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Comme on aime le dire, à défaut de la maman, on se contente tranquillement de la grand-mère. N’ayant jamais bénéficié d’un quelconque raccordement au réseau de distribution du courant électrique, nombreuses sont les sous-préfectures et même des préfectures de la république de Guinée qui usent de panneaux solaires, comme alternative.
Des panneaux, qui apportent désormais joie et réconfort dans les villages les plus reculés de la région administrative de Labé, a constaté sur place votre quotidien électronique Guinéenews au cours d’une enquête exclusive.
Il est 19 heures à Popodara, sous-préfecture située à seulement 17 kilomètres de Labé (son chef-lieu). Dans cette commune rurale, rare pour ne pas dire aucune concession ne dort dans le noir. Au minimum une à deux lampes électriques sont alimentées par un système solaire servent d’éclairage dans chaque foyer. Boutiques, magasins et cafés restent opérationnels à des heures tardives avec des postes téléviseurs un peu partout.
Parfois même, avec de l’éclairage public pour les plus nantis comme c’est le cas à Koula Mawdhé (Diari) où toutes les ruelles du centre sont dotées de lampadaires solaires.
« A Popodara il y a un grand besoin de courant électrique, car on n’en a jamais bénéficié. Mais on ne s’est pas laissé faire car chacun s’est doté d’un panneau solaire de sorte qu’on arrive à faire tourner l’ensemble des appareils électroménagers 24 heures sur 24. De nos jours, il n’est pas facile de trouver un foyer à Popodara qui n’est pas doté de panneaux solaires. Chacun en dispose selon ses moyens, car il y a de petits panneaux qui ne coûtent pas chers et qui peuvent allumer une lampe et charger ne serait-ce qu’un téléphone », explique Mamadou Yéro Diallo, ancien conseiller à la mairie de Popodara.
Popodara n’est pas raccordé à EDG (électricité de Guinée) mais ils sont habitués au courant électrique enchaîne Mamadou Yéro. « Il y a aussi à Popodara ici des citoyens qui ont 20 à 30 panneaux solaires réunis. Un système qui permet d’alimenter soit des frigos de poisson, de poulet ou de la viande fraîche. Tout cela demande d’énormes moyens financiers. Imaginez si le gouvernement avait joué son rôle en nous donnant de l’électricité, cet argent allait directement rentrer dans les caisses de l’État. Donc, nous demandons à l’état de faire attention car une personne qui finance 20, 30, 50 millions GNF dans le solaire ne va jamais se plaindre d’une facture de moins d’un million GNF par mois. En attendant, c’est vrai qu’on n’a pas de centrale et encore moins EDG chez nous mais on est habitué à la lumière », insiste-t-il.
Même schéma à Tountouroun où chaque citoyen développe sa propre énergie solaire. « L’éclairage domestique se passe ici avec les panneaux solaires pour ceux qui en disposent. Donc, chacun se débrouille selon ses propres moyens. C’est vrai que beaucoup de foyers en disposent mais il faut reconnaître qu’une grande majorité est sans lumière. C’est surtout les boutiques qui disposent de panneaux pouvant alimenter un frigo et un poste téléviseur. Pour le reste, c’est une famille sur deux qui en dispose », explique Sow Ibrahima Sory, rencontré dans la sous-préfecture de Tountouroun.
Par contre à Kouramangui, c’est un système plus développé qu’on a trouvé sur place. « Ici nous avons 3 centrales solaires. On a une centrale à Kouramangui, une centrale à Gueriya et une autre à Bouroudji. Chaque centrale alimente le secteur qui l’abrite selon sa capacité. Au niveau de Kouramangui centre, c’est un total de 400 à 500 ménages qui sont alimentés. Toujours pour ce qui est de la centrale de Kouramangui qui est la plus grande en termes de capacité, elle couvre également le marché hebdomadaire et tout le centre rural. Donc, c’est un système hybride dont nous disposons, qui est doté de batteries, des panneaux et des onduleurs, sans oublier un moteur qui compense le manque à gagner en période de pluies », entame Amadou Oury Diallo, le président de la délégation spéciale de Kouramangui.
En attendant une meilleure solution, l’objectif est d’alimenter tout le village; à en croire le président du conseil communal.
« Les autres qui ne sont pas abonnés ont des panneaux individuels par foyer. Mais on les a recensés et il y a un processus en cours pour les alimenter également. L’objectif est de couvrir l’ensemble de la sous-préfecture. C’est une société française et des opérateurs économiques de la localité qui ont financé le projet. Ils ont fait une clé de répartition et chacun a contribué. Voilà comment le projet a vu jour » , précise-t-il.
Une initiative salutaire, à encourager, parce que pour qui connait, c’est seulement 50 % de la population de la commune urbaine de Labé qui sont de nos jours raccordés au réseau électrique de EDG. Sur un total de 28 quartiers, seulement 14 (Kouroula, Konkola, Mairie, Mosquee, Daka 1, Daka 2, Tata 1, Tata 2, Pounthioun, Safatou 1, Donghol, Donghora, Madina et Fafabhé) sont alimentés par la guinéenne d’électricité. Les autres restent dans l’attente de promesses qui tardent à venir.
En attendant, ils sont en majorité orientés vers l’énergie solaire pour pallier aux besoins primaires des familles. C’est le cas de plusieurs quartiers péri-urbains comme Fady, Lombonna, Nadhel…
Par ailleurs, en dehors de Mali qui a été raccordé l’année dernière au réseau interconnecté, les 3 autres préfectures de la région administrative de Labé que sont Lélouma, Koubia et Tougué ont également connu la denrée vitale. Ce, à travers des groupes électrogènes que l’État a mis à disposition de ces communes urbaines.
Selon nos informations, l’alimentation se fait tant bien que mal dans ces localités car visiblement la demande est nettement supérieure à l’offre. Le roulement se fait souvent de 19 heures à minuit et de 08 heures à 13 heures, les week-ends.
Le reste du temps est complété par l’énergie solaire, selon des informations recueillies par Guinéenews.
Tout cela révèle une grande crise d’électricité qui frappe de plein fouet le château d’eau de l’Afrique de l’ouest. Et si l’État faisait comme ces villages, en investissant dans les énergies renouvelables ? La question reste entière en ce 21éme siècle, où l’électricité reste et demeure une denrée indispensable.