Guinée : les défis du nouveau Premier ministre

Le président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, a choisi Amadou Oury Bah, 65 ans, comme Premier ministre suite à la dissolution du gouvernement dirigé par Dr Bernard Goumou. Cette nomination intervient dans un contexte de crise sociopolitique.

Amadou Oury Bah, également connu sous le nom de Bah Oury, prend ainsi les rênes du gouvernement guinéen alors que le pays fait face à plusieurs défis.

Les revendications du mouvement syndical

Le mouvement syndical guinéen a déclenché une grève générale illimitée à partir du lundi 26 février 2024. Il exige, entre autres : la libération du Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse indépendante (Sppg), Sékou Jamal Pendessa, la révision à la baisse des prix des denrées alimentaires. Il revient donc au Premier ministre garant du dialogue de convaincre les syndicalistes de venir négocier autour de la table.

Le respect du calendrier de la transition

Le Cnrd et la Cedeao avaient signé un chronogramme de transition de 10 points à dérouler dans 24 mois. Conformément au calendrier, le retour à l’ordre constitutionnel devait être effectif au 31 décembre 2024. A 10 mois de la date butoir, les principaux acteurs politiques soupçonnent le Cnrd de vouloir confisquer le pouvoir. Bah Oury aura donc la lourde tâche de rapprocher les divergences en vue d’un dialogue inclusif impliquant toutes les parties prenantes.

Le retour des exilés

Les principaux acteurs politiques dont Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré sont en exil depuis plus d’un an. Ils exigent de garantie afin de pouvoir rentrer en Guinée sans risque d’être inquiétés. Bah Oury réussira-t-il à les convaincre ?

Les délestages électriques

Depuis plusieurs mois, les populations de Conakry vivent avec les délestages électriques. Le tour-tour que le régime Alpha Condé avait jugulé est revenu.

Bah Oury saura-t-il réussir là où ses prédécesseurs Mohamed Beavogui et Bernard Goumou ont échoué ? Rien n’est moins sûr sachant que la junte au pouvoir ne lui laissera une grande marge de manœuvre pour dérouler sa politique.

Bref rappel du parcours de l’homme

Ancien ministre de la Réconciliation nationale sous le régime du feu général Lansana Conté, Amadou Oury Bah est une figure politique de premier plan en Guinée. Fondateur de l’UFDG en 1991, parti dirigé par Mamadou Cellou Dalein Diallo, au sein duquel il occupe le poste de vice-président jusqu’en février 2016, date de son exclusion définitive. Depuis, il entretient un rapport tendu avec Cellou. Par la suite, il a pris la tête de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG) en juillet 2020, suite à la fusion de deux autres partis.

L’histoire politique de Bah Oury est marquée aussi par une longue période d’exil et de confrontation avec le régime d’Alpha Condé. Vice-président du principal parti de l’opposition, en 2011, il a été accusé d’avoir joué un rôle dans un coup d’État présumé contre Alpha Condé. En exil en France, il est condamné à perpétuité par contumace pour atteinte à la sûreté de l’État. Cependant, en décembre 2015, Alpha Condé lui a accordé la grâce présidentielle, lui permettant de rentrer au pays.

Plus récemment, le 25 mars 2022, Bah Oury a été nommé par le président de la transition guinéenne, membre du Conseil national des assises (CNA). Cependant, des divergences de positions avec le CNRD ont parfois été observées, notamment dans l’exécution du chronogramme de la transition, laissant planer des doutes sur le divorce éventuel.

La nomination d’Amadou Oury Bah au poste de Premier ministre marque ainsi le début d’un nouveau chapitre dans la gouvernance guinéenne.

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