Guinée : la journée de la radio célébrée dans un contexte de brouillage des ondes

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L’humanité célèbre le 13 février de chaque année la journée mondiale de la radio. Elle a été proclamée en 2010 par les Etats membres de l’UNESCO et approuvée en tant que journée internationale en 2013 par l’Assemblée générale des Nations unies.

Cette année, la célébration de cette journée intervient dans un contexte difficile pour la presse, avec à la clé le brouillage des ondes de médias privés et le retrait des chaînes de télévision des bouquets de diffusion Canal+ et Startimes.

Les promoteurs de médias privés fortement impactés par ces restrictions dénoncent une atteinte à la liberté de la presse. Ils accusent les dirigeants actuels du pays de vouloir tuer, par leurs agissements, les entreprises de médias.

C’est à la suite des conditions posées par l’Union européenne pour la reprise de sa coopération dont la libéralisation de l’espace audiovisuel que le président Lansana Conté, a pris un décret en 2006, autorisant la création des radios et télévisions privées. Dans la foulée, plusieurs radios furent créées. La loi sur la liberté de la presse promulguée en 2010 dépénalise les délits commis par voie de presse.

Même si pendant le régime d’ Alpha Condé, la liberté de la presse a connu des hauts et des bas avec l’emprisonnement de certains journalistes et la suspension momentanée de certains médias, les responsables de médias privés du pays, soutiennent que la presse traverse l’un des pires moments de son histoire.

Mohamed Mara, directeur général de la radio Espace FM

“La presse guinéenne traverse une période critique, marquée par des restrictions et des défis considérables qui entravent sa capacité à fonctionner librement. Cette situation est préjudiciable, non seulement, pour les professionnels des médias, mais aussi pour la société guinéenne dans son ensemble qui se voit privée de sources d’informations diverses et indépendantes. C’est une atteinte à la démocratie, car une presse libre est fondamentale pour informer le public, stimuler le débat public et tenir les pouvoirs en place responsables. Même une transition militaire ne devrait pas s’en prendre à la liberté d’expression incarnée par la presse, la liberté d’opinion par les associations et les partis politiques, la liberté syndicale, entre autres. Aujourd’hui, nous sommes en face d’une chape de plomb sans précédent dans l’histoire démocratique de la Guinée et dans celle de notre presse”, dénonce Mohamed Mara, directeur général de la radio Espace FM.

Depuis le brouillage des ondes en octobre 2023, les responsables du groupe Hadafo médias s’efforcent à trouver des alternatives pour assurer la continuité de leur mission d’informer, explique le directeur de la radio.

C’est notamment le renforcement de leur présence en ligne, ce qui s’est matérialisé récemment par la mise en ligne d’une nouvelle application, appelée LE TOJT EN UN, disponible sur les plateformes de téléchargement, qui regroupe les différents médias du groupe.

Pour sortir de cette impasse, Mohamed Mara pense qu’il est impératif d’instaurer un dialogue entre les autorités, les professionnels des médias et la société civile en vue de rétablir le respect des libertés fondamentales.

Il est également crucial, de l’avis de notre confrère, de renforcer le cadre juridique qui protège les journalistes, garantir l’application stricte et équitable des lois, sans chercher à censurer ou à réprimer les voix dissidentes.

“Le pouvoir actuel déteste foncièrement les opinions contraires et les révélations relatives à la corruption et les prévarications des deniers publics. Cela, d’où qu’elles viennent. Il n’hésite pas à faire usage de la force brutale et des tracasseries judiciaires. Ceci est un grave recul pour la Guinée dans son ensemble”, regrette le chroniqueur de l’émission les Grandes Gueules.

Depuis le 5 septembre 2021, les comptes du groupe Djoma sont gelés, sans que les autorités ne puissent justifierjustifier cette décision, mettant ainsi l’ensemble du personnel en difficulté.

Le directeur général de ce groupe de médias se sent en insécurité à cause notamment de la menace qui pèse sur le métiermétier et les emplois de ses travailleurs qui, malgré tout, font preuve d’abnégation.

Face à ce qu’il qualifie de “l’impuissance” de la Haute autorité de la communication (HAC), Kalil Oularé dit craindre désormais, la pénalisation de délit de presse en Guinée.

Kalil Oularé, directeur général du groupe Djoma médias

“Que dire de la liberté de la presse si moi-même je ne suis pas libre de dire ce que je veux, conformément à la loi L002. Mais le baromètre de cela, c’est l’impuissance de la HAC. Quand la HAC vous dit que le fait de vous voir sur des bouquets comme Startimes et Canal+ n’est pas de sa volonté, quand la HAC n’arrive pas à demander à l’ARPT d’arrêter de mettre de la musique dans notre fréquence alors que vous avez un agrément et que vous êtes à jour, quand la HAC n’arrive pas à taper du point sur la table pour arrêter cela, la liberté de la presse est menacée. Qu’est ce qui garantit la dépénalisation du délitdu délit de presse? C’est l’existence de la HAC. Mais quand cet organisme n’existe plus, je pense qu’on assistera bientôt, peut-être c’est dans les tuyaux, à la pénalisation de délit de presse. Et ça c’est quelque chose contre laquelle nous devons tous nous dressertous nous dresser. Ce qui se passe, aujourd’hui, on est face d’un Etat qui a décidé de se passer du droit, de marcher sur la HAC, de marcher sur la presse, de faire en sorte que les choses se passent comme eux ils veulent l’entendre, pas comme ça se doit, vous devez prendre peur”, s’inquiète Kalil Oularé qui souligne par ailleurs, les conséquences de brouillage de la fréquence de sa radio.

“Sur nos ondes, des interférences sont volontairement crééescréées par les autorités du pays par le biais de l’ARPT. Pendant que nousque nous déployons notre programme usuel de façon respectueuse des normes de la déontologie du métiermétier, l’ARPT crée de son côté sa radio en y mettant de la musique toute la journée. Djoma et l’ARPT sont en train d’émettre sur la même fréquence. Cela est dangereux parce qu’il suffirait qu’une communication n’importe laquelle puisse passer pour qu’on puisse penser que c’est Djoma alors que nous ne sommes pas responsables”responsables.

Pour résoudre le problème qui oppose les médias et les autorités de la transition, Kalil Oularé met en avant le respect des dispositions de la loi.

“Quand le syndicat qui est dans son rôle s’exprime, quand les patrons de médias que nous sommes décident d’attaquer cette décision injuste de la HAC, nous sommes dans une démarche légale. Quand le CNRD est arrivé au pouvoir, il a dit que la justice doit être la boussole. Qu’on laisse les gens manifester et qu’on laisse les gensgens exercer librement sans menace et sans s’inquiéter pour leur vieleur vie”.

L’administrateur général du site d’informations guinee7.com et fondateur de la radio Ndimba déplore de devoir célébrer dans ce contexte la journée mondiale de la radio.

Selon lui, derrière le brouillage des ondes, le retrait de certains médias des bouquets et l’emprisonnement de Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG, se cache une volonté de tuer toute une filière.

Ibrahima Sory Traoré, administrateur général du site d’informations guinee7.com et fondateur de la radio Ndimba

“Quand on brouille les ondes on est en train de tuer les entreprises de presse parce que l’annonceur ne viendra pas sachant que vous n’émettez pas. C’est toute la filière qui est en train de mourir parce que s’il n’y a pas d’internet, les médias en ligne ne peuvent pas travailler, s’il n’y a pas de réseaux sociaux, ces médias en ligne ne peuvent pas faire la promotion de leurs articles. C’est en cela que c’est dangereux”, estime M. Traoré, appelant ainsi les journalistes à l’union contre les actes liberticides de la junte au pouvoir.

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