entendues qu’après la chute d’Alpha Condé, c’est parce que toutes les portes leur ont été fermées pendant son régime, selon Ibrahima 4 Doumbouya : « On avait tapé à la porte pour pouvoir le rencontrer, mais les barons du parti d’alors n’ont pas accepté que nous puissions faire un face-à-face avec le président de la République Alpha condé. On a organisé une conférence de presse. Dans cette conférence de presse-là, on avait fait un mémo. Donc, Le président Alpha Condé avait délégué en ce moment son excellence Malick Sankon de nous rencontrer. On lui a remis notre mémorandum. Certainement, il aurait remis ce mémorandum à M. le Président de la République, mais jusqu’au 5 septembre, les revendications sont restées lettre morte. Donc, on n’a pas été considérés »

Ahmed Sékou Nabé 

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