Thionthian (Télimélé) : SOS pour le district de N’diré, dont l’eau du forage est impropre à la consommation

Les habitants du district de N’diré, relevant de la commune rurale de Thionthian, dans la préfecture de Télimélé, lancent un cri de détresse face à un éprouvant manque d’eau potable. Le seul forage de la localité, construit en 2018, sous le régime d’Alpha Condé, ne répond pas aux besoins de la population. Pire, l’eau qu’il fournit serait nuisible à la santé et à la conservation des aliments. Dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers son envoyé spécial, les citoyens de la localité lancent un appel aux autorités et aux bonnes volontés.

Thierno Ibrahima Diallo, habitant de N’diré, interrogé par notre reporter, est revenu sur la pénurie d’eau dans la localité.

Thierno Ibrahima Diallo, sage du district de N’diré

« Ici, toutes les initiatives sont réalisées par les communautés elles-mêmes. Le gouvernement n’a presque rien fait pour nous, à l’exception d’un seul forage implanté au chef-lieu du district. Les autres villages n’en bénéficient pas. Ce forage devait initialement être réalisé à Bowal, mais il a finalement été installé ici. Malheureusement, l’eau qu’il produit n’est pas potable. Quand les femmes l’utilisent pour préparer le riz, le plat devient noir après quelques heures, puis finit par pourrir. C’est comme si nous n’avions pas d’eau. La seule eau de bonne qualité, c’est celle des sources des cours d’eau. Même pour faire la lessive, l’eau du forage décolore les habits et les rend rouges. Nous demandons au gouvernement de nous venir en aide », a-t-il plaidé.

Pour sa part, Mariama Siré Diallo, responsable du forage de Missidé N’diré, évoque les conditions de gestion et les limites de l’utilisation de cette eau.

Mariama Siré Diallo, responsable du forage de Missidé N’diré

« C’est moi qui détiens la clé du forage. L’eau y est disponible de 8h à 11h, puis de 16h à 19h, selon les règles établies par la communauté. Chaque habitant peut puiser deux bidons à tour de rôle. Une seule personne est autorisée à puiser avec deux récipients, pour des raisons d’hygiène et de sécurité. Mais dès qu’on utilise cette eau pour la cuisine, elle finit par faire pourrir les aliments, selon le temps de conservation. En plus, l’eau change de couleur après quelques minutes et dégage une odeur métallique. Elle est donc uniquement utilisée pour les ménages : se laver, faire la vaisselle ou abreuver les animaux. Nous ignorons les conséquences sanitaires de sa consommation. Chaque homme et chaque femme cotise 20 000 GNF par an pour l’entretien du forage, et cette somme est conservée à la banque. Nous voulons vraiment que le gouvernement examine comment rendre cette eau potable. En attendant, nous continuons à boire l’eau des sources. Mais à l’approche du mois de Ramadan, tous les cours d’eau tarissent », a déploré Mariama Siré Diallo.

De son côté, Mamadou Lamine Diallo, domicilié à N’diré centre, a évoqué les débuts du projet de forage et la déception qui s’en est suivie.

Mamadou Lamine Diallo, domicilié à N’diré centre

« Une société est effectivement venue en 2018 pour réaliser le forage. Après les tests, les techniciens ont indiqué que c’est ici qu’on trouverait de la bonne eau. Ils ont creusé, et nous avons commencé à puiser. Mais très vite, nous avons remarqué que l’eau avait un goût et un aspect douteux. Nous avons alors alerté le responsable du projet, qui nous a répondu que c’était à cause de l’environnement souterrain, et que cela allait s’améliorer avec le temps. Mais depuis 2018 jusqu’à aujourd’hui, rien n’a changé. Nous buvons toujours l’eau des sources, qui sont très éloignées de nos villages. Il faut dire que tout le district ne dispose que d’un seul forage, et l’eau qu’il fournit est inconsommable. C’est pourquoi nous lançons un appel à la Direction nationale du SNAPE (Service national d’aménagement des points d’eau) pour nous aider à multiplier les points d’eau dans notre district. Nous demandons aussi au Premier ministre, chef du gouvernement, Amadou Oury Bah, ainsi qu’aux institutions humanitaires, de venir en aide à notre population en aménageant des infrastructures d’accès à l’eau potable », a-t-il lancé.

De retour de N’diré, commune rurale de Thionthian (Télimélé), Amadou Baïlo Batouala Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00224) 628 51 67 96

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