PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Mardi 24 septembre 2024, aux environs de 13 heures, les bâtiments de l’Institut National de Santé Publique (INSP), ainsi que ceux de la Direction de l’Épidémiologie et du Programme National de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (PNLMTN), relevant du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, ont été brutalement démolis, plongeant des centaines de fonctionnaires et spécialistes de la santé publique dans une profonde incertitude. Situés en face du Jardin 02 Octobre, non loin du Palais du Peuple, ces locaux constituaient un pilier essentiel dans la lutte contre les maladies tropicales négligées et abritaient également un centre de vaccination crucial pour le pays. La démolition a eu lieu seulement 48 heures après un préavis annoncé, selon les témoignages, par le ministère de la Santé, laissant peu de temps aux agents pour s’organiser.
Sur place, la scène est choquante : des seringues usagées, des échantillons médicaux et des documents administratifs éparpillés çà et là, témoins silencieux d’un démantèlement précipité. « Nous avons été sommés de quitter les lieux en 72 heures, sans proposition de relogement ni plan de repli pour nos services », témoigne un travailleur du PNLMTN sous anonymat. « Ces locaux n’étaient pas seulement des bureaux, ils abritaient des laboratoires essentiels, notamment pour la vaccination contre la fièvre jaune, obligatoire pour tout voyageur quittant la Guinée ».
Une démolition aux lourdes conséquences sanitaires
L’un des premiers impacts de cette évacuation sera l’interruption des services de vaccination, particulièrement cruciaux pour la lutte contre la rougeole et la fièvre jaune. Les carnets de vaccination, indispensables pour les voyageurs, ne pourront plus être délivrés dans les semaines à venir, ce qui risque de perturber considérablement la santé publique et les déplacements internationaux.
Au-delà de la vaccination, les bureaux démolis abritaient des équipes travaillant sur l’éradication de maladies comme la trypanosomiase africaine, plus connue sous le nom de maladie du sommeil. « Nous étions sur le point d’obtenir la validation de l’OMS pour l’élimination de cette maladie en tant que problème de santé publique. Ce démantèlement risque de compromettre des années d’efforts et de partenariats internationaux », explique notre interlocuteur, proche de la direction et visiblement ému.
Une gestion de crise qui interroge
Ce qui choque encore plus que la brutalité de l’évacuation, c’est l’absence totale de plan d’accompagnement. « Nous n’avons reçu aucune solution de repli de la part du Ministère de la Santé », déplore ce fonctionnaire. « Aucune mesure n’a été prise pour garantir la continuité des services essentiels que nous rendons à la population. La plupart des agents ne savent même pas où ils iront travailler demain. »
La démolition s’inscrit dans un projet de réaménagement urbain visant à transformer le site en un parc public, financé par plusieurs sociétés minières locales, selon certaines sources. Bien que l’idée d’une nouvelle zone verte à Conakry soit saluée, les fonctionnaires dénoncent la manière dont cette décision a été exécutée.
« Nous comprenons l’importance de réaménager la ville, mais pas au prix de sacrifier des services de santé publique vitaux. La manière dont cela a été fait est indécente. Il s’agit ici d’une institution qui a investi près de 4 milliards GNF dans la rénovation de ces locaux il y a à peine deux ans. »
Une situation urgente pour les autorités sanitaires
La démolition de ces bâtiments met en lumière les défis auxquels fait face le secteur de la santé en Guinée, notamment en termes d’infrastructures et de considération des professionnels. Pour le moment, seul l’INSP a trouvé refuge provisoire dans un bâtiment en construction à Coyah. La Direction de l’Épidémiologie et les autres services du PNLMTN, eux, n’ont aucune solution à court terme.
Face à ce chaos, les fonctionnaires demandent une réponse urgente des autorités. « Tout ce que nous demandons, c’est d’être relogés dignement pour pouvoir continuer notre travail. Nous luttons contre des maladies mortelles. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps dans ces conditions », conclut l’agent, désemparé.
Le démantèlement soudain de ces infrastructures, sans mesures de précaution ni plan d’accompagnement pour assurer la continuité des services, est un coup dur pour le secteur de la santé publique en Guinée. La question qui se pose désormais est de savoir combien de temps il faudra pour que ces services essentiels puissent reprendre leur fonctionnement normal, et à quel prix pour la population, notamment pour les Guinéens en situation de voyage, qui doivent se munir d’un carnet de vaccination jaune.
Pour l’instant, nous n’avons pas obtenu une réaction du département de la Santé face à cette situation malgré nos sollicitations.
L’article Guinée : démolition brutale de l’Institut de Santé publique, un coup dur pour la lutte sanitaire est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.