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Après bientôt 66 ans d’indépendance, la Guinée peine à amorcer son développement économique. Les régimes qui se sont succédé à la tête du pays ont plutôt versé dans le populisme que dans l’établissement d’un véritable État. Un autre problème auquel le pays reste confronté est la capacité du peuple à s’accommoder de n’importe quel régime. Cela se traduit par la tolérance des 26 ans de tyrannie de Sékou Touré, des 24 ans de dictature de Lansana Conté, et maintenant par les tentatives de pousser le général Mamadi Doumbouya à se maintenir indéfiniment au pouvoir.
Au début des années 2000, malgré l’état de santé fragile de Lansana Conté, des cadres supposés proches du pouvoir l’ont convaincu de modifier la Constitution afin de pouvoir briguer un mandat supplémentaire. Les mouvements de soutien sont entrés en action, donnant naissance au “Koudeisme”, créé par Fodé Soumah alors ministre de la Jeunesse et des Sports. On avait fait croire à Conté qu’il était l’homme providentiel et que, sans lui, le pays allait sombrer. Il est resté au pouvoir jusqu’à sa mort en décembre 2008.
“Dadis ou la mort”
À la tête du CNDD, qui avait pris le pouvoir le 23 décembre 2008, le capitaine Moussa Dadis Camara avait promis d’organiser des élections libres et transparentes en décembre 2010, auxquelles ni lui ni aucun membre de la junte ne serait candidat. Les Guinéens, assoiffés de liberté, avaient vu en lui leur “messie” tant attendu. Des mouvements tels que “Dadis doit rester” et “Dadis ou la mort” ont été créés pour dévoyer les nobles ambitions du président du CNDD de rendre le pouvoir aux civils. Convaincu de sa popularité, le capitaine Moussa Dadis Camara a fini par trébucher : “Si je veux, je vais me présenter”, avait-il déclaré à Kaloum. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Les Forces vives se sont très vite reconstituées, une commission d’organisation dirigée par Bah Oury, l’actuel Premier ministre, a appelé à une manifestation le 28 septembre 2009. Ce fut un massacre jamais vu en Guinée, et Dadis et ses complices, condamnés pour crimes contre l’humanité, croupissent aujourd’hui en prison. Devant le juge, Dadis a qualifié les mouvements de soutien “d’opportunistes” qui ne cherchaient qu’à vivre aux dépens de la nation.
“Abarague Lande”
Alors qu’Alpha Condé devait quitter le pouvoir en 2020, conformément à la Constitution, les mouvements “Walou Akha kha Waliragnon” et “Abaraguè landé” ont vu le jour pour le convaincre de briguer un troisième mandat. Certes, il l’avait obtenu, mais il n’a pas pu le conserver. Son réveil brutal le 5 septembre 2021, lorsque les forces spéciales, sous la houlette du colonel Mamadi Doumbouya, ont investi le Palais Sékhoutouréya, l’a pris de court. Alpha ne s’y attendait pas, car il avait lui-même déclaré : “Il n’y aura plus de coup d’État en Guinée”, tellement convaincu d’avoir réformé les forces armées guinéennes.
“Doumbouya doit rester”
À la prise du pouvoir, le CNRD avait interdit tout mouvement de soutien en sa faveur. Saura-t-il résister à la mélodie populiste des artistes, jeunes désœuvrés et opportunistes ? Ou a-t-il déjà succombé ? À voir les chansons et les mouvements en son honneur qui pullulent dans la cité, on peut se demander si le Général Mamadi Doumbouya a su résister à la tentation. Il doit se rappeler de son engagement à ne pas se porter candidat et respecter les articles 46, 55 et 65 de la Charte de la transition. Saura-t-il honorer ses promesses ? Rien n’est moins sûr, sachant que des cadres travaillent déjà en coulisses pour faire accepter sa candidature.
La persistance de ces dynamiques montre que, malgré les évolutions politiques, la responsabilité du peuple dans le retard du développement reste un problème crucial. On se demande si les Guinéens sont réellement prêts à mettre fin à ce cycle destructeur et à œuvrer pour un avenir meilleur pour leur pays.
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