Gouvernance/Évaluer Bah Oury ou alourdir la structure Gouvernementale : Où est la priorité ?

il y a 11 heures 29
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Selon Décret signé et diffusé lundi 30 juin 2025, le Président Mamadi Doumbouya a accepté la proposition du Premier ministre, Bah Oury de scinder 5 départements et de créer autant de nouveaux ministères. En cette période de crise socio-économique aiguille où les populations Guinéennes vivent sous un seuil de pauvreté insupportable, la priorité ou l’urgence devrait elle être consacrée à l’évaluation du gouvernement et de son Chef ou à la création de nouveaux portefeuilles avec leurs cabinets forcément coûteux encore pour les caisses de l’Etat ?

 La réponse ne souffre d’aucune hésitation encore moins d’ambiguïté au niveau de l’opinion où le débat porte dorénavant sur la sincérité sinon l’affairisme de certains hauts responsables de l’Etat investis de la confiance présidentielle.

Ce Décret visant à placer des proches est généralement perçu comme une des multiples formes de manœuvres et combines sinon d’abus dont semble être malheureusement victime le Général Mamadi Doumbouya de la part de collaborateurs et compagnons. Il ne plaide pour l’image du Premier ministre Bah Oury. Même si peu d’observateurs reconnaissent, depuis son installation au Palais Colombe, le farouche opposant aux discours acerbes et pertinents à la limite de la virulence, l’opinion estime que le relatif long combat politique de Bah Oury est une véritable expérience qui aurait pu être un atout pour mieux servir et guider le Général Mamadi Doumbouya politiquement moins outillé que son Premier ministre. Nommé le 27 février 2024, en remplacement de Bernard Goumou, la loyauté et l’honnêteté auraient voulu que le Premier ministre, Chef du Gouvernement, 1 an et 5 mois après, soumette au Président Mamadi Doumbouya un projet d’évaluation du bilan de son équipe en lieu et place d’un autre visant à grossir celle-ci par de nouveaux Maroquins alors que la Guinée et les Guinéens traversent des moments très difficiles dans leur quotidien. Cette démarche est forcément une déception pour les observateurs.

À sa prise de fonction, le 29 février 2025, Bah Oury était pourtant conscient de tous les maux qui assaillent la société Guinéenne :

« Dès la prise du pouvoir le 5 septembre 2021, le chef de l’Etat a indiqué que la justice est la boussole de notre action. Par conséquent, nous ne devons ménager aucun effort pour que notre justice soit forte, efficace et juste. Plusieurs décennies d’absence significative de l’Etat pour servir les attentes et les besoins en termes de routes, de pistes et de services de base aux populations ont rendu titanesque les tâches à accomplir pour satisfaire toutes les régions de la Guinée maintenant. Mais d’ores et déjà, la preuve est donnée par la réalisation des travaux actuels qui sont florès que si la volonté politique est là, alors nous pouvons changer la Guinée. Les infrastructures ont vocation à permettre à la société humaine d’être en interaction pour la satisfaction de multiples besoins sociaux, économiques et autres. C’est-à-dire à être des vecteurs de rapprochement pour des formes de coexistence. Que sont-elles ou à quoi servent-elles si en dépit de leur réalisation notre société reste divisée, compartimentée en des blocs antagoniques et opposés ? C’est pour cela que le Général Doumbouya a instruit de piloter la poursuite des travaux des assises nationales qui in fine préparent le chantier phare de la Transition, à savoir : la restauration du bon vivre ensemble pour aboutir à une réconciliation nationale pérenne et solide. Ce chantier tient beaucoup à cœur son excellence le président de la république. Il a parfaitement raison, car l’unité, la fraternité et la solidarité entre tous les Guinéens sont les piliers de notre capacité à être ce que nous sommes, à savoir : un pays et un peuple souverain »

Après un an et 5 mois d’exercice, que reste-t-il de ce discours volontariste auquel tient le Président Mamadi Doumbouya ?

La situation économique du pays s’est elle améliorée ?

Où est le bien être et le vivre ensemble promis au Guinéen ?

Quels résultats a-t-il pu obtenir dans le processus de réconciliation nationale s’il a été amorcé ?

Face à la crise de liquidités dont sont confrontés, pour la première fois de l’histoire de la Guinée, les établissements bancaires, la logique et le sens des responsabilités exigent que le banquier Bah Oury concentre davantage ses méninges et énergies à endiguer durablement ce phénomène non reluisant dans son bilan. 

Au moment où les ambassades Guinéennes sont saturées avec un personnel difficile à supporter, le fonctionnement normal des départements ministériels paralysé, quel serait le coût et où trouver les ressources de ces 5 nouveaux ministères ? 

Probablement que la perspective de la consultation référendaire du 21 septembre 2025 suscite des envies. Et sous le prétexte de favoriser le vote massif pour le OUI, on profite pour positionner des amis dans la haute sphère de l’Etat.

Qu’on cesse de tromper le Président Mamadi Doumbouya. Le Chef de l’Etat devrait intégrer qu’aucun Guinéen ne dicte le vote de l’autre, nul n’est propriétaire du bulletin de son semblable. Les populations Guinéennes, conscientes de l’utilité d’un ordre constitutionnel, n’ont besoin de directives de personne pour se prononcer.

À cet effet, il est impératif de comprendre que le Général Mamadi Doumbouya, principal sinon unique artisan du 05 septembre 2021, n’a besoin que de ses actes et actions pour être populaire ou impopulaire chez ses compatriotes. Ce ne sera l’œuvre de personne d’autre. Qu’il ne se méprenne point, le jour du rendez-vous avec l’histoire, lui et lui seul répondra. Pas avec ceux qui se manifestent aujourd’hui dans l’agitation après avoir brillé dans la flagornerie avec les précédents régimes.

Ainsi  entre la rigueur et le sérieux au service de l’intérêt des populations Guinéennes et la gabegie que prônent les appétits opportunistes, le choix est très simple et est vite fait.

Le moment venu, le Président aura toute la latitude de revoir d’un bout à l’autre, la structure du Gouvernement et nommé les cadres de sa convenance et de sa confiance. Pour le moment, l’idéal voudrait que le Chef du Gouvernement et ses ministres soient évalués. Maintenir les méritants avec résultats, renvoyés et remplacés les défaillants sans exception.

Abdoulaye Condé

Membre de l’association des 1ers journalistes indépendants de Guinée

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